La consommation de cocaïne n'a jamais été aussi forte en Australie depuis 2001, conclut l'enquête nationale sur la stratégie antidrogue 2019 de l'Australia Institute of Health and Welfare (AIHW), dévoilée le 16 juillet.
Au cours des quinze dernières années, la proportion de personnes déclarant avoir consommé de la cocaïne au cours des douze derniers mois a régulièrement augmenté: elles représentaient 4,2% des répondant·es en 2019, contre 1% en 2004.
Cette hausse a été observée dans tous les groupes d'âge de 20 ans et plus, ainsi que dans tous les milieux sociaux, principalement chez les hommes. La part de jeunes dans la vingtaine consommant de la cocaïne a presque doublé ces dernières années, passant de 10% en 2016 à 19,5% en 2019.
Ces chiffres sont peut-être le résultat de l'évolution de la perception qu'ont les Australien·nes de la cocaïne, l'enquête ayant mesuré une légère progression à la fois du pourcentage de personnes estimant que la cocaïne devrait être légalisée et de celles approuvant la consommation régulière de drogues par des adultes.
Les Australien·nes ont également pris de la cocaïne plus souvent, le nombre de répondant·es déclarant en consommer au moins une fois par mois augmentant de plus de 50% entre 2016 et 2019. L'âge moyen de la première prise s'établit à 24 ans, et l'âge moyen des consommateurs est de 28 ans.
L'offre et la demande
L'omniprésence et la disponibilité de la cocaïne en Australie sont susceptibles d'être des facteurs expliquant cette hausse. Une enquête de Vice publiée en juin dernier avançait que la croissance constante de la demande de cocaïne au cours des vingt dernières années était corrélée à une facilité d'accès accrue et à une meilleure acceptation sociale du produit. En d'autres termes, l'abondance de l'offre a entraîné un accroissement de la demande.
«Il y a toujours eu une forte demande de cocaïne en Australie, mais il n'y a pas toujours eu de disponibilité immédiate», commente Monica Barratt, chercheuse en toxicomanie à l'Institut royal de technologie de Melbourne. La professeure souligne que l'avènement du darknet a ouvert la porte à l'importation en Australie de médicaments moins chers et plus purs, ce qui inonde le marché de cocaïne de qualité, accessible et bon marché.
Michael Farrell, directeur du National Drug and Alcohol Research Centre (NDARC) de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, partage ce constat. «Il est raisonnable de penser que [la hausse de la consommation de cocaïne] est en partie déterminée par l'offre plutôt que simplement par la demande, a-t-il déclaré à ABC. Nous devons nous rappeler cette citation qui dit que la cocaïne est la façon dont Dieu vous rappelle que vous avez trop d'argent.»