Au moins 175 enfants ont été victimes d'agressions pédophiles au cours des quatre-vingt années d'existence de la Légion du Christ, une branche mexicaine ultra-conservatrice de l'Église catholique romaine. Un rapport interne publié ce samedi 21 décembre revient notamment sur l'affaire du prêtre Marcial Maciel, et révèle l'ampleur des crimes perpétrés au sein de la congrégation.
En 2006, le Saint-Siège, avait, avec l'aval du pape Benoît XVI, «invité» Marcial Maciel, fondateur de la Légion du Christ, «à une vie réservée de prière et de pénitence, en renonçant à tout ministère public», reconnaissant à demi-mots les actes pédophiles commis sur de jeunes séminaristes par le prêtre mexicain.
Celui-ci est mort deux ans plus tard, à l'âge de 87 ans, sans avoir jamais été confronté à la justice ni à ses victimes. Au total, Marcial Maciel aurait agressé au moins 60 mineurs, principalement de jeunes séminaristes, âgés de 11 à 16 ans, et deux de ses propres fils, qui ont dénoncé leurs viols en 2010, dans la foulée de révélations sur la double vie du prêtre.
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18 prêtres toujours en poste
Le nouveau rapport, rédigé par une commission créée en juin par Eduardo Robles-Gil, le directeur général de la congrégation, a été publié sur le site ceroabusos.org («zéro agression»). Il s'étend de 1941, date de la fondation de la Légion du Christ, au 16 décembre 2019.
Au moins 33 prêtres et diacres seraient impliqués dans des actes pédocriminels sur 175 mineurs. Parmi eux, 18 font toujours partie de la Légion du Christ, mais ne sont plus en contact avec des mineurs et n'officient plus en public.
«Sur les 33 prêtres, six sont décédés sans être jugés, un a été condamné et un autre –qui a déjà perdu son statut clérical– est actuellement en procès», note le rapport, qui ne précise pas la situation des 25 autres prêtres, mais relève qu'«il y a probablement plus de cas d'agression que ceux recensés dans le rapport et [que] les statistiques devront être mises à jour régulièrement».
Quatorze des prêtres incriminés auraient eux-mêmes été victimes d'agressions pédophiles lors de leur parcours au sein de la Légion du Christ. Le rapport en conclut à l'existence de «chaînes d'agression».
Ayant longtemps bénéficié des grâces du Saint-Siège, la congrégation avait fait l'objet de réformes internes au moment des accusations portées contre Marcial Maciel, souvent jugées insuffisantes.