Franchise la plus lucrative de l'histoire d'Hollywood, l'Infinity Saga de Marvel s'est conclue il y a un peu plus d'un an avec la sortie d'Avengers: Endgame (oui, on sait qu'il y a eu un Spider-Man derrière, ne vous inquiétez pas, on l'a bien pris en compte). Entre Iron Man en 2008 et ce final, plus de vingt films et un univers qui a captivé des millions de spectateurs et spectatrices.
Chaque chapitre du Marvel Cinematic Universe (MCU) s'est construit sur des références communes, des apparitions de Stan Lee (le créateur de Marvel) aux scènes bonus après le générique de fin. Coup de génie de Kevin Feige, le président de Marvel Studios, chaque film était aussi une pièce du puzzle d'un arc narratif global, construit sur plus d'une décennie –faisant de la saga l'expérience cinématographique qui se rapproche le plus d'une série télé.
Mais tous les films de la franchise ne se valent pas et pour y voir clair, nous avons décidé de tous les revoir (une très bonne activité pendant le confinement) et de les classer. Pour les départager, on a établi plusieurs critères de notation, de la qualité de l'écriture à leur niveau de divertissement, en passant par leurs prouesses techniques et leur impact dans la franchise et à Hollywood en général.
Sans plus attendre, voici donc les vingt-trois films de l'Infinity Saga du MCU classés du pire au meilleur.
23. «L'Incroyable Hulk» (2008)
Sorti en 2008, deux mois à peine après Iron Man, L'Incroyable Hulk est une sorte d'ovni dans le MCU, dont le ton n'avait pas encore été complètement établi. Faire un nouveau film sur le monstre vert était un défi de taille, après l'échec de la version de 2003 avec Eric Bana. La malédiction continue malheureusement ici.
Le problème avec l'histoire de Bruce Banner, c'est qu'elle est ultra badante. Contrairement aux autres héros de la franchise, le scientifique considère ses pouvoirs extraordinaires comme une affliction abominable constamment subie.
Ajoutez à ça des conflits d'écriture (Edward Norton, qui joue le rôle-titre, voulait que le film soit beaucoup plus long), une esthétique éculée et un casting assez médiocre (Liv Tyler et Tim Roth sont particulièrement mauvais), et vous obtenez le pire chapitre de la franchise.
22. «Thor: Le Monde des ténèbres» (2013)
Thor: Le Monde des ténèbres, c'est ce qui se passe quand on donne beaucoup trop d'argent à un mauvais fan de Xena, la guerrière et qu'on lui demande de faire un film.
L'esthétique est kitschissime, les méchants grotesques, l'intrigue complètement oubliable, et les quelques tentatives d'humour tombent à plat. Quant à l'histoire d'amour entre Jane Foster (Natalie Portman) et Thor, elle est aussi excitante qu'un épisode de Derrick.
Les seuls moments de grâce surviennent lorsque Thor et Loki partagent une scène et que Chris Hemsworth et Tom Hiddleston peuvent enfin mettre en valeur leur irrésistible charme. Revoir ce naufrage, c'est réaliser le miracle accompli par Taika Waititi avec Thor: Ragnarok.
21. «Iron Man 2» (2010)
De tous les Iron Man, le deuxième est celui qu'on aime le moins. La faute à son humour de beaufs, entre la scène où Tony pisse dans son armure parce qu'il a trop bu et un missile surnommé... «l'ex-femme».
Malgré des scènes d'action bien menées, le scénario de Justin Theroux (à qui l'on devait aussi Tropic Thunder) n'arrive jamais à égaler la surprise créée par le premier volet. Mais le pire reste sans doute son méchant caricatural, un Mickey Rourke avec des cheveux criminellement gras, des ongles très sales et un cure-dents perché au coin des lèvres, qui ressemble à Florent Pagny après une cuite de trop.
Dans les bons côtés, on retient surtout les premières scènes ébouriffantes de Scarlett Johansson dans le rôle de Black Widow, et Sam Rockwell, toujours aussi à l'aise dans les rôles de méchant théâtral.
20. «Ant-Man et la Guêpe» (2018)
Dans un univers cinématographique aux intrigues et personnages, il faut le dire, complètement absurdes, aucun film n'est plus improbable qu'Ant-Man et la Guêpe.
Mais Paul Rudd est une machine à charme inarrêtable, et avec l'ajout de Randall Park au casting et d'un rôle plus badass (et un changement de perruque bienvenu) pour Evangeline Lilly, le film reste divertissant de bout en bout. Un volet très fun qui reste néanmoins anecdotique au sein de la franchise.
19. «Thor» (2011)
Avec Thor, c'est un nouveau talent du MCU qui se révèle en la personne de Chris Hemsworth (qui deviendra rapidement l'un des meilleurs acteurs comiques de la franchise). Des années plus tard, on rit encore des répliques complètement anachroniques du dieu asgardien, de sa tendance à fracasser les verres après les avoir vidés ou de la manière dont il appelle l'agent Coulson «son of Coul».
Mais l'impact le plus important du film reste son casting: en plus d'avoir définitivement propulsé Chris Hemsworth sur toutes les listes d'acteurs les plus sexy de la planète, c'est Thor qui a lancé la carrière de Tom Hiddleston à Hollywood.
Malheureusement, le premier tiers du film, qui s'attache à expliquer la mythologie d'Asgard, est en décalage avec le reste de la franchise et surprend par son absence d'humour. Quant au personnage de Loki, dont la dynamique avec son frère sera si importante pour la suite, il est surprenant de voir, rétrospectivement, à quel point il a été mal construit à l'origine.
18. «Captain America: First Avenger» (2011)
On a beau avoir énormément d'affection pour Steve Rogers (vous allez vite le comprendre en nous lisant), le premier chapitre de sa saga est loin d'être le plus fun de la franchise.
Commençons par ce qui fonctionne. Le casting est très bon, on pourrait regarder Stanley Tucci jouer un mensch pendant des heures. Le film établit également parfaitement l'histoire d'amour entre Steve et Peggy, qui restera l'un des ancrages émotionnels majeurs du MCU jusqu'à Endgame. Et puis les histoires d'outsiders faibles mais honorables qui prennent enfin leur revanche sur la vie, ça fonctionne toujours très bien.
Malheureusement, le premier Captain America manque cruellement de second degré et s'enlise dans sa seconde moitié.
17. «Avengers: L'Ère d'Ultron» (2015)
De toute la série Avengers, L'Ère d'Ultron est sans doute le plus faible. La bataille finale en Sokovie, avec la ville qui vole dans les airs, est interminable, et le film contient certaines des pires scènes de toute la franchise, notamment celle où Natasha, progressivement réduite à sa relation avec Hulk, explique à ce dernier qu'elle est un «monstre» parce qu'elle est stérile –une réplique très maladroite qui vaudra au film de nombreuses critiques.
C'est aussi dans ce film qu'est introduite la famille secrète de Clint, cachée dans une ferme champêtre, un deus ex machina qui ne sera utilisé à bon escient que dans le dernier film de la franchise.
D'autres problèmes d'écriture trahissent plus que jamais la difficulté, à mi-chemin de la saga, de lier entre eux tous les différents univers et de répondre au cahier des charges colossal de Marvel. Revoir Ultron, c'est un peu comme assister en direct au burn-out de Joss Whedon, son scénariste et réalisateur. La scène où Thor, isolé du reste du groupe, prend un bain magique pour faire avancer l'intrigue, est particulièrement maladroite.
Heureusement, le film contient les dialogues méta désormais célèbres du créateur de Buffy et réussit à faire d'Ultron un méchant parfaitement sinistre et incarné –un exploit, vu qu'il s'agit à la base d'un programme informatique. C'est aussi le début de la destruction du mythe des Avengers, dont les dégâts collatéraux sont de plus en plus importants.
16. «Doctor Strange» (2016)
Rien dans Doctor Strange ne devrait fonctionner, à commencer par le bouc de Benedict Cumberbatch et son affection pour les capes de sorciers. On a par ailleurs du mal à ne pas grincer des dents devant autant d'appropriation culturelle: du casting malvenu de Tilda Swinton dans le rôle de l'Ancien, un sage tibétain, à la quasi-absence de personnages asiatiques dans une œuvre qui puise presque toute son esthétique en Asie.
Le film fonctionne malgré tout et évite le ridicule grâce à ses effets spéciaux spectaculaires et à d'excellents acteurs (Rachel McAdams, Chiwetel Ejiofor, Mads Mikkelsen, Benedict Wong…). Certes, on a parfois l'impression de faire un trip sous acide, mais qui a dit que c'était une mauvaise chose?
15. «Ant-Man» (2015)
Un film sur un cambrioleur qui vole à dos de fourmi pour sauver l'héritage scientifique de Michael Douglas ne devrait pas fonctionner. C'est pourtant le miracle qu'accomplit Ant-Man grâce au charisme éclatant de Paul Rudd et au scénario, cosigné par ce dernier et Adam McKay (The Big Short, Vice), qui reprend joyeusement les codes du film de braquage.
Michael Peña, dans le rôle de Luis, vole la vedette dans chacune de ses scènes. Le plus gros défaut du film: son méchant insupportable joué par Corey Stoll.
14. «Spider-Man: Far From Home» (2019)
Le deuxième volet de la nouvelle saga Spider-Man a une place particulière dans le MCU, puisqu'il est sorti après Avengers: Endgame, apothéose de l'arc narratif de la franchise.
On retrouve Peter Parker alors qu'il essaie de reprendre une normale vie de lycéen, tout en gérant son trauma et ses responsabilités de super-héros. Le film montre bien tout le poids qui pèse sur les épaules de l'adolescent et est particulièrement efficace dans les scènes où Peter tente de masquer son identité lors d'un voyage scolaire en Europe.
L'intrigue est un peu capillotractée, le méchant vite relou et c'est un vrai bingo des clichés américains sur l'Europe. Difficile pourtant de ne pas être conquis·e par le charme de Tom Holland et de Zendaya, les réparties toujours très drôles et des histoires de cœur dignes des meilleurs teen movies.
13. «Iron Man 3» (2013)
Écrit et réalisé par Shane Black (The Nice Guys, Kiss Kiss Bang Bang), le troisième volet d'Iron Man sublime l'humour vif et irrévérencieux du personnage-titre, mais lui ajoute également un degré de mélancolie, avec un Tony Stark souffrant de stress post-traumatique depuis la bataille de New York dans Avengers. Le PTSD est d'ailleurs un thème récurrent dans le film, puisque les méchants sont des vétérans qui souffrent de trauma ou d'addiction.
Dans un éclair de génie, Iron Man 3 nous offre aussi un personnage de terroriste en plein délire d'appropriation culturelle... incarné par Ben Kingsley, oscarisé pour son interprétation un poil controversée de Gandhi. Et puis, c'est le film qui nous offre enfin une Pepper Potts qui botte des fesses, ainsi que les prémisses du côté paternel de Tony Stark.
12. «Captain Marvel» (2019)
Il aura fallu attendre 2018 pour que le MCU nous offre enfin un volet entièrement dédié à une héroïne avec Captain Marvel. L'heureuse élue, Brie Larson, irradie de charme dans le rôle principal, et son alchimie avec Samuel L. Jackson élève de nombreux moments du film.
Les cinéastes Ryan Fleck et Anna Boden (Half Nelson) tissent une vraie origin story féministe, avec une héroïne qui découvre que son mentor (un homme) lui a menti et qui comprend subitement pourquoi le monde dans lequel elle évolue la rendait mal à l'aise. Dans un moment inspirant et très «pilule rouge», Carol réalise qu'elle s'est «battue tout ce temps avec un bras attaché» et décide qu'elle n'a plus rien à prouver à personne.
Malheureusement, le film reste trop timide sur la relation entre Carol et sa «meilleure amie» (hum hum) Maria, et avec ses histoires de Skrull et de Kree, Captain Marvel peine à créer un univers aussi complet et cohérent que d'autres films de la franchise, comme Black Panther ou Les Gardiens de la Galaxie.
11. «Captain America: Civil War» (2016)
Ce film a beau faire partie de la franchise Captain America, il aurait plutôt dû s'appeler Avengers: Civil War, puisque presque tous nos héros sont de retour –à l'exception de Thor et du Hulk, qui sont en train de s'éclater sur d'autres planètes.
Au cœur de l'intrigue, une question éthique qui divise les personnages: les Avengers devraient-ils être contrôlés par l'ONU? Pour une fois, c'est Steve Rogers qui est du côté des rebelles, tandis que Tony Stark, guidé par sa culpabilité, aimerait un peu plus de supervision.
Le film est très efficace dans les scènes de confrontations entre les héros, et en particulier lors de la bataille très bien menée de l'aéroport. L'intrigue secondaire, autour du passé de Bucky, est beaucoup moins prenante. Mais le plus gros mérite de Civil War, c'est une scène incroyable où Captain America retient un hélicoptère en plein vol à mains nues et nous offre le gun show le plus spectaculaire de toute la franchise.
10. «Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2» (2017)
Si ce deuxième volet n'arrive jamais à égaler la fraîcheur du premier, il s'en approche beaucoup, ne serait-ce que grâce à bébé Groot et à sa séquence d'ouverture, peut-être la plus charmante de toute la franchise. Mais le principal problème du film réside dans l'intrigue liée au père de Peter, un dieu new age génocidaire un peu fatigant incarné par Kurt Russell.
À l'aide de dialogues toujours aussi savoureux, ce Volume 2 nous permet néanmoins d'explorer un peu plus les dynamiques entre nos héros attachants et excentriques, à la manière d'une sitcom intergalactique. Sa plus belle réussite reste sans doute le développement du personnage de Yondu, père de substitution de Peter, qui tire sa révérence dans un final étonnamment poignant.
9. «Iron Man» (2008)
C'est le film qui a lancé la saga la plus lucrative de l'histoire du cinéma et ressuscité à lui seul la carrière alors moribonde de Robert Downey Jr., ruinée par des années d'addiction et une très mauvaise réputation à Hollywood. Rien que pour ça, Iron Man mérite une place de choix dans ce classement.
Certes, le film souffre de quelques longueurs –les scènes de captivité de Tony sont franchement chiantes– et d'une vision très américano-centrée du monde. Mais on retrouve déjà l'humour caractéristique des meilleurs chapitres du MCU et Robert Downey Jr. est renversant de charisme. Quand il déclare «I am Iron Man» à la caméra dans le dernier plan du film, on n'a qu'une seule envie: voir la suite.
8. «Spider-Man: Homecoming» (2017)
Beaucoup de films du MCU ont la lourde tâche d'assembler plusieurs univers et personnages très différents en un tout cohérent. Ce n'est pas le cas de celui-ci, et c'est ce qui le rend particulièrement plaisant.
Entre ses références à des films d'ados cultes (Ferris Bueller, Breakfast Club), ses répliques hilarantes et ses charmantes intrigues de lycée, Homecoming est un parfait teen movie.
Chargé de lancer une nouvelle saga Spider-Man pour la troisième fois en quinze ans, le film accomplit sa mission en évitant la traditionnelle origin story et trouve même quelque chose de nouveau à dire sur son personnage, réticent à rejoindre les Avengers. Une prouesse portée par l'excellent Tom Holland, parfaitement à la hauteur du rôle.
7. «Avengers: Infinity War» (2018)
Pendant dix ans et à travers dix-huit films, Marvel a bâti un univers foisonnant de personnages, d'intrigues, de mythologies et de blagues récurrentes, et c'est dans Infinity War que toutes les pièces du puzzle s'assemblent enfin. Un défi à la fois gargantuesque et minutieux que le film relève avec brio.
Tous nos héros sont en action, et beaucoup se rencontrent pour la première fois –voir Thor débarquer dans l'univers des Guardians est particulièrement réjouissant (Drax à Quill, quand il aperçoit Thor: «This is not a dude. You're a dude. This… this is a man»).
Chaque détail est réfléchi et renvoie souvent à des références des films précédents, récompensant ainsi les fans les plus fidèles sans jamais perdre les novices. Même Thanos, grand méchant de la franchise jusqu'alors assez plat, prend ici plus de profondeur.
Infinity War est avant tout un prélude à Endgame. Toute cette mise en place pour le chapitre final pourrait être laborieuse, mais le film n'oublie jamais d'être divertissant (avec une bonne dose d'humour et des scènes de bataille épiques) et sa fin très poignante, même si on se doute qu'elle n'est pas inéluctable, nous prépare parfaitement au festival de pleurs d'Endgame.
Et comme si tout ça ne suffisait pas, Captain America inaugure dans ce film une barbe magnifique et atteint ainsi son potentiel maximal de beauté. Un vrai régal.
6. «Thor: Ragnarok» (2017)
On avait déjà aperçu le talent comique de Chris Hemsworth dans les films précédents, mais il faut attendre le troisième volet de Thor pour qu'il soit enfin exploité à sa juste mesure grâce à l'écriture brillante de Taika Waititi.
Tout fonctionne dans Thor: Ragnarok, sommet de divertissement de la franchise. L'esthétique eighties et la bande-son explosive sont un plaisir pour les yeux et les oreilles. Les dialogues sont précis et hilarants, et le casting est un sans faute (en particulier Cate Blanchett, Tom Hiddleston, Jeff Goldblum, Tessa Thompson et Taika Waititi lui-même).
Beaucoup de films Marvel souffrent de longueurs, mais toutes les scènes s'enchaînent ici parfaitement et la bataille finale est l'une des plus efficaces du MCU. Un concentré de plaisir qui a dynamisé la franchise et insufflé une nouvelle ère pour le personnage de Thor, jusqu'alors desservi par des films médiocres.
5. «Les Gardiens de la Galaxie» (2014)
Dans une franchise qui semblait encore, en 2014, assez terre à terre, le film de James Gunn a épousé avec allégresse tous les aspects les plus absurdes de l'univers Marvel. Les Gardiens de la Galaxie, c'est le film à la bande-son rétro immédiatement culte et à l'univers visuel unique, qui a réussi à nous faire tomber sous le charme d'un raton laveur furieusement violent et d'un adorable arbre qui ne savait rien dire d'autre que «I am Groot».
Chris Pratt, uniquement connu jusqu'alors pour son rôle dans la sitcom Parks and Recreation, a quant à lui révélé l'étendue de son charisme au monde entier et pris d'assaut le monde de la pop culture.
Avec leur humour bon enfant, les Gardiens de la Galaxie ont un peu plus solidifié le ton pop et irrévérencieux de la franchise. Mais c'est aussi et surtout un très bon film, qui enchaîne répliques cultes, moments d'émotion et séquences d'action réussies, et qui livre une histoire d'amitié interstellaire réjouissante.
4. «Captain America: The Winter Soldier» (2014)
L'humour a parfois été l'une des béquilles de la saga, assurant un certain niveau de divertissement même dans les intrigues les plus saugrenues. The Winter Soldier n'a pas besoin de ça. Empruntant à la fois aux films d'espionnage et d'action, le deuxième chapitre de la saga Captain America est l'un des volets les plus efficaces et les plus sombres de toute la franchise.
Le héros le plus honorable du MCU est pour la première fois confronté à l'ambiguïté morale du monde qui l'entoure, alors qu'il est trahi par son employeur et poursuivi par ses propres fantômes. Le duo qu'il forme avec Natasha Romanoff fonctionne particulièrement bien et les scènes d'action sont ultra dynamiques –de la course-poursuite en voiture de Nick Fury à l'incroyable scène de l'ascenseur, où Cap anéantit une dizaine de soldats en à peine une minute.
Le film nous offre également l'un des meilleurs méchants de la franchise, à la fois poignant et redoutable. Deux heures d'une efficacité implacable et l'un des rares films Marvel que l'on peut pleinement apprécier sans rien connaître de cet univers.
3. «Avengers: Endgame» (2019)
Offrir une conclusion satisfaisante à une franchise de cette ampleur est une mission quasi impossible –comme Game of Thrones l'a prouvé quelques semaines après la sortie de Endgame. Le film y parvient miraculeusement, reprenant là où Infinity War nous avait laissé·es: dans un monde décimé par Thanos.
Sans grande surprise, Endgame est le volet le plus émouvant de la saga, abordant avec nuance le deuil et la culpabilité de ses personnages. Le coup de génie du film est son utilisation du voyage dans le temps, un outil narratif éculé qui aurait vite pu faire tomber l'histoire dans l'absurde mais qui fonctionne ici grâce au second degré des dialogues et à l'intelligence de l'écriture. Surtout, cette idée permet de nous faire revisiter certains des moments les plus emblématiques de la franchise, une expérience à la fois divertissante et très gratifiante pour les fans qui ont suivi cette histoire depuis le début.
Tout n'est pas parfait: les blagues sur le poids de Thor passent mal et le sort réservé à Natasha reste l'un des gros points noirs de la saga et un échec cuisant du film. Le rapport du MCU avec ses femmes a toujours été problématique, et la scène rassemblant toutes les héroïnes lors de la bataille finale paraît plus opportuniste que badass dans une franchise qui a souvent négligé son public féminin.
Mais le reste est un quasi sans-faute, surtout dans la conclusion douce-amère que le film offre à ses deux héros les plus emblématiques. La mort héroïque de Tony est un parfait point final pour un personnage à l'origine défini par son égoïsme. Quant à Captain America, il a enfin droit à son happy ending. La dernière scène du film, où Steve danse avec Peggy, est la plus belle conclusion qu'on pouvait imaginer pour cette épopée cinématographique inoubliable.
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2. «Black Panther» (2018)
Divertissant du début jusqu'à la fin, réalisé avec style et doté d'un fin discours politique, le film de Ryan Coogler est gagnant sur tous les tableaux. Grâce au travail remarquable de la cheffe décoratrice Hannah Beachler, de la costumière Ruth E. Carter et du compositeur Ludwig Göransson (qui ont chacun·e décroché un Oscar), Black Panther réussit à construire un univers politique, culturel et artistique aussi riche que précis, nous faisant instantanément ressentir la fierté de Wakanda et de ses traditions.
C'est aussi le film qui contient les meilleurs personnages féminins du MCU, de l'espionne Nakia à la scientifique espiègle Shuri, en passant par la guerrière féroce Okoye –on peut le dire, une seule scène de Danai Gurira vaut n'importe quel film de cette franchise.
Black Panther a également donné vie au méchant le plus complexe du MCU: Erik Killmonger, incarné par un Michael B. Jordan toujours excellent. Avec beaucoup d'intelligence, le film fait écho aux figures de Martin Luther King et de Malcolm X à travers la position plus conservatrice de T'Challa et la radicalité de Killmonger, représentant d'une minorité afro-américaine lasse d'être opprimée.
En devenant le film réalisé par un homme noir le plus rentable de l'histoire d'Hollywood, nommé à sept Oscars, Black Panther a enfin prouvé aux gens qui en doutaient la validité de placer des personnes racisées devant comme derrière la caméra.
1. «Avengers» (2012)
On a tendance à l'oublier, maintenant que la franchise s'est achevée sur un triomphe, mais ce qu'Avengers a accompli à sa sortie en 2012 n'était rien d'autre qu'un miracle. Au même moment, la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan s'achevait, et le monde des super-héros au cinéma était encore bien différent de celui que l'on connaît désormais.
En confiant la réalisation et le scénario à Joss Whedon, créateur de séries télé vénéré pour l'intelligence de ses dialogues, Marvel a parié sur un talent peu rôdé aux blockbusters (une tendance du studio qui se poursuivra avec Ryan Coogler, Taika Waititi ou James Gunn). Et ce fut payant. Troisième plus grand succès commercial de l'histoire du cinéma à sa sortie, le film propulse Joss Whedon du jour au lendemain parmi les grands noms d'Hollywood.
Preuve de son influence, sa collaboration avec Marvel se poursuivra pour Ultron, mais aussi en tant que consultant sur les autres films de la franchise, notamment Les Gardiens de la Galaxie. Et pour cause: Whedon n'a pas seulement accompli l'exploit de réunir toutes les intrigues précédemment lancées par la franchise et d'en tirer un résultat final aussi homogène que divertissant, il a également fixé, avec son humour méta, la marque de fabrique de l'univers cinématographique Marvel et de la pop culture au sens large pour les dix ans à venir.
Mais si Avengers est premier de ce classement, ce n'est pas uniquement pour son impact considérable. À grand renfort de scènes d'action impressionnantes, le film évoque le traumatisme du 11-Septembre lors d'une bataille apocalyptique à New York, dont les conséquences retentiront à travers toute la franchise.
Grâce à la patte de son scénariste, c'est aussi l'un des opus les plus invariablement drôles, délivrant une flopée inédite de gags et de répliques cultes à la minute. Et entre son final palpitant, la «mort» de l'agent Coulson ou le moment où le thème musical des Avengers retentit pour la première fois, le film a du frisson à revendre.