Cinq mille jeunes Rennais se sont réunis jeudi 25 mars pour un apéro géant sur l'esplanade de Gaulle. L'invitation avait été lancée sur Facebook par une étudiante anonyme de 22 ans qui avait réuni 12.000 personnes sur un groupe qui enjoignait les Rennais à être «à la hauteur de [leur] renommée». L'objectif était de battre l'apéro organisé dans les mêmes conditions à Nantes en novembre dernier et qui avait réuni 3.000 personnes.
Les élus rennais n'ont que peu goûté le défi. Didier Le Bougeant, adjoint au maire de Rennes délégué à la santé, et Hubert Chardonnet, adjoint délégué à la sécurité, ont publié un communiqué au lendemain de la manifestation:
L’appel à un «apéro géant» constitue une incitation à l’ivresse publique que nous ne pouvons que dénoncer avec la plus grande force. Cette démarche irresponsable et anonyme a donné lieu à un rassemblement marqué par une alcoolisation massive sur l’espace public, qui va à l’encontre de l’ensemble des actions de prévention menées par la Ville de Rennes depuis de nombreuses années. [...] Près de 80 personnes accueillies dans les postes de secours, une vingtaine évacuées vers le Centre hospitalier universitaire, dont 12 en état de coma éthylique. Une agression est également à déplorer.
L'apéro nantais s'était soldé par 37 comas éthyliques et plusieurs chutes dans la Loire.
L'inspecteur d'académie de Rennes avait demandé aux collèges et lycées d'alerter les parents sur cet événement: «Cet appel [sur Facebook] contrevient aux demandes de prévention et de réduction des risques d'alcoolisation précoce formulées par l'État et la ville de Rennes depuis plusieurs années», indiquait le courrier.
Ouest-France.fr a tourné un petit reportage sur place:
La Rue de la Soif
Cet apéro géant s'inscrit dans un contexte politique plombé. Depuis plusieurs années, c'est la guerre entre pouvoirs publics et jeunes au sujet des nuisances nocturnes. La «Rue de la Soif», une ruelle du centre-ville remplie d'étudiants les soirs de week-end, est au centre de toutes les polémiques: la préfete de région Bernadette Malgorn avait utilisé des canons à eau pour déloger les fêtards de la rue en 2004.
«Depuis quelques années, depuis les canons à eau et le CPE (manifestations étudiantes de 2006), l'ambiance des jeudis soir à Rennes déclinait. Ce soir, c'est l'occasion à nouveau de bien s'amuser», déclarait jeudi soir à Ouest-France Yannick, un des participants de l'apéro géant.
[Lire le reportage d'Ouest-France]
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Image de Une: photo Facebook de l'organisatrice anonyme de l'apéro