Selon une enquête de Human Rights Watch, 138 personnes qui avaient tenté d'obtenir l'asile aux États-Unis ont été tuées à leur retour au Salvador entre 2013 et 2019. L'organisation de défense des droits humains a aussi trouvé que plus de soixante-dix migrant·es salvadorien·nes avaient fait l'objet d'agressions sexuelles, d'extorsion ou de torture. À cause de l'emprise des gangs, le Salvador a un des taux d'homicides les plus élevés au monde.
De nombreuses victimes mentionnées dans le rapport travaillaient dans la police et l'armée, comme Adriana, une policière tuée par des membres de gang en 2017 après que sa demande d'asile a été refusée en 2015. Quant à Gabriel, soldat, il a confié à Human Rights Watch que depuis son expulsion des États-Unis en 2018, sa famille et lui faisaient l'objet de harcèlement et de menaces de mort régulières.
Même si les expulsions vers le Salvador étaient déjà nombreuses pendant le mandat de Barack Obama, les règles mises en place sous Trump ont aggravé la situation. En effet, les catégories de personnes autorisées à faire des demandes d'asile ont été fortement restreintes.
Mesures aggravantes
En 2018, le ministre de la Justice Jeff Sessions a déclaré qu'être victime de gangs ou de violence conjugale n'était pas suffisant pour faire une demande d'asile aux États-Unis. De même, en 2019, William Barr, qui a succédé à Sessions, a modifié les règles de sorte que les personnes dont les proches ont été assassinés ou menacés ne pourraient plus faire de demande d'asile. Or ces deux cas de figure correspondaient aux situations de nombre de Salvadorien·nes.
Le sénateur démocrate du New Jersey Bob Menendez a réagi ainsi à ce rapport:
«Nous avons de plus en plus de preuves que le gouvernement américain condamne des personnes vulnérables à la mort en les expulsant vers les endroits qu'elles ont fuis.»
Suivant une autre politique récemment mise en place par Trump, les personnes demandant l'asile venues d'Amérique centrale doivent attendre au Mexique, plutôt qu'aux États-Unis, que leur requête soit évaluée. Or en un an, il y a eu plus de 600 cas de crimes violents (dont viols et tortures) à l'encontre de ces migrant·es qui patientaient au Mexique.