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Le coronavirus montre bien les limites de ce que l'action individuelle peut faire pour le climat

Temps de lecture : 2 min

La baisse mondiale des émissions de gaz à effet de serre provoquée par le confinement n'aura que peu d'impact sur le long terme.

Construire des châteaux de sable. | Melvina Mak via Unsplash
Construire des châteaux de sable. | Melvina Mak via Unsplash

Les mesures de confinement prises à travers le monde pour enrayer la propagation du Covid-19 auront eu pour corollaire une baisse spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre. D'ici la fin de l'année, on attend une diminution moyenne de 5 à 8% du total des émissions mondiales.

Si l'on peut se réjouir de cette situation, il ne faut pas surestimer ses effets sur le long terme: pour qu'une influence notable se fasse ressentir sur le réchauffement climatique, il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre continuent à diminuer de 7,6% chaque année, jusqu'en 2030. Autant dire qu'il est illusoire de compter là-dessus, d'autant que les industries commencent progressivement à se remettre en marche.

Surtout, c'est le secteur le plus polluant de la planète qui a connu la plus faible baisse. La production d'électricité, responsable de 39% du total des émissions mondiales de CO2 (chiffres de 2015), ne les a vu diminuer que de 7,4%, passant de 44,6 millions de tonnes par jour à 41,3 millions, le pic de réduction s'étant produit autour du 7 avril.

La plus grosse chute en pourcentage concerne l'industrie aéronautique, qui a enregistré une baisse de 60% à la suite de l'écroulement du trafic aérien, mais en matière d'émissions brutes, ce sont les transports, terrestres et maritimes, qui ont connu la baisse la plus importante, avec 7,5 millions de tonnes en moins (soit 36%).

Répit provisoire

Ces écarts montrent à quel point l'action individuelle ne peut avoir qu'une influence minime sur le climat, tant qu'elle n'est pas accompagnée de politiques plus vastes et radicales visant à décarboniser l'ensemble des secteurs, et notamment le réseau électrique.

Si l'arrêt du trafic routier (il était, début avril à Paris, à seulement 5% du trafic habituel) a provoqué une baisse non négligeable observable à échelle humaine, celle-ci n'aura été que ponctuelle, et l'on peut s'attendre à retrouver les taux habituels dans les mois qui viennent. À long terme, il y aura donc un effet de lissement, et la période du confinement n'aura été qu'une parenthèse verte dans le dérèglement climatique. Les «petits gestes pour le climat» observés de façon individuelle sont précisément petits, et ne suffisent pas.

De la même façon, on voit bien que la responsabilité de la réduction des émissions de gaz à effet de serre n'est pas la même selon les régions ou les pays. Un pays à faibles émissions n'aura que très peu d'impact pour l'amélioration de la situation mondiale face aux plus gros émetteurs que sont la Chine, les États-Unis et les pays de l'Union européenne.

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