Tandis que partout dans le monde, des mouvements de révolte naissent en réponse à la mort de George Floyd, un homme afro-américain asphyxié lors d'un contrôle de police, la Chine adopte une approche qui dénote. Des membres du gouvernement et des organes de communication gouvernementaux utilisent George Floyd et les slogans de protestation comme outils de propagande en faveur du Parti communiste chinois.
Dans un tweet datant du 30 mai, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a utilisé les tristement célèbres derniers mots de George Floyd «I can't breathe» pour répondre à une critique américaine sur la crise hongkongaise. D'autres officiel·les chinois·es ont utilisé le même procédé.
Le Quotidien du Peuple, journal officiel du Parti, est allé plus loin le 1er juin en postant sur Weibo, le principal réseau social chinois, une caricature plutôt osée. On y voit la statue de la Liberté dévorée par les flammes et une légende indiquant: «Sous couvert des droits de l'Homme».
Capture d'écran via Weibo.
L'administration de Xi Jinping est connue pour ses réactions rapides et souvent virulentes aux attaques. «L'approche de la Chine dans les affaires étrangères a été bouleversée à l'arrivée de Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois, explique à Vice le Dr. Michael Clarke, expert en relations internationales. Avant lui, la Chine adoptait une posture plus prudente dans ses commentaires officiels ou semi-officiels sur les événements se déroulant à l'étranger.»
Mike Zi Yang, analyste en politique internationale, le confirme. La nouvelle génération de cadres du Parti est plus spontanée que ce à quoi le pays est habitué. Sur Twitter, des officiel·les traitent les commentaires et tweets jugés hostiles à Pékin avec le plus grand sérieux. Hu Xijin, journaliste pour le Global Times, tabloïd qui suit la ligne éditoriale du Quotidien du Peuple, établit un lien entre les émeutes américaines et les manifestations organisées à Hong Kong.
«Je suspecte fortement les émeutiers hongkongais d'avoir infiltré les États-Unis, tweete le journaliste. [...] Les vicieux émeutiers de Hong Kong sont évidemment les cerveaux de ces violentes protestations à travers les États-Unis.»