Les expéditions pour localiser le bateau de l'explorateur irlandais Ernest Shackleton se suivent et se ressemblent. Aucune ne parvient à mettre la main sur l'épave échouée en 1915, écrasée par les glaces en mer de Weddell, au large de l'Antarctique.
Les scientifiques britanniques de la dernière expédition, menée en 2019 par la Weddell Sea Expedition, ont publié le 8 avril un rapport tirant les conclusions de leurs échecs. L'équipe donne également quelques pistes aux aventurièr·es qui tenteraient de trouver le navire mythique.
La région où L'Endurance repose depuis plus de cent ans est connue. Mais atteindre cette partie de l'Antarctique est un vrai périple, même pour des brise-glace modernes. La glace recouvrant l'épave est très épaisse, et les expéditions futures auront du mal à se rapprocher du site.
Interrogée par la BBC, Christine Batchelor, l'une des autrices du rapport, préconise l'utilisation de deux navires pour «briser la glace et réussir à lancer et récupérer un véhicule sous-marin autonome». Elle recommande par ailleurs d'attendre des conditions de glace de mer favorables dans le centre-ouest de la mer de Weddell.
L'objectif des scientifiques de la Weddell Sea Expedition était de cartographier les profondeurs de la mer de Weddell, afin de créer un modèle 3D de l'épave.
Après avoir rejoint en février 2019 la zone d'échouage, l'équipe a fait plonger son sous-marin de recherche océanographique AUV7. Mais alors que ce dernier s'approchait petit à petit de l'épave, son signal a été perdu et l'appareil n'est jamais remonté, pris au piège des glaces comme L'Endurance avant lui.
Charge historique
Si l'épave du navire suscite tant de convoitises, c'est que son histoire a traversé les âges. Au début du XXe siècle, la course au pôle Sud pousse Ernest Shackleton à tenter ce que personne n'avait osé imaginer avant lui: traverser l'Antarctique de bout en bout, soit un raid de 3.000 kilomètres entre la mer de Weddell et la mer de Ross.
En août 1914, l'explorateur embarque à Plymouth à bord du trois-mâts goélette L'Endurance et se lance dans son expédition transantarctique. Après cinq mois en mer, le navire et ses vingt-huit membres d'équipage sont freinés par une banquise plus dense qu'imaginé.
L'Endurance avance au ralenti, stagne à plusieurs reprises et finit par se retrouver entièrement immobilisé par d'épais blocs de glace. Après avoir abandonné le navire, l'équipage survivra cinq mois sur la banquise dans des conditions extrêmes avant d'atteindre l'île de l'Éléphant, au nord-ouest de l'Antarctique, grâce à des canots de sauvetage.
Au fond de la mer, le voilier reposerait sur un terrain plat, relativement à l'abri de l'érosion, du dépôt de sédiments et des glissements de terrain, précise l'équipe de recherche: L'Endurance pourrait être partiellement intact.