Ah février! Les flocons qui tombent, les amoureux qui rivalisent de romantisme pour la Saint-Valentin et surtout, surtout, le retour des matchs de foot des coupes d’Europe.
Depuis décembre, les amateurs et amatrices de foot rongent leurs freins et n’attendent qu’une chose: la Ligue des Champions et l’Europa League. Oubliées les sorties au ski, finies les fleurs et les mots doux, des milliers de spectateurs et spectatrices vont brancher RMC Sport, service de streaming en direct et en continu qui diffuse en intégralité ces compétitions. Et la Premier League aussi, mais les Anglais ne connaissent pas les pauses, eux.
Des soirées entre potes désargentés
Ça n’a pas toujours été comme cela pour Antoine* ou Marine*. Ces deux trentenaires ont, durant leurs vertes années, cherché à contourner la loi et à regarder des streamings illégaux. «Quand, j’étais étudiant, la solution c’était souvent le bar où ils passaient les matchs», se rappelle le premier, commercial dans l’ouest de la France. «Ça permettait une bonne soirée entre potes. Mais ça c’était souvent en début de mois. Sur la fin, c’était plus compliqué». Le manque de moyens l’amenait à chercher, sur les sites internet, des streamings des matchs de son équipe préférée, la Juventus Turin.
Marine, elle, était plutôt du genre à se faire des soirées chez elle, peu importe le moment du mois. «Avec mes amis, on mettait tout sur les pizzas et les bières. Le moindre détail était envisagé, j’avais plusieurs liens de stream avant», raconte cette infirmière qui vit à Paris (et supporte le PSG). «Sauf que, quand le match commençait, bah ça lâchait souvent».
La recherche de stream a souvent été une raison valable d’arrachage de cheveux chez les fans de ballon rond. L’écran qui s’arrête alors que le son continue (autant écouter la radio)... L’image qui freeze toutes les cinq secondes... Celui qui marche nickel mais qui s’arrête après dix minutes sans qu’on comprenne pourquoi… Le match qui marche plutôt bien mais dont les commentateurs en arabe ou en russe sont insupportables (ne jugez pas, il faut le vivre pour comprendre l’agacement)...
Voir enfin un match sans pression
Tout ça a amené bon nombre de fans de foot à quitter l’illégalité. Marine se souvient du moment comme si c’était hier. Elle a raté une grande demi-finale en 2012-2013: la victoire 4-1 du Borussia Dortmund face au Real Madrid. «J’ai cherché des streams pendant plus d’une heure avant d’abandonner. Aucun ne marchait. Et à côté de ça, j’ai raté un pur match. Mes potes en ont parlé ensuite pendant des jours. Je me suis dit: “Plus jamais ça”».
«Dès que j’ai gagné mes premiers salaires, j’ai commencé à investir pour avoir du foot à la télé sans pression. En vrai je n’en pouvais plus», explique Antoine. «C’est bête mais j’ai eu une pointe de fierté quand j’ai regardé mon premier match tranquille. Je me suis dit: “C’est donc ça être adulte?”».
Le sentiment a été similaire pour Marine, qui ne se voit vraiment pas revenir en arrière désormais. «En vrai, à un moment tu es bien obligé de sauter le pas. Quand tu es jeune, tu peux te trouver des excuses. Mais si des amis te disent à un moment qu’ils viennent voir le match chez toi et que tu les accueilles avec un stream, ça fait pitié». Au moins, si le PSG se qualifie pour les huitièmes, elle n’en ratera pas une miette.
*Les prénoms ont été changés.
Crédit photo: Unsplach