Alors qu'il y a quelques mois le marché du plastique était à son apogée, le coronavirus Covid-19 a fait une apparition fracassante, renversant l'ordre des choses. La pandémie mondiale couplée à la chute des prix du pétrole risque de faire bien du tort au secteur pétrochimique. Tous les indicateurs économiques présageaient pourtant une période plus que prospère pour l'industrie du plastique aux États-Unis, expose cet article du Time.
L'abondance de gaz naturel à un prix dérisoire offrait une opportunité idéale pour les géants américains de l'énergie de produire en grande quantité à moindre coût. On pensait alors, peut-être à tort, pouvoir compter sur le caractère exponentiel de la demande en plastique. Le pari était risqué. En Europe, plusieurs produits à usage unique et utilisant la matière plastique ont été interdits récemment. Idem en Chine et au Canada, ainsi que dans trente-quatre pays africains où ce type de restrictions s'étend.
En février, 343 projets de création ou d'agrandissement d'usines pétrochimique ont été autorisés et planifiés aux États-Unis, d'après un rapport du Conseil américain de l'industrie de la chimie. La production mondiale de plastique devait être multipliée par trois d'ici à cinq ans et par cinq à l'horizon 2050. Rien n'est plus certain à présent. «Nous vivons une période sans précédent, et les entreprises, pas seulement les fabricants de produits chimiques, font de leur mieux pour conserver leur fonctionnement», témoigne Kevin Swift, directeur général de l'économie et des statistiques au sein du Conseil américain de l'industrie chimique.
L'industrie du plastique n'a pas dit son dernier mot
L'industrie américaine du plastique rebondit face au Covid-19 et tente d'utiliser les mesures sanitaires à son avantage. L'association des industries plastiques a envoyé une lettre au département de Santé et des services sociaux américains, demandant une dérogation pour autoriser la commercialisation de sacs à usage unique, par mesure de prévention sanitaire. Une tentative plutôt victorieuse puisque quelques supermarchés ont autorisé l'utilisation de sacs réutilisables, en dépit des études prouvant que le virus survit moins facilement sur les tissus.
Aux États-Unis, la consommation de plastique atteint les 80 kilogrammes par personne et par an. De l'autre côté du globe, l'Inde et le continent africain consomment en moyenne moins de 10 kilogrammes par an et par personne. Si de nombreux pays ont posé des mesures restrictives à l'usage des composants plastiques à usage unique, les pays en voie de développement constituent peut-être une bouée de sauvetage pour les industriels du plastique.
Parallèlement, Fredric Bauer, chercheur à l'université de Lund, se dit inquiet quant à la consommation de plastique. «Le monde est déjà inondé de plastique et la présence de ce matériau ne fait qu'augmenter, remarque-t-il. J'ai peur que l'on se noie dans cet océan de plastique.»