«Je suis un opposant à la politique de Poutine, un athée et un partisan des minorités. Je savais que s’ils m’attrapaient, ils m’auraient jeté en prison». Alexandre Dolgopolov est un humoriste russe de 25 ans (et n'a rien à voir avec le tennisman ukrainien homonyme). Dans des entretiens à The Independent et à Radio Canada, il a raconté son histoire de comédien menacé par la police. Selon le média canadien, les policiers ont commencé à se renseigner sur lui après un spectacle il y a un an où il se moquait de Jésus, de la Vierge Marie, ainsi que de Vladimir Poutine et de ses fervents supporters. «Si Poutine ordonne à tous les Russes de se jeter dans la lave que diront-ils? Mon Dieu, quel cauchemar! Où est-ce que l'on va trouver autant de lave?», avait notamment blagué l’humoriste.
Depuis, la police a envoyé une lettre au propriétaire de la salle de spectacle de Saint-Pétersbourg et a exigé des détails sur l’humoriste et son numéro. D’après Radio Canada, elle agirait sur la base d’une plainte pour «insulte à la foi des croyants», ce qui est considéré comme un crime en Russie et passible de trois ans de prison.
«La menace de poursuites pénales contre M. Dolgopolov est bien réelle. Le simple fait de mentionner Jésus et faire un blasphème dans la même phrase pourrait servir de prétexte à une accusation», a expliqué Samir Gainutdinov, un avocat du groupe de défense Agora (un groupe russe de défense des droits de l’homme, ndlr) à The Independent.
Alexandre Dolgopolov a affirmé avoir quitté le pays mercredi dernier, quand il a appris que deux policiers en civil l’attendaient «dans un bar où il devait donner un spectacle à Moscou», explique Radio Canada. «On a pris l’habitude de voir les autorités sévir contre les manifestants, contre les opposants politiques, les blogueurs, mais la police vient, à mon avis, de franchir une nouvelle étape en s’acharnant sur un simple humoriste», a déclaré son avocat, Leonid Solovyov. Bien qu’Alexandre Dolgopolov ne soit accusé de rien pour le moment, ce dernier affirme qu’il restera hors du pays «le temps qu’il faudra, d’ici à ce que la police précise ses véritables intentions».