Celles et ceux qui passent leur période de confinement en solitaire peuvent en témoigner: vivre uniquement avec soi-même n'est pas ce qu'il y a de plus stimulant sur les plans affectif et sexuel.
D'après une étude menée par l'entreprise Khoros, spécialisée dans les réseaux sociaux, et reprise par Forbes, les internautes compensent ce manque de contact via internet. L'enquête montre que les échanges de nudes (photo dénudée d'une personne prise par elle-même) ont largement gagné en popularité ces derniers temps.
Par exemple, les tweets contenant à la fois les termes «nudes» ou «dick pics» apposés au mot «coronavirus» ont augmenté de 384% en seulement trente jours. L'usage des émojis pêche et aubergine a aussi explosé sur les réseaux sociaux.
Selon Helen Fisher, chargée de recherche au Kinsey Institute, cette montée de l'expression de sa sexualité sur internet s'explique par plusieurs facteurs.
D'abord, le confinement engendre une augmentation du stress et donc d'une forme d'excitation, décrit la chercheuse. Une impression de sécurité peut aussi entrer en ligne de compte: actuellement, plus personne ne peut se rencontrer physiquement, il n'y a donc plus le poids de l'après-flirt en ligne, de la rencontre réelle.
Helen Fisher pointe également du doigt le fait que les femmes ont tendance à davantage exprimer leurs réels désirs, ce qu'elles ne faisaient pas autant que les hommes sur les réseaux sociaux jusque-là.
Des cas de harcèlement sexuel plus fréquents
Mais tout n'est pas rose, loin de là, sur les plateformes en ligne. Dans une récente enquête, le journal Le Monde donne la parole à des jeunes femmes victimes de cyberharcèlement.
Celles-ci racontent que certaines de leurs photos dénudées ont été publiées par des comptes sur Twitter, Instagram ou Snapchat. Leurs identités sont souvent dévoilées avec les publications et les victimes reçoivent ensuite, dans leurs messageries privées, des torrents de haine, d'insultes, de menaces.
Le 1er avril, une Havraise de 16 ans s'est suicidée après avoir été cyberharcelée via TikTok, Snapchat et YouTube. En cause, ce qu'on appelle des «comptes fisha», gérés anonynement, qui publient des photos ou vidéos qui n'ont jamais eu vocation à être publiques.
La plupart du temps, ces images sont envoyées par des ex, qui veulent se venger, comme l'indique le terme revenge porn. Cette pratique est punie par la loi depuis 2016 et l'entrée en vigueur du texte pour une République numérique. Les peines sont portées à deux ans d'emprisonnement et à 60.000 euros d'amende.