Le plafond de verre auquel se heurtent les femmes est-il grandement dû aux préjugés? C'est ce que suggèrent les dernières conclusions du nouvel indice des normes sociales relatives à l'égalité des sexes, publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui est rattaché à l'ONU.
Cet indice a été calculé à partir des données de soixante-quinze pays abritant plus de 80% de la population mondiale, collectées par le biais de l'Enquête sur les valeurs mondiales, qui a examiné l'évolution des comportements entre 2005 et 2009, puis entre 2010 et 2014. Les résultats de l'enquête montrent que le chemin à parcourir pour atteindre l'égalité hommes-femmes est encore long. Très long même.
Des préjugés, tous sexes confondus
Parmi les populations des pays analysés, dont la France, près de 90% des hommes et des femmes ont un parti pris contre les femmes et expriment au moins un préjugé envers elles dans des domaines tels que la politique, l'économie, l'éducation ou les droits en matière de procréation, explique le rapport.
Parmi ces opinions préconçues, on retrouve par exemple que «les hommes sont de meilleurs dirigeants d'entreprises que les femmes» ou qu'«ils font de meilleurs représentants politiques».
Sur l'ensemble des pays étudiés, seules les populations d'Andorre, d'Australie, des Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande, de Norvège et de Suède ne présentait pas majoritairement d'a priori négatif spécifiquement à l'encontre des femmes. En France, 56% des personnes interrogées dans l'étude, tous sexes confondus, expriment une opinion préconçue défavorable à la gent féminine.
Parmi les multiples chiffres du rapport du PNUD, certains interpellent. Par exemple, 28% de la population interrogée estiment qu'il est parfois justifié qu'un homme batte sa femme. Ou encore, près de la moitié juge que les hommes sont de meilleurs dirigeants politiques, qu'ils sont de meilleurs dirigeants d'entreprises (à 40%) et qu'ils devraient être prioritaires lorsque les emplois sont rares.
Un pas en arrière
Dans un communiqué, le chef du Bureau du rapport sur le développement humain du PNUD Pedro Conceição, précise que «nous avons parcouru un long chemin au cours des dernières décennies» mais qu'«aujourd'hui, la lutte pour l'égalité des sexes est une histoire de préjugés».
Dans certains pays, ils seraient même en progression. Ainsi, en Afrique du Sud, en Inde, au Rwanda, au Brésil et même en Suède –pourtant parmi les bons élèves de l'étude– le nombre de personnes ayant au moins un préjugé négatif envers les femmes a augmenté au cours des neuf dernières années, ajoute le Guardian.
Parmi les nombreux progrès, l'étude souligne tout de même l'amélioration de la parité dans l'accès aux besoins essentiels de la vie et dans les inscriptions à l'école primaire. Mais dans d'autres domaines, comme dans l'accès aux postes importants, l'écart entre les sexes reste bien marqué.
Ainsi, seuls 24% des sièges parlementaires dans le monde sont occupés par des femmes et il n'y a que dix femmes cheffes de gouvernement sur 193, rappelle l'enquête.