Vous avez peut-être expérimenté des problèmes de concentration ces derniers temps, au point que même votre livre préféré vous tombe des mains. L'anxiété et l'incertitude liées à la situation sanitaire expliqueraient la difficulté à lire que de nombreuses personnes rencontrent actuellement, y compris les plus mordues de littérature.
Pour analyser le phénomène, le site américain Vox a donné la parole à Oliver J. Robinson, neuroscientifique et psychologue. Selon le spécialiste, il existe une bonne et une mauvaise anxiété. La première est provoquée par des situations inhabituelles et nous permet de nous protéger de dangers ou de situations inconfortable. La seconde est malsaine et relève plutôt de la pathologie; elle a tendance à handicaper la vie quotidienne en réduisant la capacité de concentration, en parasitant le sommeil, etc.
L'anxiété n'est cependant pas un sentiment permanent et pour la combattre, il faut en identifier la cause et la régler. Malheureusement, ce n'est pas toujours possible.
«La pandémie que nous traversons est la chose la plus incertaine possible. On ne sait pas quand elle se terminera, on ne comprend même pas ce qui se passe réellement», souligne Oliver J. Robinson. Or chercher des solutions à un problème hors de notre portée est vain et «ne fait qu'encourager cette anxiété», assure-t-il.
Attention exacerbée
L'anxiété est un état psychologique dont la perception est personnelle. La difficulté de concentration, qui lui est liée, n'est donc pas simple à évaluer. Mais les scientifiques observent certaines constantes.
L'anxiété exacerbe notre attention: n'importe quel détail est susceptible de nous détourner de notre tâche principale. Robinson note que «lorsque l'on se sent anxieux, on est plus prompt à remarquer un mouvement dans un coin de la pièce, par exemple. Ce n'est pas un trouble anormal, c'est une aptitude développée pour l'occasion, parce que l'anxiété développe la capacité d'adaptation. C'est ce qui nous permet de nous protéger de toute atteinte».
Les maladies mentales, qu'elles relèvent d'un trouble bipolaire ou de la psychose, pourraient être une autre clé pour comprendre les troubles de concentration. Mais dans la mesure où l'anxiété est vécue différemment par chacun·e, il est impossible de déterminer avec certitude ce qui rend difficile l'accomplissement d'une tâche bien précise comme la lecture.
Un seul conseil: arrêtez d'essayer de contrôler l'anxiété, car «c'est en soi une source d'anxiété», assure le neuroscientifique.