«Taureau: Vous aurez honte de vos actions. Si vous voyagez illégalement en Australie par bateau, attendez-vous à être renvoyé chez vous, où vous serez humilié par votre communauté. La malchance vous frappera.»
Créé par le département des Affaires intérieures d'Australie puis diffusé au Sri Lanka, ce faux horoscope, où chaque signe astrologique se voit attribuer un mauvais présage en cas de traversée illégale entre les deux pays, fait froid dans le dos. Le but? Dissuader les Sri-Lankais·es de demander l'asile sur le territoire australien.
Ces prédictions négatives sont écrites en anglais et auraient été distribuées au cours des deux ou trois dernières années, selon Buzzfeed News, le média américain qui s'est procuré ces affiches.
Parmi elles, en cas de voyage illégal en bateau, la personne demandant l'asile s'expose à être «endettée éternellement» si c'est un·e Sagittaire, à subir une «tempête de malchance» si son signe est Capricorne ou encore à «perdre les bijoux de sa femme» si c'est un·e Gémeaux.
Cette campagne publicitaire utilise volontairement l'horoscope comme outil de dissuasion, car il bénéficie d'un engouement particulier dans le petit pays insulaire du sud de l'Inde. Ce type d'augures influent quotidiennement sur les décisions importantes de bon nombre de Sri-Lankais·es.
«Vous ne ferez pas de l'Australie votre foyer»
L'Australie n'en est pas à son coup d'essai: ces dernières années, elle a dépensé des millions de dollars en campagnes publicitaires dans des pays dont les habitant·es tentent de migrer vers l'île. Panneaux d'affichage, publicités en ligne, vidéos sur les réseaux, l'État fait preuve d'une grande ingéniosité pour effrayer les demandeurs et demandeuses d'asile.
En 2013, à travers une campagne intitulée «Pas question, vous ne ferez pas de l'Australie votre foyer», les autorités avaient diffusé un roman numérique illustré de dix-huit pages destiné aux Afghan·es. On pouvait y voir des migrant·es en détresse dans un centre de détention, souffrant de problèmes médicaux et de dépression.
L'Australie a un régime très strict de protection des frontières. Elle refoule systématiquement les bateaux de clandestins, et si par mégarde certaines personnes arrivent à passer entre les mailles du filet, elles sont exilées dans des camps de rétention reculés du Pacifique ressemblant à des îles-prisons.
Jusqu'alors, les migrant·es prenaient la mer à partir de l'Indonésie pour débarquer sur les côtes australiennes. «Cela fait presque quatre ans qu'aucun Sri-Lankais n'a atteint l'Australie par le biais d'un voyage illégal en bateau, peut-on lire en bas de l'affiche. Pendant cette période, les autorités australiennes ont arrêté et renvoyé plus de 160 Sri-Lankais qui ont tenté de se rendre illégalement en Australie.»