Parce qu'ils peuvent entraîner la mort de volatiles par collision directe, des déplacements d'animaux ou la dégradation d'habitats naturels, les parcs éoliens constituent potentiellement une menace pour la biodiversité. Les espèces d'oiseaux et de chauves-souris sont particulièrement touchées.
En 2013, une étude publiée dans Avian Conservation and Ecology avait calculé que l'expansion des éoliennes au Canada au cours des dix à quinze années suivantes entraînerait la mort d'environ 233.000 oiseaux et le déplacement de 57.000 couples par an. Une autre étude parue la même année dans Biological Conservation estimait que les turbines tuaient chaque année aux États-Unis entre 140.000 et 328.000 oiseaux.
Il convient donc de mieux cibler les endroits où installer ces dispositifs et d'adopter un fonctionnement plus respectueux de l'environnement.
Impact sur tout l'écosystème
Ne pas chercher à limiter les dommages causés à la faune pourrait conduire à «un ralentissement réglementaire ou économique de la production d'énergie éolienne nécessaire pour lutter contre le changement climatique», préviennent le directeur de la défense juridique de la National Wildlife Federation américaine, Jim Murphy, et la chercheuse Lauren Anderson dans un rapport de 2019.
Selon Murphy, il est primordial que les fabricants d'éoliennes prennent conscience de leur impact sur les habitats naturels. «Les risques [...] tiennent à la manière dont l'implantation des parcs éoliens affecte le comportement et l'activité des animaux sauvages, notamment leur stratégie d'évitement, leur reproduction et l'élevage des jeunes», détaille-t-il.
«Nous avons constaté que la densité et l'activité des oiseaux étaient beaucoup plus faibles dans les zones où se trouvent des éoliennes, ce qui signifie que les lézards sont moins exposés au risque de prédation et donc [qu'ils] augmentaient en nombre», complète Maria Thaker, professeure d'écologie au Centre des sciences écologiques de l'Indian Institute of Science, qui souligne les conséquences sur l'ensemble de la chaîne alimentaire.
Arrêt stratégique des turbines
Outre la nécessité de trouver le bon endroit pour installer les éoliennes, Jim Murphy suggère de les mettre en pause à certains moments stratégiques, pour mieux respecter l'environnement animalier.
«La technologie permet maintenant d'identifier les oiseaux à risque, comme les aigles et les condors, bien avant qu'ils ne soient en danger et donne aux opérateurs le temps d'arrêter les turbines», indique-t-il.
Une autre solution consiste à installer des dispositifs de dissuasion acoustique par ultrasons. Ceux-ci rendent l'espace aérien autour de l'éolienne inconfortable pour les chauves-souris, de sorte qu'elles se tiennent à l'écart des pales.
Éclairer les turbines avec de la lumière ultraviolette ou peindre les éoliennes en violet sont également des méthodes prometteuses, mais elles nécessitent des tests supplémentaires pour prouver leur efficacité. Comme le résume Jim Murphy, «le problème est loin d'être résolu».