En Indonésie, l'île de Java, sur laquelle se situe Jakarta, est en train de couler, entre autres à cause du pompage des eaux souterraines et de l'élévation du niveau des océans. Si rien n'est fait d'ici à 2050, 95% des zones côtières de la capitale seront submergées.
En réaction, le gouvernement indonésien a annoncé en août 2019 sa décision de créer, ex nihilo, une nouvelle capitale sur l'île voisine de Bornéo. Difficile de dire quand le projet à 34 milliards de dollars sera achevé, tant il reste à faire.
Située dans la province du Kalimantan oriental, sur d'anciennes plantations d'huile de palme, cette ville toute neuve fait avant même sa construction l'objet d'intenses débats en Indonésie, indique la BBC.
Des associations de défense de l'environnement redoutent des conséquences désastreuses pour la faune et la flore de Bornéo –qui reste, malgré la déforestation que connaît l'Indonésie depuis des années, l'un des coins de la planète accueillant la plus grande biodiversité.
Un projet pas si vert
Pour rassurer les associations et les populations de l'île de Bornéo, les architectes de l'entreprise Urban+, qui a remporté l'appel d'offres, ont assuré vouloir travailler avec la nature et non contre.
Le cabinet a dévoilé ses plans pour la ville: 70% d'espaces verts sur 2.500 km2, un institut spécialisé dans la reforestation, un jardin botanique, des zones piétonnes et des transports électriques.
Ces belles promesses ont toutefois un coût, et il sera notamment énergétique. Les trois centrales hydroélectriques prévues pour alimenter la capitale ne suffiront pas et trois autres centrales, à charbon cette fois, seront construites.
Pour certain·es habitant·es de la province, les annonces du gouvernement en matière d'écologie ne sont qu'un cache-misère des problèmes de Bornéo. Entre l'industrie de l'huile de palme, les menaces sur les orangs-outans, les inondations et les feux de forêts réguliers, l'heure n'est pas à la fête, et ce n'est pas la construction de la capitale qui arrangera quoi que ce soit.
«On connaît les intentions de leur “ville-forêt”, mais on ne veut pas qu'ils plantent des arbres –on veut qu'ils protègent ceux qui sont encore là», lâche Syukran Amin, membre d'une tribu locale.