Pendant l'hiver 2011, un bateau avec à son bord un groupe d'élèves danois·es en voyage scolaire a chaviré dans les eaux glacées du fjord de Præstø. Quand les secours sont arrivés sur place, ils n'ont pu que constater que les étudiant·es étaient déjà mort·es depuis deux heures. Pourtant, aujourd'hui, ces personnes sont bien vivantes, raconte Wired.
Le fait d'être plongé·es dans des températures extrêmement froides les a placé·es dans un état entre la vie et la mort. Une fois à l'hôpital de Copenhague, les médecins sont passés au-delà du diagnostic de mort avérée –la température d'un élève avait chuté jusqu'à 17,5°C– et ont réchauffé lentement leur sang d'un degré toutes les dix minutes. Six heures après, les jeunes gens étaient revenus à la vie.
Temps suspendu
Quand le corps est rapidement refroidi, ses fonctions vitales sont temporairement arrêtées et le métabolisme ralentit suffisamment pour protéger les organes de dégâts causés par le manque de sang et d'oxygène, précise Radio Canada.
«Il y a de nombreux rapports de personnes qui se noient dans l'eau froide et se portent bien, car elles refroidissent assez vite pour protéger le cerveau et le cœur», explique le chirurgien en traumatologie Samuel Tisherman.
Le froid permet en fait de gagner du temps –une donnée précieuse dans un bloc opératoire. Le Centre médical de l'Université du Maryland où officie Samuel Tisherman a mis au point un processus de refroidissement similaire, actuellement en phase d'essai, qui permettrait de donner plus de temps aux chirurgien·nes lors de certaines opérations.
L'équipe a réussi pour la première fois à placer des êtres humains dont les blessures étaient jugées trop critiques pour être soignées par des interventions traditionnelles, en «animation suspendue», fin novembre 2019, relate New Scientist dans un article.
Cette technique, appelée Emergency Preservation and Resuscitation (EPR), consiste à refroidir de plus de 20°C des personnes ayant subi un arrêt cardiaque à la suite d'une blessure par balle ou par arme blanche. Ce refroidissement est effectué rapidement en remplaçant le sang de la victime par une solution saline glacée.
À environ 10°C, l'activité cérébrale s'arrête presque complètement, et l'équipe chirurgicale dispose alors de deux heures pour réparer les blessures, contre quelques minutes sans EPR.
Pour autant, le succès de l'opération effectuée dans le cadre d'un essai clinique reste encore à prouver, selon Courrier international, qui précise que le nombre de patient·es qui ont survécu n'a, à ce jour, pas été communiqué.