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Pour une Chinoise, transmettre son nom de famille est un choix périlleux

Temps de lecture : 2 min

Les vives réactions suscitées par le témoignage d'une mère montrent le chemin qu'il reste à parcourir.

Les Chinoises désireuses de donner leur nom de famille à leur progéniture se heurtent à une société patriarcale et traditionaliste. | Fred Dufour / AFP
Les Chinoises désireuses de donner leur nom de famille à leur progéniture se heurtent à une société patriarcale et traditionaliste. | Fred Dufour / AFP

Selon la loi chinoise, les parents peuvent transmettre à leurs enfants le nom de famille du père ou de la mère, au choix. La majorité opte néanmoins pour la première solution, et le post d'une Chinoise sur le site Weibo en février dernier laisse penser que cela ne risque pas de changer de sitôt.

Cette mère affirmait avoir divorcé un mois auparavant après un différend avec son mari, notamment parce qu'elle souhaitait donner son nom de famille à leur enfant, rapporte le site Quartz. Sa publication a été likée plus de 240.000 fois et a provoqué un véritable tollé sur le réseau social, très populaire en Chine.

Beaucoup jugeaient la position de cette femme trop extrême, ce qui a participé à relancer le débat de la transmission du nom de famille dans le pays. Quartz indique les Chinoises désireuses de donner leur nom de famille à leur progéniture se heurtent à une société patriarcale et traditionaliste et n'osent pas en parler publiquement.

Mais les langues se délient petit à petit, notamment sur internet où, après la publication du post Weibo, un hashtag pouvant être traduit par «transmettre le nom de famille des mères aux enfants» en français a été consulté plus de vingt-sept millions de fois.

Plus qu'un symbole

Le fait qu'une femme ait des difficultés à donner son nom à ses enfants aurait une conséquence majeure: sa famille serait moins encline à lui verser des parts d'héritage, en particulier dans les zones rurales, étant donné qu'elle ne peut ni perpétuer ni faire prospérer le nom de famille.

Il semblerait tout de même qu'il soit de plus en plus courant de donner à la fois le nom de la mère et celui du père.

Au-delà de la transmission aux générations suivantes, le nom de famille en Chine renvoie à une histoire dont les femmes sont souvent exclues. Les Chinoises conservent traditionnellement leur nom de famille après le mariage; une femme mariée continue donc d'être identifiée par la lignée de son père.

«Les femmes ne sont qu'un outil pour produire la prochaine génération. Donc, elles sont pour toujours en dehors des noms de famille», s'insurge une Chinoise sur le réseau social Baidu Feminism Tieba, relayée par le New York Times.

En France, depuis une loi de 2002 entrée en application en 2005, les enfants peuvent porter, suivant le choix de leurs parents, «soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l'ordre choisi par eux». En réalité, à l'image de la Chine, le nom du père est largement privilégié.

Seuls 6,5% des parents choisissent de donner uniquement le nom de la mère à leur enfant, d'après une étude de l'Insee datant de 2014. Selon Le Monde, ce choix s'explique dans neuf cas sur dix par le fait que le père n'a pas reconnu sa progéniture à la naissance. La proportion des parents ayant fait ce choix sans contrainte tombe à 0,65%.

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