Un double attentat a frappé le métro de Moscou ce lundi 29 mars au matin, faisant au moins 38 morts et 102 blessés selon les dernières estimations. La première déflagration a eu lieu à 7h50 (5h50 en France) à la station Loubianka, qui se situe non loin du Kremlin et du siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB). La violente explosion s'est déclenchée à proximité du second wagon du train et a tué au moins 25 personnes, à la fois sur le quai et dans la rame de métro. Environ 50 minutes plus tard, vers 8h40, une seconde explosion à la station Park Kultury a fait 12 morts et 15 blessés, selon le ministère des Situations d'urgence. Les deux stations, qui ont été frappées à une heure de grande affluence, sont parmi les plus fréquentées de Moscou.
Les séparatistes tchétchènes, qui ont revendiqué plusieurs attentats terroristes depuis une dizaine d'année dans la capitale russe, apparaissent comme les principaux suspects. En 2004, deux attentats suicides avaient fait respectivement 10 et 40 victimes. A chaque fois, les kamikazes étaient des femmes, une méthode qui aurait également été utilisée pour les deux dernières explosions selon le maire de la capitale. Le métro moscovite est l'un des plus fréquentés du monde, avec 7 millions de voyageurs par jour, note le Figaro.
Le fil de la journée:
9h40: Saturées par l'afflux quotidien de voyageurs, les principales stations de métro ont été fermées, pour être plus facilement évacuées (ici, la station Komsomolskaya, à l'intérieur et à l'extérieur).
(via @fetiskin sur Twitter)
10h15: Sur son site, le Daily Telegraph revient sur les attentats perpétrés par des rebelles tchétchènes contre des intérêts russes depuis 1996. En 25 attaques, plus de 1.200 personnes ont été tuées, et des milliers d'autres ont été blessées. Certaines d'entre elles ont profondément traumatisé l'opinion publique, parfois au-delà de frontières. C'est le cas de la prise d'otages au théâtre Dubrovka de Moscou, en 2002, qui s'était soldé par un assaut sanglant des forces spéciales et la mort de 129 civils. C'est aussi celui du drame de l'école de Beslan, en 2004, où 331 personnes, surtout des enfants, avaient perdu la vie.
10h45: Dans une Russie où Twitter se démocratise à grande vitesse, les réseaux sociaux permettent de publier en temps réel les photos des attentats, par le biais d'outils d'agrégation. On découvre ainsi les premières images des rescapés, diffusées sur la chaîne d'information continue Russia Today.
11h30: Le site Life.ru publie cette photo, présentée comme la première image d'une rame de métro frappée par l'explosion, à la station Lubyanka. Choquante, elle doit aussi prévenir les approximations. Sur le web, la vidéo d'une déflagration montrée comme étant celle du 29 mars circule avec insistance, alors qu'il s'agit des attentats de Madrid, en 2004.
11h45: A la station Komsomolskaya, complètement congestionnée, on peut constater des mouvements de foule impressionnants.
12h15: Au cours d'une réunion ordonnée par le président Dmitri Medvedev, le patron du FSB, Alexandre Bortnikov, a estimé que les terroristes sont orginiaires du Caucase du Nord, une région instable qui englobe notamment les républiques d'Ingouchie, d'Ossétie du Nord, du Daguestan et de Tchétchénie. Cité par les agences russes, le chef des services spéciaux affirme que cette piste est celle «privilégiée [par les autorités]». S'adressant à l'agence Interfax, Vladimir Poutine a déclaré que les responsables des attentats seront «détruits».
13h15: Un site tchétchène est dans le viseur de centaines d'internautes russes. Adamalla.com, «le forum des patriotes tchétchènes» (c'est sa baseline), est accusé d'héberger des fils de discussion évoquant notamment la nécessité d'attentats suicides commis par des femmes. Alors que l'attaque n'a pas encore été revendiquée, les soupçons de l'opinion pèsent de plus en plus lourdement sur les dissidents tchétchènes.
14h30: Russia Today diffuse les premières images filmées par des rescapés juste après l'explosion, dans les couloirs du métro. On y voit des passagers hagards, essayant de joindre leurs proches au téléphone, pendant que d'autres dispensent les premiers soins aux blessés. Dans la grande bataille pour s'adjuger les droits de ces vidéos, c'est Channel One, souvent critiquée pour sa proximité du pouvoir, qui a emporté la mise.
15h: Dans une autre vidéo, probablement filmée par un passager avec son téléphone portable, on peut voir des dizaines de personnes sortir d'une rame et longer le quai de la station Park Kultury pour être évacués, tandis que des cadavres gisent dans leur sang à quelques mètres seulement.
15h30: L'agence RIA Novosti, citée par Reuters, affirme que certains taxis moscovites n'ont pas hésité à doubler le tarif de leurs courses dans le centre-ville, juste après les attentats. Le patriarche de l'Eglise orthodoxe, Cyrille 1er, a instantanément fustigé ce sens des affaires d'un goût douteux. «Cet argent ne vous profitera pas, a-t-il affirmé à la presse. Rendez-le, ou dépensez-le pour une bonne cause. Vouloir exploiter la détresse des autres ne vous apportera que du malheur.»
16h: Sur le site d'Europe1, Didier François, grand reporter, évoque les «veuves noires», ces femmes de combattants tchétchènes tués au combat, qui sont recrutées par des chefs de guerre locaux pour commettre des attentats suicide. Selon le journaliste, le mouvemen trouverait ses origines dans la prise d'otages du théâtre Dubrovka à Moscou, en 2002. «Endoctrinées, entraînées et utilisées» pour devenir des martyrs, ces femmes avaient disparu après une série d'attaques en 2003.
17h: Le blog russe du New York Times, hébergé par LiveJournal, a reçu de nombreux témoignages concernant les attentats. Certains d'entre eux ont été traduits par le service Monde du quotidien. Vanso a survécu à l'attaque et a eu la chance de ne pas être blessé:
«C'est horrible d'entendre une explosion derrière soi. J'étais à la station Park Kultury au moment de la première détonation. Grâce à Dieu, j'ai pu entrer dans les couloirs de l'interconnexion et j'ai échappé au pire. Il y avait beaucoup de fumée et je ne comprenais rien à ce qui se passait. Beaucoup de personnes baignaient dans leur sang. L'horreur.»
17h30: Selon certaines sources, le métro circulait normalement dans l'après-midi. Cette photo, aurait été prise autour de 15h30 entre les lignes rouge et bleue. Elle montre des voyageurs circulant le plus normalement du monde sur un escalator. Aux alentours de 13h, les autorités avaient fait savoir que le trafic était rétabli, mais que la station Lubyanka, touchée par la deuxième explosion, restait fermée.
(via @veraverano sur Twitter)
18h45: La police russe aurait réussi à désamorcer une troisième charge explosive dans le métro moscovite, juste après les deux premières explosions. C'est ce qu'affirme Der Spiegel, relayant des informations de l'agence RIA Novosti. Le dispositif aurait été neutralisé dans la station Mira Prospect, mais le ministère de l'Intérieur a opposé un démenti ferme.
OT
Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Envoyez-le à infos @ slate.fr
Photo: Un pompier et des agents du ministère de l'Intérieur s'affairent autour de la station de métro Lubyanka / REUTERS, Alexander Natruskin