Pressenti pour diriger la Halde, Malek Boutih n'a finalement pas été nommé. Nicolas Sarkozy lui a préféré Jeannette Bougrab, militante UMP et proche de Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée. Dans le Journal du Dimanche, le socialiste revient sur cette non-nomination et sur la polémique déclenchée par les propos de Gérard Longuet à son encontre. Le chef des sénateurs UMP avait déclaré:
«La Halde, cela veut dire que c'est la France qui s'ouvre aux populations nouvelles. Schweitzer, c'est parfait! Un vieux protestant, parfait! La vieille bourgeoisie protestante, parfait! Il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains -qui sont d'ailleurs en général italiens ou marocains- doivent faire l'effort sur eux-mêmes de s'ouvrir à l'extérieur.»
Pour Malek Boutih, en ne le nommant pas, Nicolas Sarkozy «a cédé à la pression de la classe politique, qui voulait le faire rentrer à la maison. C'est la fin d'un cycle. Il reste le Président. Mais ce qu'il avait commencé à montrer de différent s'est effondré dans ces élections régionales et dans les décisions qu'il a prises ensuite». Le remaniement qui a suivi la défaite aux régionales a en effet marquait la fin d'une «ouverture» à des personnalités de gauche, le président nommant au contraire un villepiniste (Georges Tron), un centriste proche de Jean-Louis Borloo (Marc-Philippe Daubresse) et un chiraquien (François Baroin).
L'ancien président de SOS Racisme est déçu par l'«ouverture» sarkozyenne:
«Je n'ai jamais cru que l'ouverture, c'était le débauchage de talents individuels, mais la construction d'une ligne politique, pour faire bouger cette société. Nicolas Sarkozy a le tort de n'être soutenu que par l'UMP. Il aurait dû provoquer des candidatures législatives "majorité présidentielle" en 2007.»
Concernant la polémique déclenchée par les propos d'Eric Zemmour sur les «délinquants noirs et arabes», Malek Boutih déclare vouloir un débat politique et non polémiste sur ces sujets. «La délinquance, avant même d'être le produit d'une situation sociale, est le produit d'une décomposition de la gauche.»
Le socialiste, qui n'a pas été reconduit à son poste au secrétariat national du PS en 2008, avoue avoir «un problème avec la gauche»: le «manque de morale, de projet, d'idéologie». Tout en déclarant rester «socialiste», il annonce vouloir travailler avec Daniel Cohn-Bendit. L'écologiste a lancé un appel du «22 mars» pour Changer la politique pour changer de politique, appel relayé le 23 mars par de nombreuses personnalités proches d'Europe Ecologie.
[Lire l'interview dans le JDD]
Photo de une: Malek Boutih / site du PS 10e arrondissement