Quand, pour répondre au tweet d'un·e ami·e, vous postez l'un de vos mèmes favoris (sorti tout droit d'OSS 117 par exemple), il y a de fortes chances qu'il finisse dans la base de données de la bibliothèque du Congrès, à Washington. Une petite équipe d'archivistes collecte en effet toutes sortes de contenus en libre accès sur le web afin de garder une trace de notre culture en ligne pour les générations futures.
Depuis deux décennies, cette équipe d'aventurièr·es 2.0 part ainsi tous les jours à la chasse aux gifs, tweets, blogs, mèmes et images drôles en tout genre devenues virales. La bibliothèque aurait déjà ainsi amassé plus de 2,129 pétaoctets de données, soit 18 milliards de documents numériques, précise le New York Times.
Dans la plus grande bibliothèque du monde, il est donc possible de trouver à la fois l'un des rares exemplaires imprimés de la Bible de Gutenberg et une collection de mèmes Grumpy Cat.
Catalogue de la culture en ligne
Au début, l'objectif était de capturer des moments de l'histoire. Le projet est né de la volonté de collecter tout ce qui se disait en ligne sur l'élection présidentielle américaine de 2000. Un an plus tard, au moment des attentats du 11-Septembre, des millions de messages, d'échanges et d'anecdotes ont envahi la toile, et la petite équipe de la bibliothèque a compris toute l'importance de son travail, relate le média Fast Company.
Autour de 2009, la sélection des contenus en ligne a été élargie. Il ne s'agit plus alors d'étudier seulement les grands événements de l'histoire, mais plutôt de créer un catalogue de la culture en ligne représentative de notre époque pour que, dans un siècle, les chercheurs et les chercheuses puissent avoir une image détaillée de notre société.
La sélection est ardue et le flux permanent de contenus web viraux rend le tri difficile. Pour avoir l'honneur d'intégrer la base de données de cette bibliothèque, le post doit tout de même se plier à quelques règles, détaillées par Slate.com. Tout d'abord, il doit être viral et se propager pendant une période allant d'une journée, comme sur Twitter, à plusieurs années, voire plusieurs générations. Deuxièmement, il doit être adaptable. Chacun·e doit pouvoir se l'approprier, le bricoler et le mettre à sa sauce, à l'image du «Disloyal man», l'image détournée des milliers de fois où l'on voit un homme tenant sa copine par la main se retourner pour regarder une autre fille.
ma vie pic.twitter.com/hiPOlVIJoj
— NEM CHUÀ XIV (@kvtoune) August 25, 2017
Aujourd'hui, le site est accessible à tout le monde, mais autant vous prévenir, c'est un vrai bazar. Face à l'océan de mèmes et contenus viraux, l'équipe s'attache davantage à les répertorier qu'à les rendre faciles d'accès, explique au New York Times Abbie Grotke, qui dirige l'équipe d'archivistes. «Nous n'avons pas le temps de nous arrêter et de le rendre [le site web] plus convivial. Nous essayons juste de tout collecter.»