Rien de nouveau sous le soleil: c'était déjà le cas lors des précédentes épidémies. L'économiste canadien Valerio Capraro et la mathématicienne américaine Hélène Barcelo s'attendaient donc partiellement aux résultats de leur étude. Sur les 2.500 personnes interrogées aux États-Unis, les hommes déclaraient plus souvent ne pas porter de masques, en particulier quand ceux-ci ne sont pas obligatoires. En tête des raisons de ce refus: porter un masque est perçu comme «honteux», «pas cool» ou encore comme un «signe de faiblesse».
Les participantes montraient, elles, deux fois plus l'intention de porter un masque en sortant de leur domicile. L'une des raisons pour lesquelles les hommes interrogés refusent de porter un masque est qu'ils considèrent qu'ils seront «relativement moins affectés par la maladie que les femmes, a expliqué Valerio Capraro à la BBC, ce qui est particulièrement ironique quand on sait que les chiffres officiels montrent que le coronavirus affecte plus sérieusement les hommes que les femmes.»
Hommes VS risques
En 2004, pendant l'épidémie de SRAS en Chine, une étude avait déjà montré cette tendance masculine du refus du port du masque. En termes d'hygiène, d'autres travaux ont montré que les hommes avaient également tendance à moins se laver les mains, l'un des gestes barrières essentiels pour éviter la diffusion de la Covid-19.
Si aux États-Unis, les opinions politiques sont un facteur moins déterminant que le genre. Certes, les militant·es pro-Trump sont plus souvent contre le fait de porter un masque dans les sondages: 76% des Démocrates affirment porter un masque contre 53% des Républicain·es mais, les femmes républicaines en porteraient également plus que les hommes républicains.
Ces données ne sont pas surprenantes pour la chercheuse en sciences comportementales Christina Garvert, surtout quand on considère les différences d'appréhension du risque selon le genre. C'est pour cela notamment que certaines assurances automobiles coûtent moins cher pour les femmes car elles sont à l'origine de beaucoup moins d'accidents de la route. La BBC note également que chaque année le Darwin Award qui «récompense» les morts absurdes et évitables est attribué à une écrasante majorité d'hommes (90%).
«Si l'on prend en compte le fait que les hommes sont en moyennes moins altruistes et plus égoïstes, alors la promotion du port du masque devrait également moins s'orienter vers la protection d'autrui mais bien vers celle de soi», estime la scientifique comportementale.
Pour diminuer ces disparités, concluent l'auteur et autrice de l'étude, il est nécessaire d'adapter le discours de promotion autour du port du masque. Le rendre obligatoire contribue également à atténuer le différentiel hommes-femmes.