Depuis le début du confinement, tout est à l'arrêt: l'économie, les cours, les bars, mais aussi votre vie sexuelle. Pour celles et ceux qui n'ont pas le luxe d'être cloîtré·es avec l'objet de toutes leurs attentions, l'abstinence en quarantaine peut paraître lourde à supporter, et vos inbox Bumble ont beau se remplir de messages d'inconnu·es, votre lit reste tragiquement froid. Pour faire passer le temps avant d'espérer reprendre une sexualité collaborative digne de ce nom (parce que tout·e seul·e on peut s'amuser aussi), nous avons dressé pour vous une liste d'œuvres 100% chaudes du slip. Petite précision: il ne s'agit pas forcément des films qui contiennent le plus de scènes de sexe ou d'images explicites –si c'est ça que vous cherchez, Love et Nymphomaniac sont sur Netflix, et Pornhub est en accès libre.
Non, les films dont nous voulons parler ici, ce sont des films dont chaque plan transpire le cul et la passion, des films qui bouillonnent de désir, qui sont en chien, bref, des films qui ont LA DALLE. Parfois, ils parlent explicitement et précisément de sexe, parfois pas du tout. Mais ce qu'ils ont en commun avec nous autres célibataires confiné·es, c'est un désir dévorant et inextinguible.
«Mademoiselle»
Dans Mademoiselle, tout le monde est en chien, mais personne autant que les deux héroïnes, Sook-hee et Hideko. Adapté d'un roman de Sarah Waters, le film suit un triangle amoureux érotique et tordu dans la Corée des années 1930. Sook-hee, une jeune voleuse, se fait embaucher comme servante chez la riche Hideko dans l'espoir de l'arnaquer. Mais entre les deux femmes, une connexion se développe rapidement, et l'allégeance de Sook-hee devient de moins en moins nette.
Mademoiselle est un film de faux-semblants, criblé de rebondissements qui vous laisseront sur vos gardes jusqu'à la dernière seconde. Mais c'est surtout un film au style luxuriant dont chaque plan semble infusé de désir: si vous n'aviez jamais envisagé le potentiel érotique des dés à coudre, Mademoiselle vous fera vite changer d'avis. Derrière l'ardeur charnelle des deux héroïnes, mais aussi celle, plus sinistre, de tous les hommes qui les entourent, le film de Park Chan-wook crée aussi de nombreux moments de poésie et de romantisme à couper le souffle.
Disponible sur Canal+.
«Shortbus»
Le film de John Cameron Mitchell s'ouvre sur un jeune homme seul chez lui, en pleine journée, en train de pratiquer (ou au moins, d'essayer) une autofellation –exactement le genre d'initiative qui pourra en inspirer certains à l'heure du confinement. Mais les scènes de sexe graphiques de Shortbus, et elles sont nombreuses, ne se contentent pas juste de nous émoustiller. Elles nous font aussi comprendre le rôle que la sexualité joue dans chaque strate de nos vies; la manière dont elle se répercute sur notre santé mentale, notre estime de soi et notre rapport au monde. Chaque habitant·e de New York dépeint·e dans le film a ses préférences, ses frustrations, ses interrogations et ses complexes. Le film kaléidoscopique de John Cameron Mitchell les traite tou·tes avec bienveillance.
Disponible sur Canal+ ou UniversCiné.
«Portrait de la jeune fille en feu»
Les gens qui pensent que ce film est «trop froid» sont sans doute les mêmes qui ne voient pas l'intérêt des préliminaires. Lorsqu'il est attentif, un long regard peut donner beaucoup plus chaud qu'une énième scène de sexe explicite, et Portrait de la jeune fille en feu, en stimulant nos yeux et notre imagination, l'a bien compris. C'est l'histoire d'une passion qui monte, lentement, entre une artiste (Noémie Merlant) et la femme (Adèle Haenel) qu'elle est chargée de peindre en secret.
Tout en saluant de grands films d'amour comme La Leçon de piano et Titanic, Céline Sciamma réinvente le langage amoureux et les codes de la sensualité. Chez elle, chaque silence, chaque regard, chaque flamme qui crépite et chaque coup de pinceau se charge d'intensité et de désir. Un amour puissant et égalitaire entre deux femmes, qui fait déjà partie des plus beaux de l'histoire du cinéma.
Disponible sur UniversCiné.
«Take This Waltz»
Margot (Michelle Williams) est parfaitement heureuse avec son mari Lou (Seth Rogen). Pourtant, lorsqu'elle rencontre Daniel lors d'un voyage professionnel, elle commence à avoir très chaud –et nous aussi, puisqu'il est joué par Luke Kirby, briseur de cœurs professionnel récemment aperçu dans The Marvelous Mrs. Maisel. Tout cela se complique encore plus lorsqu'elle réalise que Daniel vient d'emménager… juste en face de chez elle. Avec une infinie bienveillance et un sens très maîtrisé de la tension sexuelle, Sarah Polley explore le désir de plus en plus fort de Margot, et son déchirement entre les deux hommes. Le film atteint des sommets d'érotisme, notamment lorsque Daniel explique doucement à l'héroïne tout ce qu'il lui ferait s'il pouvait coucher avec elle. Un regard rare sur le désir féminin dans toute sa complexité.
Disponible sur Orange, TF1 et Apple.
«Stoker»
Oui, c'est le deuxième thriller de Park Chan-wook dans cette liste, mais ce n'est pas de notre faute si le Coréen maîtrise si bien le langage de la tension sexuelle. Dans son seul film anglo-saxon, inspiré librement de L'Ombre d'un doute de Hitchcock, le cinéaste explore la fascination malsaine (mais très émoustillante) entre une adolescente et son oncle. India (Mia Wasikowska) mène une existence froide et étriquée dans la grande demeure qu'elle partage avec sa mère (Nicole Kidman). Lorsque son oncle (le magnifique Matthew Goode) débarque et décide de s'installer avec elles, India se méfie, mais ne peut réprimer une certaine attirance.
Ce qui excite la jeune femme, on le comprend rapidement, c'est surtout leur goût commun pour la violence: avec une montée progressivement délicieuse de la tension, Stoker est le récit initiatique d'une psychopathe en puissance. Certes, c'est tordu, mais c'est aussi très hot.
Disponible sur Canal+ ou Apple.
«Diary of a Teenage Girl»
Quoi de plus turbulent que la sexualité naissante d'une adolescente? Surtout lorsque cette sexualité est prise en main par un homme plus âgé, une expérience tristement banale pour beaucoup de jeunes femmes. C'est ce thème épineux qu'explore la réalisatrice Marielle Heller, avec l'histoire de Minnie, une adolescente curieuse qui se rapproche de plus en plus du petit-ami de sa mère (Alexander Skarsgård), dans les années 1970 à San Francisco. Fine observatrice des rapports humains, la cinéaste parvient à maintenir un équilibre fragile, nous montrant à la fois tout le pouvoir d'excitation que cet homme plus âgé représente pour l'héroïne, mais aussi la dimension malsaine de leur relation. Un récit d'apprentissage sexuel frontal et sans jugement.
Disponible sur YouTube, Apple ou TF1.
«Magic Mike XXL»
En 2012, le monde du cinéma et notre libido ont été profondément secoués par Magic Mike, film brillant de Steven Soderbergh sur la vie d'un groupe de strip-teaseurs en Floride. Mais la suite, filmée et montée par Soderbergh, et réalisée par son bras droit Gregory Jacobs, va encore plus loin. Cette version «XXL» abandonne le personnage le moins intéressant (Adam), étoffe sa bande d'entertainers (hello Donald Glover) et s'abandonne entièrement aux numéros de danse, plus sexy les uns que les autres.
De la scène de bricolage méta qui ouvre le film, à la séquence désormais culte où Joe Manganiello essaie de faire sourire une vendeuse de station essence en dansant sur I Want it that way des Backstreet Boys, Magic Mike XXL est un pur plaisir des sens de sa première à sa dernière minute.
Disponible sur Netflix.
«Sexe, mensonges et vidéo»
En période de confinement, il est plus que jamais crucial de s'en souvenir: les mots peuvent parfois être plus excitants que les actes. C'est en tout cas ce que pense le personnage de James Spader dans le premier film de Steven Soderbergh.
Graham Dalton a un passe-temps particulier: il filme des femmes (consentantes) pendant qu'il les interroge sur leur sexualité et ce qui les excite… Autant vous dire que lorsqu'il débarque dans la vie d'Ann Bishop (Andie McDowell), qui n'a jamais eu d'orgasme, il fout un sacré bordel. Un film aussi sensuel que mélancolique; chef-d'œuvre du cinéma indépendant américain, qui a également remporté la Palme d'or à Cannes.
Disponible sur Netflix.
«La Secrétaire»
S'il y a un habitué des films kinky, c'est bien James Spader (et encore, on n'a pas inclu Crash dans cette liste). Dans ce film de Steven Shainberg, l'acteur joue Edward Grey, avocat très rigide qui se lance dans une relation dominant-soumise avec sa secrétaire, Lee. Celle-ci, incarnée par Maggie Gyllenhaal, est une jeune femme fragile et timide, qui a recours à l'automutilation.
Utilisant le prétexte des fautes de frappes commises par la jeune employée, le patron met en place un jeu sadomasochiste de plus en plus sensuel, à base, entre autres, de séquences de fessées mémorables. Mais c'est aussi à travers cette relation que Lee redécouvre progressivement son autonomie et sa confiance en elle. La dactylographie n'a jamais été aussi sexy.
Disponible sur Amazon Prime Video jusqu'au 15 avril.
«L'Inconnu du lac»
Peu de choses paraissent aussi séduisantes que l'image d'un lac en plein été –surtout en ce moment–, et c'est justement dans ce cadre idyllique qu'Alain Guiraudie situe son film le plus populaire. Au sein d'une communauté de baigneurs gays, L'Inconnu du lac raconte le jeu de chat et de la souris entre Franck et Michel, un bel inconnu qui se révèle rapidement être un meurtrier. Malgré ce qu'il sait sur Michel, Franck ne peut s'empêcher d'être fasciné, et se lance dans un jeu de séduction de plus en plus dangereux. Un thriller érotique obsédant, sublimé par la photographie de Claire Mathon et la performance de Pierre Deladonchamps (qui lui a valu le César du meilleur espoir masculin).
Disponible sur Netflix, Canal+ et TF1.
«La Favorite»
De Canine, sur une famille qui ne sort pas de chez elle et trouve sa satisfaction sexuelle comme elle peut (ne tentez pas ça chez vous), à The Lobster, dystopie où le célibat est interdit et l'accouplement un devoir citoyen, Yorgos Lanthimos s'y connaît en frustration sexuelle cheloue. Mais aucune de ses œuvres n'a autant la dalle que La Favorite, où deux courtisanes fourbes se disputent les attentions de la reine Anne.
Sans compter tous les autres personnages obsédés autour d'elles, du baron Masham, incarné par Joe Alwyn, au comte Godolphin qui ne rate pas une occasion de caresser son canard de manière suggestive. Même la chambre de la reine est littéralement remplie de lapins!!! Bien-sûr, ce qui excite le plus nos protagonistes, c'est le pouvoir, mais le désir charnel sature chaque plan du film, qu'il s'agisse de la scène où la reine Anne dévore du gâteau à mains nues jusqu'à s'en faire vomir, ou des nombreux plans de la sublime Rachel Weisz se pavanant en redingote.
Disponible sur Canal+.
«Call Me by Your Name»
Peu de films nous ont autant émoustillé en 2017 que Call me by your name –encore une œuvre aux suggestions originales de plaisir solitaire. Dans le rôle d'Elio, adolescent épris d'un étudiant américain plus âgé, Timothée Chalamet articule toute la frénésie des premiers émois amoureux. L'alchimie entre le jeune acteur et Armie Hammer fonctionne à merveille, et le film de Luca Guadagnino stimule tous nos sens en nous plongeant dans une Italie idyllique, baignée de soleil et bercée par le chant des insectes. L'œuvre idéale pour tous ceux qui sont en manque de flirt et d'air frais.
Disponible sur Canal+.
«The Lighthouse»
Si l'on devait décrire la filmographie de Robert Pattinson, la frustration sexuelle en serait clairement un des éléments principaux. De son rôle de suceur de sang dans la trilogie Twilight, à High Life de Claire Denis, où les volontaires d'une mission spatiale sont peu à peu dévorés par le désir, le jeune acteur a trouvé sa niche. Dans The Lighthouse, huis clos claustro et horrifique réalisé par Robert Eggers, l'acteur donne la réplique à Willem Dafoe en gardiens de phare coincés ensemble au cœur d'une tempête.
Si le capitaine incarné par Dafoe est plutôt porté sur la bouteille, le personnage de Robert Pattinson, lui, ne pense qu'à une seule chose: niquer. Cloîtrés dans cet espace humide et exigu, les deux hommes se supportent de moins en moins bien, et plongent progressivement dans la folie… Ceux qui vivent particulièrement mal leur abstinence s'y reconnaîtront peut-être.
Disponible en DVD et Blu-Ray.
«Y tu mamá también»
Pour celles et ceux que les histoires de phares maudits au XIXe siècle ne font pas rêver (on ne juge pas), il reste toujours ce road trip initiatique à travers le Mexique, qui met en scène deux meilleurs amis adolescents et une femme plus âgée, qui semblent décidés à prendre du bon temps sur la route. Si les scènes de sexe explicites ponctuent le film, le film d'Alfonso Cuaron parle surtout d'amitié, de maturité, et de l'amour que le cinéaste a pour son pays natal.
Disponible en DVD et Blu-Ray.
«The Duke of Burgundy»
Sidse Babett Knudsen et Chiara D'Anna se donnent la réplique dans ce film onirique au casting exclusivement féminin. Elles y incarnent un couple de femmes qui s'adonnent à des jeux sadomasochistes dans une grande demeure isolée.
Sublime lettre d'amour au cinéma érotique des années 1970, le film de Peter Strickland mettra chacun de vos sens en éveil, et vous donnera quelques idées créatives de jeux de rôle, si vous voulez planifier l'après-confinement.
Disponible sur Canal+.