Pour un peu, on pourrait presque prendre ça pour un hommage à Albert Uderzo, décédé dans la semaine. Car en Europe, un pays résiste encore et toujours à l’épidémie de coronavirus: la Suède. Comme le raconte la BBC dans un reportage, les gens profitent du soleil à Stockholm et les familles mangent des glaces sur la place Mariatorget. Ailleurs dans la ville, des boîtes de nuit ont ouvert cette semaine… Comment tout cela est-ce possible, alors que le pays a près de 3.500 cas de coronavirus et une centaine de décès?
Loin de ses voisins danois, qui a limité les rassemblements à dix personnes max, ou au Royaume-Uni, qui est entré en confinement plus tôt dans la semaine, le gouvernement suédois a choisi la stratégie de l’auto-responsabilité. «Les autorités de santé publique et les politiciens espèrent toujours ralentir la propagation du virus sans avoir besoin de mesures draconiennes», pointe la BBC. Il y a plus de directives que de règles strictes, en mettant l'accent sur le fait de rester à la maison si les personnes sont malades ou âgées, de se laver les mains et d'éviter tout voyage non-essentiel, ainsi que de travailler à domicile.
«Nous qui sommes adultes, nous devons être exactement cela: des adultes. Ne pas répandre de panique ou de rumeurs», a déclaré le Premier ministre Stefan Löfven lors d'une allocution télévisée le week-end dernier. «Personne n'est seul dans cette crise, mais chaque personne a une lourde responsabilité», a-t-il ajouté. Comme la confiance dans les autorités publiques est élevée en Suède, cela pousserait les habitants à adhérer aux directives volontaires. La BBC pointe également un autre facteur pertinent: la démographie. «Contrairement aux foyers multigénérationnels des pays méditerranéens, plus de la moitié des ménages suédois sont composés d'une seule personne, ce qui réduit le risque de propagation du virus au sein des familles.»
Les responsables politiques ont également assumé qu’ils souhaitaient garder les habitants en bonne santé physique et mentale, une autre raison pour laquelle ils souhaitent éviter les règles qui garderaient les gens enfermés chez eux. Une stratégie populaire aussi bien chez les gens que chez les entreprises. «Le monde des affaires ici pense vraiment que le gouvernement suédois et l'approche suédoise sont plus raisonnables que dans de nombreux autres pays», explique Andreas Hatzigeorgiou, PDG de la Chambre de commerce de Stockholm. Les autorités n’ont cependant pas exclu devoir mettre en place un confinement à l’avenir. «Je pense que les gens sont enclins à écouter les recommandations, mais dans ce genre de situation critique, je ne suis pas sûr que ce soit suffisant», a expliqué le docteur Emma Frans, épidémiologiste suédoise.