À l'approche de l'incontournable fête des mères, qui aura lieu dimanche 7 juin en France, la BBC a publié un article permettant de connaître un peu mieux celle qui lui a donné naissance, Anna Jarvis. On y apprend, non sans surprise, que l'Américaine a regretté toute sa vie cette invention.
Anna Jarvis vient au monde dans une famille très nombreuse. Sa mère, Ann Reeves Jarvis, était une fervente défenseuse des femmes, et tout particulièrement des mères. Elle a passé sa vie à se mobiliser pour que celles-ci s'occupent bien de leurs enfants et subviennent à leurs besoins.
Ann Reeves avait même créé et présidé un club de femmes au sein de son église, engagé dans le combat contre la mortalité infantile –fléau qui l'a elle-même touchée, puisqu'elle a perdu neuf enfants.
À sa mort, sa fille Anna Jarvis reprit le flambeau et créa la fête des mères. «J'espère et prie pour qu'un jour, quelqu'un fonde un mémorial des mères pour commémorer l'effort incomparable qu'elles rendent à l'humanité dans tous les domaines. Elles y ont droit», affirmait-elle.
Là où Ann Jarvis encourageait les mères à s'occuper décemment de leur progéniture, Anna voulait louer leur travail, avec une devise: «Pour la meilleure maman qui ait jamais existé - Ta maman.»
En colère contre les fleuristes
En 1914, la fête des mères est si populaire que le président Woodrow Wilson la désigne jour férié national. Ce qui devait être une célébration simple et sans prétention, destinée à remercier le travail altruiste des mères du monde entier, s'est transformé en une fête commerciale, au grand dam de celle qui l'a conçue.
«Même si Anna n'a jamais voulu que ce jour devienne commercial, [il] l'est vite devenu, explique l'historienne Katharine Antolini. L'industrie florale, celles des cartes de vœux et des friandises ont largement participé à la promotion de cette journée.»
Voyant le prix des œillets augmenter, Anna Jarvis vit rouge et publia un communiqué de presse condamnant les fleuristes: «QUE FEREZ-VOUS pour dérouter les charlatans, les bandits, les pirates, les racketteurs, les kidnappeurs et autres termites qui saperaient par leur cupidité l'une des meilleures, des plus nobles et des plus authentiques célébrations?» En 1920, elle invita même la population à ne pas acheter de fleurs du tout.
Regrettant cette dérive commerciale, Anna Jarvis ne célébrait pas la fête des mères. Par respect pour sa mémoire, ses descendant·es n'y prennent pas part non plus.