La crise du Covid-19 et le confinement qui a rapidement suivi ont eu des effets inattendus au Japon. Confinés avec leurs épouses, les Japonais ont laissé voir leur manque d'investissement dans les tâches domestiques. Les femmes, débordées par un quotidien partagé entre le travail professionnel et la vie de famille, ont été nombreuses à demander à leur conjoint un investissement plus conséquent. Souvent sans grand succès.
Le gouvernement japonais a incité les entreprises à mettre en place le télétravail pour leurs employé·es. De nombreux couples se retrouvent donc depuis quelques semaines confinés à leur domicile, parfois avec des enfants. Pourtant, les habitudes machistes de certains hommes au sein du foyer n'ont pas changé. Selon un sondage de 2019, la moitié des couples déclarent que les hommes réalisent seulement 20% des tâches ménagères.
Lassée de devoir assurer tout le travail au sein de leur foyer, Aki Kataoka, étudiante japonaise en école d'infirmière, a dressé la liste des travaux domestiques et les a attribués à la personne qui les effectue. Le résultat est sans appel: Aki s'acquitte de 210 tâches quand son époux Susumu n'en accomplit que 21. «Je voulais vraiment qu'il réalise tout ce que je fais», explique la jeune femme au New York Times. «Si on n'est pas capables de partager le travail ménager équitablement, comment peut-on bâtir un monde dans lequel les femmes retrouvent leur puissance?», s'interroge-t-elle.
Le Premier ministre, Shinzō Abe, tente depuis des années de permettre aux femmes d'être plus présentes sur le marché du travail. Ces efforts sont cependant ralentis par le fardeau du travail ménager dont les femmes doivent s'acquitter en rentrant chez elles.
Un schéma genré renforcé par le monde du travail
Un sondage du gouvernement japonais révèle que la moitié des répondant·es ont pu télétravailler ces dernières semaines. Les hommes se sont sentis contraints à travailler davantage pour prouver leur efficacité, tandis que les femmes ont été moins solicitées et ont eu plus de temps à dédier au travail domestique.
Yoshiaki est occupé par son emploi en télétravail du matin au soir, il se dit forcé de laisser à son épouse le soin de s'occuper de tout, malgré ses obligations professionnelles à distance à elle aussi. «Je m'occupais de 90% du travail concernant les enfants, confie Erica Terajima, son épouse. Je ne pouvais même pas faire mon propre travail.» Alerté par l'état de détresse de son épouse, Yoshiaki a décidé de lever le pied et de participer aux tâches domestiques. «Je pense que l'on peut tirer parti de cette situation pour changer la culture du travail drastiquement», affirme-t-il.