Au Kansas près de la frontière avec l'Oklahoma, la ville de Coffeyville a une population de plus de 9.000 habitant·es et, en 2018, une dizaine de ses résident·es ont fait de la prison faute d'avoir payé leurs frais médicaux. La chaîne CBS, en partenariat avec le site ProPublica, a interviewé l'une des familles touchées par ce phénomène.
Tres et Heather Biggs ont des dépenses médicales particulièrement élevées car on a diagnostiqué une leucémie à leur fils et Heather souffre de crises d'épilepsie. Dans leur cas, l'assurance médicale était trop chère et la famille s'est donc retrouvée avec de nombreuses dettes.
En 2008, Tres a été arrêté car il devait environ 2.000 euros à l'hôpital régional où sa femme avait été traitée. Il avait été convoqué au tribunal mais, étant donné qu'à cette époque il travaillait environ soixante-dix heures par semaine, il ne s'y est pas présenté deux fois de suite, ce qui a mené à son arrestation. Il a ensuite passé la nuit en cellule et n'a pu être libéré que grâce à un ami qui lui a prêté l'argent de la caution, soit 450 euros.
Coffeyville n'est pas le seul endroit aux États-Unis où des personnes risquent la prison si elles doivent de l'argent à leur hôpital. Selon l'ACLU, des milliers d'Américain·es se retrouvent en prison chaque année faute de s'être présenté·es au tribunal pour des affaires de dette (médicale ou autre). En effet, alors qu'il est illégal d'arrêter une personne juste parce qu'elle n'a pas payé sa dette, il est possible de l'emprisonner si elle ne s'est pas présentée au tribunal comme convenu.
Pourcentage
Ce qui est particulier à Coffeyville, c'est que l'avocat qui représente les hôpitaux, Michael Hassenplug, bénéficie financièrement du système de manière problématique. Lorsqu'une personne arrêtée paye sa caution pour sortir de prison, Hassenplug récupère un pourcentage de cet argent. Cet avocat préside aussi les audiences des résident·es endetté·es qui doivent prouver une fois tous les trois mois au tribunal que leur pauvreté ne leur permet pas de payer leurs dettes.
De son point de vue, Hassenplug ne fait rien d'injuste car il aide les hôpitaux à récupérer leur argent: «Je fais simplement mon travail. Ils veulent récolter l'argent et je fais mon job du mieux que je peux en respectant la loi.»
Au Kansas, ce genre de situation aurait pu être évitée si le gouverneur républicain de l'État avait accepté de mettre en place une des mesures de la réforme de santé d'Obama, qui offrait des fonds publics pour l'assurance maladie des personnes aux revenus modestes (soit l'expansion de «Medicaid»). Or quatorze États républicains ont refusé ces aides, qui étaient optionnelles, pour des raisons purement idéologiques.