L'été arrive, et à cause de la pandémie, l'offre de séries risque d'être plutôt faible pendant quelques mois. Heureusement pour nous, il est possible de compenser ce manque grâce aux plateformes de streaming, qui regorgent de séries vintage parfaites pour l'été. En voici une petite sélection.
«True Blood» (OCS)
Impossible de faire plus «série de l'été» que ce petit bijou d'Alan Ball. Aussi moite que sexy, True Blood nous plonge dans la Louisiane profonde, et plus précisément dans la petite ville de Bon Temps, où les êtres humains cohabitent avec de nombreux vampires et autres créatures aux pouvoirs surnaturels.
Au cœur de la série, la rencontre foudroyante entre Sookie Stackhouse, une jolie serveuse télépathe au nom ridicule, et Bill Compton, un vampire macho qui a un peu forcé sur le fond de teint.
Ce qu'offre True Blood, en plus de son humour campy à souhait et de sa galerie de personnages aussi excentriques qu'attachants (Lafayette, Tara, Arlene...), ce sont ses multiples scènes de sexe torrides. Bon par contre, on vous prévient, il faut supporter la vue du sang (et ne pas regarder ça avec ses parents).
«Les Frères Scott» (Amazon)
«IIIIIIIII don't wanna beeeeeeeeeee...» Désolées, c'est plus fort que nous. L'histoire de la rivalité lycéenne entre ces deux frères passionnés de basket nous ramène à une ère plus simple. Une ère où Peyton Sawyer conduisait une décapotable vintage et où Brooke Davis clamait «Hoes over bros» à qui voulait l'entendre.
Certes, l'intrigue des Frères Scott a déraillé de nombreuses fois. Certes, aucun groupe d'ados n'a enduré autant de comas, de cancers, d'accidents de voiture, de kidnappings et de fusillades que celui de Tree Hill. Mais regarder cette série, c'est s'abandonner à certains des clichés les plus efficaces de la pop culture (Lucas, le mec sensible et canon, ou Nathan, le bad boy en pleine rédemption), et en voir d'autres être joliment déconstruits (Peyton, la pom-pom girl qui est en fait une artiste fan de rock). Tout ça sans parler du drama incessant, de la bande-son old school et du casting indécemment canon.
«Flight of the Conchords» (OCS)
Si vous aimez l'humour décalé et pince-sans-rire, cette comédie HBO est faite pour vous. On y suit deux jeunes Néo-Zélandais, fraîchement débarqués à New York, qui essaient d'y faire carrière dans la musique.
Écrite et incarnée par Bret McKenzie et Jemaine Clement, Flight of the Conchords fait figure d'ovni dans l'univers des séries, avec son ton iconoclaste et son rythme en contretemps. Chaque épisode est interrompu par des numéros musicaux aussi mémorables que drôles –comme l'incroyable «Business Time», où Jemaine tente de séduire sa meuf en lui rappelant que ce soir, ils «vont faire l'amour, parce que ce soir, c'est mercredi et il y a rien de bien à la télé», ou encore «Albi, The Racist Dragon», une fable sur un dragon… raciste.
La série ne compte que vingt-deux épisodes, tous plus réjouissants les uns que les autres, mais si vous voulez faire durer le plaisir, sachez que le duo continue d'écrire des chansons parodiques, que vous pouvez trouver sur YouTube (attention: une fois qu'on commence, on a du mal à s'arrêter).
«Party Down» (Amazon)
Avant Veep, Party Down avait déjà compris que créer un environnement professionnel avec des gens médiocres qui se détestent est un terreau fertile pour créer une bonne comédie. Celle-ci n'aura duré que deux saisons, mais elle reste une merveille d'humour noir que l'on se remate dès que les temps sont durs. On y suit une équipe de traiteurs californiens aigris, forcés de travailler dans les soirées de client·es riches et exécrables.
Le meilleur atout de la série est incontestablement son casting. Il y a un Adam Scott incisif dans le rôle d'un acteur raté, mais aussi la sardonique Lizzy Caplan. Et puis il y a toute la bande d'abrutis qui gravitent autour d'eux, incarnés principalement par des anciens de Veronica Mars comme Ryan Hansen et Ken Marino –ce n'est pas un hasard, puisque l'on doit les deux séries au même homme, l'excellent Rob Thomas.
«Lost» (Amazon)
Si vous regardiez la télé en 2003, vos étés ont sans doute été rythmés par les aventures de Jack, Sawyer, Kate et Locke. Et il faut dire que plus de quinze ans plus tard, la série à twists révolutionnaire tient toujours (plus ou moins) la route.
Tout commence avec un crash d'avion, et quelques dizaines de rescapé·es qui réalisent vite que personne ne viendra les chercher et que l'île sur laquelle leur appareil s'est échoué renferme de nombreux secrets.
Grâce à l'écriture de Damon Lindelof et Carlton Cuse, chaque personnage est parfaitement bien construit, et chaque nouveau rebondissement nous happe plus encore dans l'univers mystérieux de l'île. Et oui, si Lost est une parfaite série estivale, c'est autant pour son pouvoir addictif –presque inégalé– que pour ses décors hawaïens sublimes, qui nous permettront de patienter avant de se remettre à voyager, un jour peut-être.
«Le Prince de Bel-Air» (Amazon)
La sitcom culte, qui a fait de Will Smith une star, est un anti-dépresseur sous forme de série –on vous met au défi de ne pas sourire béatement dès les premières notes du générique.
Will Smith crève l'écran dans le rôle du héros, un ado qui débarque chez son oncle riche de Bel-Air après avoir grandi dans les quartiers pauvres de Philadelphie. La formule est classique, mais elle fonctionne ici parfaitement et on savoure chaque réplique et chaque personnage (comment oublier Carlton, son amour pour Tom Jones et ses pas de danse légendaires?).
Derrière ses dialogues hilarants, Le Prince de Bel-Air est également une série pleine de cœur qui parvient à nous émouvoir à plusieurs reprises, comme dans cette scène où Will, éternel optimiste, lâche enfin toute sa colère et sa tristesse en parlant de sa relation avec son père. Trente ans après sa sortie (!!!), on ne s'en lasse toujours pas.
«Looking» (OCS)
Annulée après seulement deux saisons, la superbe série d'Andrew Haigh sur un groupe d'amis gays à San Francisco nous manque encore. Looking est portée par des interprètes remarquables (Jonathan Groff, Raúl Castillo, Murray Bartlett et Russell Tovey en tête) et nous plonge dans les histoires d'amour et d'amitié souvent complexes de ces hommes, le tout dans une ville baignée de soleil (bien que déjà ravagée par la gentrification et la hausse des loyers).
Comme dans beaucoup de dramédies HBO (Girls, Insecure...), l'intrigue est assez diffuse, mais on prend un réel plaisir à passer du temps avec tous ces personnages attachants (et très, très beaux). Un vrai baume doux-amer, que vous pouvez compléter avec le téléfilm-épilogue, sorti en 2016.
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«Newport Beach» (Amazon)
Un bad boy au grand cœur, une fille populaire mais incomprise et des décors californiens de rêve: Newport Beach rassemble tous les ingrédients de la série estivale réconfortante.
Le point de départ est assez cliché: Ryan, un jeune garçon des quartiers pauvres, démarre une nouvelle vie chez les Cohen, une famille riche et accueillante de Newport Beach. Mais si la série culte ne peut pas tout à fait prétendre à un quelconque réalisme, elle surprend constamment par son intelligence, son charme et son humour.
Entre les mains expertes de Josh Schwartz, son créateur, Newport Beach est rapidement devenue une machine à répliques cultes (souvent délivrées par ses héros comiques, Seth et Summer) et l'une des meilleures bandes-son de toute l'histoire de la télé.
«Arabesque»/«Murder, She Wrote» (Amazon)
À l'heure où l'on commence à remettre en question toutes les séries policières qui peuplent nos écrans, les fans de whodunits peuvent compter sur un classique du genre pour les satisfaire: Arabesque (Murder, She Wrote en version originale).
Vous vous en souvenez peut-être comme d'un programme un peu poussiéreux diffusé en début d'après-midi sur TF1, mais Arabesque est une série réjouissante et intelligente qui mérite que l'on s'y replonge. D'abord pour Angela Lansbury: l'actrice britannique avait déjà plus de quarante ans de carrière à Hollywood quand elle s'est glissée dans le rôle de Jessica Fletcher, une retraitée autrice de romans policiers et détective à ses heures perdues.
Chaque épisode est bâti autour d'un mystère à résoudre, et toutes les personnes appréciant les romans d'Agatha Christie ou d'Arthur Conan Doyle trouveront en Jessica une héroïne brillante et pleine d'esprit, à la hauteur d'un Sherlock Holmes, d'un Hercule Poirot ou d'une Miss Marple.
«Anne of Green Gables» (Gazebo)
Netflix a beau s'être emparé du classique de Lucy Maud Montgomery avec Anne with an E, jamais l'héroïne fantasque et bavarde n'aura été aussi bien incarnée que dans la mini-série canadienne de 1985 (diffusée sur M6 à l'époque de «La Saga du dimanche», sous le titre Le Bonheur au bout du chemin).
Anne of Green Gables raconte l'histoire d'une jeune orpheline adoptée par un frère et une sœur sur l'Île-du-Prince-Édouard, au Canada. Avec son imagination débordante, sa logorrhée hyperbolique et son caractère téméraire, Anne est une héroïne à la fois drôle, émouvante et inspirante, à laquelle plusieurs générations de jeunes filles ont pu s'identifier.
La mini-série parvient à capturer toute l'âme des livres d'origine, et elle est devenue depuis sa diffusion l'adaptation préférée des fans, qui ne peuvent imaginer un autre casting interpréter Anne, Matthew, Gilbert et les autres. Si vous voulez rire, pleurer et vous plonger dans un univers profondément romantique (dans tous les sens du terme), Anne of Green Gables est disponible ici à la location.
«Une nounou d'enfer»/«The Nanny» (Amazon)
De son générique entêtant aux tenues cultissimes de son héroïne, Une nounou d'enfer est un pur concentré nineties. Pour celles et ceux qui n'ont pas religieusement suivi les aventures de Fran Fine tous les midi sur M6 à l'époque de sa diffusion, la sitcom raconte l'histoire d'une nounou haute en couleur fraîchement débarquée d'un quartier populaire du Queens, à New York, dans une famille de la haute bourgeoisie de Manhattan.
La série offre, en filigrane, un commentaire sur les rapports de classes mais n'essaie jamais de transformer Fran pour qu'elle se fonde dans l'univers engoncé des Sheffields. Au contraire, c'est à son contact que la famille apprend la «joie de vivre» (comme l'annonce le générique).
Vingt-cinq ans après son apparition sur nos écrans, Une nounou d'enfer est toujours aussi savoureuse, grâce au charisme renversant de Fran Drescher, à des personnages inoubliables (Yetta, C.C. et Niles) et à une générosité contagieuse.
«Brothers & Sisters» (Amazon)
Vestige de l'époque où la moitié des séries américaines racontaient les mésaventures de familles très riches et très névrosées, Brothers & Sisters brille surtout grâce à son casting. Il y a la maman jouée par la doublement oscarisée Sally Field, l'oncle interprété par Ron Rifkin (Alias), et la fratrie composée –entre autres– de Calista Flockhart (Ally McBeal), Matthew Rhys (The Americans) et Rachel Griffiths (Six Feet Under). Et comme si tout cela ne suffisait pas, Rob Lowe (The West Wing, Parks and Recreation) complète le tableau dans le rôle du sénateur républicain le plus sympa de l'histoire.
Certains rebondissements sont un peu gros, les dialogues flirtent trop souvent avec le pathos et la vision bipartisane de la politique américaine de la série a très mal vieilli. Mais on prend quand même énormément de plaisir à se replonger dans les drames familiaux des Walkers, à les regarder se parler, s'engueuler et se retrouver. Et on a un peu l'impression, nous aussi, de faire partie de ce clan dysfonctionnel mais toujours très attachant.