Un adolescent de 17 ans inculpé pour le meurtre d'une jeune femme dans un salon de massage érotique de Toronto en février vient aussi d'être inculpé pour acte de terrorisme en raison de son adhésion au mouvement misogyne des incels.
C'est la première fois que l'idéologie des incels, ces célibataires involontaires qui veulent se venger des femmes, est directement liée à la notion légale de terrorisme.
«Le terrorisme existe sous différentes formes et il est important de noter qu'il ne se restreint pas à un groupe, une religion ou une idéologie particulière», a déclaré la police de Toronto.
Cette nouvelle qualification répond en partie à l'augmentation des attaques liées à cette mouvance au Canada. En 2018, Alek Minassian, qui s'est dit inspiré par l'idéologie incel, a tué dix personnes à Toronto en fonçant sur la foule dans une camionnette. En 2019 dans une ville de l'Ontario, un autre homme qui se revendiquait incel a grièvement blessé une femme qui se promenait avec son bébé dans un centre commercial. Il a déclaré à la police: «Personne ne voulait coucher avec moi, donc j'ai voulu tuer».
Terroriser les femmes
Dans un rapport publié récemment, les services de renseignement canadiens ont placé ces crimes perpétrés par des incels dans la catégorie de «l'extrémisme violent motivé par une idéologie», aux côtés de la violence xénophobe et anti-gouvernementale.
Pour le professeur de droit Kent Roach, cette inculpation «pourrait commencer à changer la façon dont notre société pense le terrorisme», non plus uniquement comme un acte «qui ressemble au 11 septembre» mais aussi comme tout crime «avec un objectif politique, religieux ou idéologique.»
Aux États-Unis, plusieurs meurtres ont été commis par des incels ces dernières années, le plus récent étant une fusillade dans un studio de yoga en Floride en 2019. Le département de sécurité intérieure (Homeland Security) a donc commencé à financer des recherches sur cette mouvance.