Critiques envers l'administration chinoise, interrogations sur la capacité du gouvernement à enrayer l'épidémie ou encore informations factuelles sur la propagation du virus: sur l'internet chinois, un large éventail de contenus liés au Covid-19 sont censurés, notamment sur WeChat, l'application de messagerie la plus populaire du pays.
Au total, plus de 500 combinaisons différentes de mots-clés ont été censurées rien qu'entre janvier et février 2020, révèle le laboratoire de recherche The Citizen Lab. Sur WeChat par exemple, il est impossible d'utiliser des tags tels que «Xi Jinping propagation épidémie» ou «virus pneumonie Wuhan».
Pour contourner ces termes interdits, aborder tous les sujets en ligne et exprimer leur colère, les internautes ont désormais recours à un nouveau vocabulaire codé, rapporte Vice News, qui s'appuie sur des recherches de l'ONG Amnesty International.
Des pandas et des nouilles
Le moyen le plus courant d'éviter la censure sur les réseaux sociaux chinois serait d'utiliser des abréviations. Le mot «gouvernement» se transforme ainsi en «zf», tandis que «police» devient «jc».
Toujours selon Vice News, les internautes chinois·es intègrent également dans leur discussion un ensemble de mots courants métaphoriques pour cibler le gouvernement de Pékin.
Les images de pandas représentent le Bureau de la sécurité intérieure, le président Xi Jinping est surnommé «bouteille à col étroit» et le service de communication du Parti communiste est rebaptisé «ministère de la Vérité», en référence au roman 1984 de George Orwell.
Ce n'est pas tout: afin de partager leurs conseils sur l'utilisation de la technologie pour passer outre la censure, les Chinois·es utilisent comme métaphore... les «nouilles phở vietnamiennes».
Surveillance renforcée
Le coronavirus, qui a causé la mort de plus de 3.000 personnes et contaminé 80.000 autres en Chine, fragilise l'autorité du gouvernement, qui tente de garder la mainmise sur le récit de l'épidémie grâce à la censure ou en arrêtant les journalistes trop loquaces.
Pour le Guardian, cette épidémie représente une opportunité pour l'exécutif chinois de contrôler encore plus les réseaux sociaux et, surtout, de renforcer la surveillance sur le territoire.
Selon le média britannique, la reconnaissance faciale est déployée à grande échelle afin de détecter les températures corporelles, et le gouvernement pousse ses citoyen·nes à utiliser les nombreuses applications de santé qu'il a lui-même développées.
L'app Alipay Health Code, qui attribue à chaque personne un code couleur (vert, jaune ou rouge en fonction de la potentielle contamination), envoie toutes les informations personnelles récoltées directement à la police. Parmi celles-ci, on retrouve tous les déplacements en direct de l'individu, étant donné qu'il est demandé de scanner l'appli pour prendre l'avion, le bus ou entrer dans certains endroits.