Arrêter de fumer serait comme remonter le temps. Selon une nouvelle étude britannique, quand une personne en finit avec la cigarette, les cellules de ses poumons abîmées par le tabac sont petit à petit remplacées par des cellules saines. Le risque de développer un cancer serait alors considérablement réduit.
Pour les besoins de cette étude, coordonnée par le Wellcome Sanger Institut de l'University College de Londres, les scientifiques ont analysé les biopsies pulmonaires de seize individus de différents groupes: personnes fumeuses, ex-fumeuses et n'ayant jamais fumé.
Publiés dans la revue Nature, les résultats montrent que neuf cellules pulmonaires sur dix avaient subi des mutations cancérigènes chez les volontaires de l'échantillon fumeur.
En revanche, parmi les personnes ayant arrêté de fumer, certaines des cellules endommagées avaient été remplacées par des cellules saines semblables à celles observées chez les individus qui n'avaient jamais fumé. Ces sujets avaient par ailleurs quatre fois plus de cellules pulmonaires en bonne santé que ceux continuant la cigarette.
L'échantillon étudié étant relativement petit, d'autres études similaires devraient prochainement voir le jour afin de confirmer ces premiers résultats très encourageants.
Reconstitution de la muqueuse
Comment ce remplacement s'explique-t-il? Le processus n'est pas encore tout à fait compris par les scientifiques, mais les premières hypothèses suggèrent qu'il existerait un réservoir de cellules saines prêtes à reconstituer la muqueuse des voies respiratoires.
«Une fois que la personne a cessé de fumer, les cellules prolifèrent progressivement dans la zone pour remplacer les cellules endommagées, a déclaré l'auteur principal de l'étude, Peter Campbell. [L'étude] montre qu'il n'est jamais trop tard pour arrêter.»
L'équipe de recherche a néanmoins mis en garde contre les dommages permanents plus profonds causés par la fumée dans les poumons. Ces derniers peuvent entraîner des maladies pulmonaires chroniques et conduire, à terme, à la mort.
En France, le tabac est responsable d'une mort sur huit, indique l'agence Santé publique France –soit 75.320 décès sur les 580.000 enregistrés en 2015. Les principales causes de décès liées au tabagisme sont les cancers, dans 61,7 % des cas, devant les maladies cardiovasculaires et respiratoires.