En Alabama, on ne plaisante pas avec la position du lotus. Depuis 27 ans, la pratique du yoga est interdite dans les écoles publiques. C'est que la discipline est associée à une «philosophie hindoue» et une «méthode de formation religieuse», qui entreraient en contradiction avec les valeurs laïques de l'État.
Il en va de même pour la méditation et la pratique de l'image mentale, en vertu d'une interdiction générale de «l'hypnose et des états mentaux dissociatifs».
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Pour Joe Godfrey, le directeur exécutif de l'Alabama Citizens Action Program, un groupe d'action chrétien, le yoga est avant tout une pratique religieuse hindouiste. «C'est une question de séparation de l'église et de l'État. Vous entendrez les gens invoquer cette raison quand il s'agit de la chrétienté, parce qu'ils ne veulent pas de la prière à l'école. Pourtant, ils veulent enseigner le yoga?»
Cette position est pourtant bien éloignée de la réalité pratique du yoga aux États-Unis, très largement désinvesti de toute dimension religieuse et davantage considéré comme une activité physique.
Pour un yoga made in USA
Jeremy Gray, élu démocrate à la Chambre des représentants de l'Alabama, s'est ainsi saisi du dossier pour lever l'interdiction et réhabiliter la pratique du yoga dans les établissements scolaires. Affirmant n'avoir découvert que récemment et avec surprise l'existence de cette interdiction, il déclarait: «Je ne vois vraiment pas où est le problème. Je veux dire, ma femme fait ça, ma mère fait ça sur le sol de son église méthodiste.»
Mercredi 4 avril, son projet de loi visant à autoriser les cours optionnels de yoga dans les écoles a été adopté par le Comité de la politique de l'éducation, avec un soutien des deux partis. Il devrait être présenté à la Chambre la semaine prochaine.
Le texte proposé reste cependant prudent, afin de prévenir toute accusation de prosélytisme: il y est bien précisé que «tout enseignement du yoga doit se limiter exclusivement à des poses, des exercices et des techniques d'étirement», qui «doivent avoir des noms descriptifs exclusivement en anglais». Par ailleurs, «les chants, mantras, mudrās, l'utilisation de mandalas et du namaste sont expressément interdits».
Si l'on s'attend à ce que quelques groupes conservateurs religieux s'opposent à cette réforme, le projet de loi semble néanmoins bénéficier d'un soutien républicain. Si la loi passe, les écoles resteront libres de proposer ou non des cours de yoga à leurs élèves.