Parier sur presque tous les sports
Il est tombé dedans comme beaucoup d’autres: une Coupe du monde, celle de 2014. «Des clients venaient et me disaient qu’ils allaient passer chez le buraliste jouer, après avoir récupéré leur chien», raconte Thierry, toiletteur dans la vie. «J’avais un peu de mal à m'intéresser encore au football. Je me suis dit que c’était l’occasion de mettre un petit peu de piment». Depuis son magasin, il tape “paris sportifs” sur un célèbre moteur de recherche et dépose 100 euros sur netbet.fr.
A partir de cet instant, ce sera un mois le nez dans les cotes et les statistiques. «Je mets directement 100 euros sur le Brésil contre la Croatie. Le lendemain, je dépose l’intégralité sur le Chili». Mais une fois la compétition terminée, c’est la trêve du ballon rond. «Surtout, j’avais l’impression de stagner avec le football».
Un après-midi, il commence à se promener d’onglet en onglet: rugby à XIII, base-ball, foot australien, ... Sur Internet, on peut parier sur à peu près tous les sports. «C’est là que ça a commencé à dériver», rigole-t-il. En live, il se prend de passion pour certains matchs de hockey, commence à se concentrer sur des rencontres de base-ball. «Je n’y comprenais rien, mais je voyais que plusieurs manches se terminaient à 0-0. Je me disais qu’il y avait peut-être un truc à tenter là-dessus».
Tenter le tennis
Thierry étudie le dossier, tout en s’intéressant au rugby à XIII. L’histoire est en marche. «De toutes façons, c’est logique: le football est sûrement le sport le plus incertain. Même en jouant les favoris, tu peux te “broker” [se dit d’un joueur qui perd tout, NDLR]».
Alexandre a pris le même chemin: il est arrivé aux paris sportifs par le football, avant de s’intéresser à tout sauf au sport roi. «Tous les week-ends, c’était pareil, à cause d’un seul but, d’un penalty ou d’un hors-jeu, je perdais. A la fin, j’ai fini par comprendre qu’il y avait sûrement un problème, soit dans mes connaissances sur le football, soit dans l’incertitude qu’il y règne».
Alors qu’il ne lui reste plus grand chose, il regarde les paris proposés en tennis. «Il y avait un ATP quelconque. Quelques noms que je reconnais, des habitués des grands chelems. Je me dis que paumé pour paumé, autant tenter un truc». Et là encore, la magie opère. «Si tu veux perdre, tu peux tenter le tennis effectivement», ironise Thierry.
«Ma coupe du monde à moi»
Parce que le dicton parle de «glorieuse incertitude du sport», et pas seulement du football, lui cherche son bonheur ailleurs. «Pendant plusieurs semaines, je me concentre sur le rugby à XIII australien», se souvient-il. « Les équipes en tête cartonnaient. Et d’un coup, j’ai vu le leader chuter contre une équipe des tréfonds du classement. Et mon pari partir en fumée avec».
En réalité, les équipes déjà qualifiées pour les play-off font tourner avant la phase finale. Les North Queensland Cowboys, d’abord largement leader, laisseront filer les derniers matchs et termineront troisième. «Ils m’ont coûté cher. Mais j’ai eu envie de croire à une stratégie: en quart de finale, ils infligent un 32-0 à leur adversaire. Je me suis dit que, le match d’après, j’allais de nouveau les soutenir».
Une nouvelle fois, les Cowboys ne font pas dans les sentiments et flinguent Melbourne. «Quand j’actualisais le live et que je les voyais marquer point sur point, je me sentais vraiment fort. Ceux qui m’avaient trahi me rendaient heureux». De là à fêter le titre, quelques semaines plus tard, bière australienne en main? «J’étais fier d’eux, alors que je ne les ai jamais vu jouer véritablement. C’était ma coupe du monde à moi».
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