Si vous en êtes adepte, vous comprenez la douleur que la procrastination engendre au quotidien. Repousser la tâche fastidieuse, c'est l'assurance de se rajouter du travail et de le rendre plus pénible encore. Mais pourquoi fait-on cela? Plusieurs facteurs sont mis en cause et à chaque personne sa solution, comme l'explique cet article de la BBC.
La procrastination est souvent attribuée à un problème de gestion du temps. On évaluerait mal le temps qu'une tâche pourrait prendre, ce qui nous en laisserait pour rêver et moins pour travailler. Cette idée est pourtant fausse. Selon les scientifiques Tim Pychyl et Fuschia Sirois, la procrastination serait en fait due à une mauvaise gestion des émotions.
Lorsque la tâche à accomplir nous déplaît parce qu'elle est ennuyeuse, fastidieuse ou qu'elle nous rend triste, on a tendance à se concentrer sur quelque chose de plus agréable. Les vidéos YouTube, le ménage, la cuisine, la télévision... tous les prétextes sont bons pour échapper au travail. «Changer est difficile, et c'est souvent deux pas en avant, un pas en arrière, indique Pychyl. Cela dit, je suis convaincu qu'on peut changer.»
Un comportement toxique
La procrastination parasite la vie car elle affecte la productivité, mais elle pourrait également avoir un impact négatif sur la santé. Remettre à plus tard ce que l'on doit faire engendre souvent un sentiment de culpabilité chez les individus. Celui-ci s'accompagne de stress, un facteur qui à long terme se révèle mauvais pour l'organisme.
D'autre part, la procrastination conduit bien souvent à des comportements dangereux pour la santé. Par fainéantise, on repousse sans cesse la prise de rendez-vous pour le mal de dos qui nous pourrit la vie, par exemple. On «oublie» sans cesse d'aller à la salle de sport pour rentabiliser cet abonnement souscrit dans le vide.
Tous ces facteurs peuvent mener dans les cas extrêmes à des problèmes cardiovasculaires ainsi qu'à des maladies comme le diabète, causées par une mauvaise hygiène de vie. Cela signifie à l'inverse que régler ses problèmes peut contribuer à améliorer sa santé globale, selon Fuschia Sirois: «Diminuer la tendance à la procrastination chronique d'un point [sur une échelle de cinq points] pourrait réduire de 63% le risque d'avoir des problèmes cardiaques.»
La thérapie d'acception et d'engagement
Les problèmes de gestion émotionnelle ne sont pas insurmontables. Il existe différentes méthodes permettant d'y remédier, comme la thérapie d'acceptation et d'engagement. Celle-ci peut redonner au sujet une certaine souplesse psychologique, une capacité à tolérer et accepter les sentiments inconfortables ou négatifs, pour passer outre et pouvoir accomplir les tâches qui le rebutent.
En période d'épidémie, il est difficile d'aller consulter un·e thérapeute pour mettre ces méthodes en place, mais les deux scientifiques conseillent de se concentrer sur une étape à la fois et l'assurent: «Le plus dur est de s'y mettre.»