Débat sur les violences policières, pandémie de Covid-19, mouvements sociaux, l'année 2020 est riche en événements et notre capacité à traiter ce flux d'informations pourrait atteindre une limite critique, d'après OneZero, la section du site Medium dédiée à la science et la tech.
Certains des plus grands événements de 2020 ont monopolisé notre temps, notre concentration et ont été plus éprouvants sur le plan émotionnel qu'à l'accoutumée. Résultat, une saturation cognitive qui nuit à notre santé mentale, permet à la désinformation de se développer et rend même le travail de diffusion des informations plus difficile.
L'information devenant plus accessible, les événements ont souvent du mal à rester au centre de l'attention pendant longtemps. Un scandale politique qui aurait secoué la nation pendant des semaines au cours des décennies passées pourrait désormais être oublié dès le lendemain de sa survenue.
Un public submergé
Selon un rapport de 2019 de l'Institut Reuters, 35% des personnes interrogées au Royaume-Uni et 41% aux États-Unis évitent activement les informations. Alors que la consommation d'informations a brièvement augmenté après le déclenchement de la pandémie, l'Institut a constaté une augmentation significative de l'évitement des informations entre avril et mai. 59% des personnes interrogées déclarent qu'il leur arrive au moins parfois d'éviter les actualités.
Pourquoi? Parce qu'elles sont stressantes. Les recherches du professeur de psychologie Graham Davey, de l'Université du Sussex, ont montré qu'une exposition constante aux nouvelles peut avoir un effet négatif puissant sur l'humeur d'un individu. «Les nouvelles à valeur négative transmettent cette négativité au consommateur et le rendent plus anxieux, stressé, voire déprimé. Cette négativité alimente ensuite leurs propres inquiétudes et préoccupations personnelles, ce qui fait que les gens s'inquiètent plus longtemps et souvent de manière catastrophique», explique-t-il.
Des réseaux sociaux comme Twitter se retrouvent submergés par un flot constant d'infos qui peuvent vous bouleverser. «Les nouvelles négatives qui véhiculent un traumatisme d'une certaine manière peuvent avoir des effets encore plus importants sur la santé mentale en déclenchant des symptômes similaires à ceux du syndrome de stress post-traumatique», précise le Pr Davey.
«Nous n'avons pas le temps de démêler le vrai du faux»
En outre, il n'y a qu'un nombre limité d'heures dans la journée pour emmagasiner toutes ces infos. Plus il y a d'histoires à lire, plus il est difficile de les traiter. Or en prenant davantage de temps pour creuser une information, on a plus de chances de croire en la vérité, même si elle va à l'encontre de nos convictions politiques.
Source: Reuters | Réalisation: Slate.fr
Comme l'explique Steven Sloman, professeur de sciences cognitives, linguistiques et psychologiques à l'Université Brown, «nous n'avons tout simplement pas le temps de démêler le vrai du faux».