Malpolies, cruelles, parfois insultantes, les «Valentines au vinaigre» servaient à signifier son désintérêt à une personne qui vous avait envoyé une lettre d'amour lors de la Saint-Valentin.
Natalie Zarrelli raconte leur histoire dans Atlas Obscura.
«Vous avez demandé à me voir, gentil Monsieur,
Je vous remercie mais dois vous remercier,
Un prétendant est bien assez,
Et il me satisfait,
Ne m’attendez pas sur le pallier,
Pour me voir m’en aller,
Je ne peux vous faire cela,
Et maintenant, pour moi, ne pleurez pas.»
Dans les années 1840, les cœurs à prendre et les cœurs amoureux s’échangeaient des missives parfumées, brodées et remplies de poèmes à la calligraphie soignée.
Pour répondre aux demandes de prétendant·es non désiré·es, les «Valentines au vinaigre» étaient vendues sous forme de cartes postales un peu grossières. Elles étaient envoyées de manière anonyme à une personne qui, en réceptionnant la lettre de haine, devait aussi s'affranchir des frais de transports auprès du postier.
Natalie Zarrelli est parvenue à consulter un écrit de 1847 témoignant de la popularité des «Valentines au vinaigre» aux États-Unis. Elles représentaient alors la moitié des ventes de cartes de Saint Valentin d'un grand éditeur new-yorkais.
À la fin du XIXe siècle, alors que le mouvement des suffragettes bat son plein, les «Valentines au vinaigre» se dotent de caricature de femmes jugées «laides» puisque demandant le droit de vote.
En 1905, à San Franciso et à Chicago, 50.000 cartes ne peuvent rejoindre leurs destinataires car les postes sont débordées par la popularité des «Valentines au vinaigre».
Progressivement, elles ont (malheureusement?) été remplacées par de nouvelles traditions à base de chocolat, bijoux et roses. Leurs dernières apparitions remontent à 1970.