En cherchant bien, on peut trouver sur Facebook de quoi se réchauffer le cœur et croire encore un peu à l'humanité. La journaliste de The Verge Monica Chin s'est penchée sur un groupe comportant actuellement 137.000 membres, intitulé «A group where we all pretend to be ants in an ant colony» («Un groupe où tout le monde fait semblant d'être une fourmi dans une colonie de fourmis»). Et c'est fascinant.
Monica Chin décrit le groupe des fourmis comme l'un de ces «groupes semi satiriques, semi respectueux, connectés entre eux, dans lesquels on s'applique à faire semblant». Pêle-mêle, elle cite également une assemblée dans laquelle tout le monde prétend vivre en 1453, une communauté de faux boomers, mais aussi un groupe dans lequel tout le monde fait semblant de bosser dans le même bureau, vol d'agrafeuse inclus.
Mais pour la journaliste, cette fourmilière facebookienne, créée en juin 2019, revêt un caractère particulier. «Oui, on y échange des blagues et des mèmes. Mais il y a un sérieux unique dans les interactions; c'est comme un monde à part entière». Une déclaration d'amour à la Reine des fourmis (avec une majuscule, comme dans les règles d'utilisation du groupe, très strictes), et ce sont des centaines de commentaires qui affluent pour rappeler à cet utilisateur qu'il n'est pas là pour aimer la Reine, mais pour la servir, et qu'il ferait bien de se remettre au travail.
Là, quelqu'un annonce qu'une larve est portée disparue, et c'est tout un mécanisme de recherche qui se met en place, comme après une alerte enlèvement. Ailleurs, une fourmi raconte qu'un être humain vient d'uriner sur sa famille, tandis qu'une autre pleure son meilleur ami, écrasé sous une semelle. Le quotidien des fourmis est si difficile.
Apaisant
Utilisatrice occasionnelle de ce groupe Facebook (elle se décrit comme une «rôdeuse»), Monica Chin a récemment intensifié ses visites, qui lui font beaucoup énormément de bien. Le premier degré assumé de chacune des publications a clairement un effet purifiant, mais l'essentiel est sans doute ailleurs: dans la façon qu'a ce groupe de nous rappeler sur l'humanité n'est qu'une colonie de fourmis comme une autre.
«J'imagine une fourmi, les pattes ancrées dans le sol, se tenant droite face à d'autres membres de sa communauté», écrit Monica Chin. «Je la vois annoncer, l'air sombre: "Aujourd'hui, l'eau de la mort est tombée du ciel. Beaucoup de bons travailleurs et de bonnes travailleuses nous ont dit adieu". Je sais que ça ne se passe pas réellement comme ça, évidemment».
Reste qu'à travers ce genre d'image, la journaliste affirme prendre chaque jour un peu plus conscience qu'il se passe des choses, un peu partout, bien au-delà de ce que nous pouvons percevoir ou comprendre, et que ça lui est actuellement très utile pour franchir chaque journée et aller de l'avant vers la suivante.