Deux barrages en mer du Nord, les plus grands jamais construits au monde, c'est ce que proposent deux scientifiques. L’un s’étendrait sur près de 500 km des côtes de l’Écosse à la Norvège. L’autre, d’un peu plus de 150 km, relierait le nord de la France au sud-est de l’Angleterre. Cela permettrait selon les scientifiques de protéger des dizaines de millions d’Européens des conséquences de l’augmentation du niveau de la mer.
Aux grands maux les grands remèdes. «Le concept de construction du barrage met en évidence l'étendue des efforts de protection qui seront nécessaires si les efforts d'atténuation des émissions de CO2 ne parviennent pas à limiter l'élévation du niveau de la mer», précisent les scientifiques à l’origine de cette proposition dans le journal américain de météorologie.
Sans réduction des émissions de CO2, le niveau de la mer pourrait augmenter d’un mètre d’ici à 2100 forçant ainsi des millions de personnes à quitter leurs habitations. Certaines villes côtières comme San Francisco en ressentent déjà les conséquences.
Sjoerd Groeskamp, co-auteur du rapport et océanographe à l’institut de recherche néerlandais sur la mer, le résume ainsi au New York Times: «Voilà un plan, mais un plan dont nous ne voulons pas. Mais, si on finit par en avoir besoin, alors c’est techniquement et financièrement possible.» L'océanographe préférerait que cette idée agisse comme un rappel de l'urgence d'agir auprès des dirigeant·es européen·nes.
Pour combien?
La construction des barrages est estimée entre 250 et 550 milliards de dollars, un coût qui devra être partagé, selon les auteurs, entre la douzaine de pays européens concernée. Les barrages seraient aussi les plus longs jamais réalisés. Actuellement, le record est détenu par la Corée du Sud, avec un très long mur marin de 33 km.
Pour endiguer la mer du Nord, il faudrait déployer des moyens pharaoniques. Ainsi les océanographes estiment que la construction nécessiterait 51 milliards de tonnes de sable soit l’équivalent du total utilisé chaque année dans les projets de construction à travers le monde.
Ce projet n'est pas sans conséquences désatreuses pour les fonds marins et leurs habitants. À force d’isoler la mer, il est probable qu’elle se transforme en eau douce, la rendant invivable pour les espèces qui la peuple actuellement. Les conséquences économiques sur la pêche seraient alors, elles aussi, dramatiques.
Dès 2050, quelques 150 millions de personnes pourraient se retrouver submergées par le niveau des eaux, engloutissant des villes entières selon le plus récent rapport de Climate Central.