Selon les informations du Guardian, la France a proposé au Royaume-Uni de mettre en commun leurs programmes de dissuasion nucléaire marins. Des représentants des deux pays seraient en discussion sur la faisabilité d'un plan de dissuasion commun, mais les officiels britanniques auraient pour le moment refusé tout accord, arguant qu'un tel partage de souveraineté serait politiquement inacceptable.
La France et le Royaume-Uni maintiennent tous deux une «dissuasion marine continue», qui consiste à avoir au moins un sous-marin nucléaire armé qui patrouille les mers du globe à tout moment. Une pratique «très coûteuse, et dont l'utilité dans un monde post-Guerre froide est contestée par les partisans du désarmement» écrit le quotidien britannique.
Lors d'un discours en mars 2008 à Cherbourg, Nicolas Sarkozy avait déjà évoqué la possibilité d'un partage de la dissuasion nucléaire: «Avec le Royaume uni, nous avons pris une décision majeure, nous avons constaté qu'il n'y avait pas de situation dans laquelle les intérêts vitaux de l'un seraient menacés sans que les intérêts de l'autre le soient aussi.» Une question qu'il a déjà abordée avec son homologue Gordon Brown.
Suite à la collision en février 2009 d'un sous-marin nucléaire français avec un engin du même type britannique, le ministre de la défense Hervé Morin avait déclaré: «Il y a au moins entre Français et Britanniques des choses qu'ils peuvent faire ensemble. Une des solutions, c'est notamment de réfléchir avec les Britanniques aux zones de patrouille.»
Mais la souveraineté nationale est un sujet extrêmement sensible au Royaume-Uni: un officiel britannique a confirmé les discussions bilatérales au Guardian, mais a ajouté qu'un tel accord déclencherait l'indignation au milieu d'une campagne électorale.
En France, la Force océanique stratégique, née de la volonté de de Gaulle de posséder l'arme nucléaire, se compose aujourd'hui de quatre sous-marins nucléaires qui se relaient en permanence. «L'arme nucléaire est l'ultime garantie contre toute menace sur les intérêts vitaux de la France, peut-on lire sur le site du ministère de la Défense. Les SNLE (Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins) assurent la permanence de la dissuasion en emportant la composante océanique de l'arme nucléaire, le missile M45 bientôt remplacé par le M51.»
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Image de Une: Flickr/licence CC by/Thomas Faivre-Dubos