Tech & internet / Monde

Apple et Google en procès pour exploitation d'enfants dans des mines en RDC

Temps de lecture : 2 min

Cinq grandes entreprises technologiques sont citées dans cette affaire initiée par des familles d'enfants tués ou blessés.

Un enfant passe devant un camion transportant des roches extraites d'une mine de cobalt à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 23 mai 2016. Ces enfants seraient payés environ 2 dollars par jour. | Junio Kannah / AFP
Un enfant passe devant un camion transportant des roches extraites d'une mine de cobalt à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 23 mai 2016. Ces enfants seraient payés environ 2 dollars par jour. | Junio Kannah / AFP

La provenance des composants de nos téléphones portables fait régulièrement l'objet de critiques. L'opacité des circuits d'achat des minerais, dont le cobalt, essentiel à bon nombre d'outils technologiques, empêche trop souvent la mise en accusation des entreprises qui se fournissent dans des mines aux conditions humaines déplorables. Pour la première fois, un procès a été lancé contre certaines des plus grandes sociétés technologiques.

Apple, Google, Dell, Microsoft ou encore Tesla sont accusées d'aider et d'encourager les sociétés minières qui forcent des enfants à travailler au fond des mines dans des conditions dangereuses –causant de nombreux décès ainsi que des blessures– afin d'approvisionner en cobalt leur chaîne de fabrication de smartphones, d'ordinateurs portables et de voitures électriques.

Intenté par le cabinet de défense des droits humains International Right Advocate au nom de quatorze parents et enfants de la République démocratique du Congo (RDC), ce procès historique qui se tiendra à Washington pourrait ternir l'image de ces géants.

Selon les familles, leurs enfants travaillaient illégalement dans des mines appartenant à la société minière britannique Glencore, qui vend son cobalt à Umicore, un négociant basé à Bruxelles, lui-même principal fournisseur d'Apple et autres grands groupes mis en cause. Les documents d'accusation pointent également du doigt l'exploitant minier chinois Zhejiang Huayou Cobalt, autre ravitailleur de ces firmes américaines.

Ce précieux cobalt permet la fabrication des batteries au lithium utilisées dans des millions de produits informatiques. Le marché augmente avec la demande d'outils technologiques peu coûteux, et il devrait doubler d'ici fin 2020 selon un article du Guardian.

Dommages-intérêts

La République démocratique du Congo fait les frais d'une telle ruée vers le cobalt. Plus de 60% de la production mondiale de ce minerai provient du sud de la RDC, principalement de la région de Kolwezi. Cette ressource ne profite malheureusement en rien à la population du pays, qui reste l'un des plus pauvres et instables au monde.

Près de 255.000 creuseurs, dont 35.000 enfants, travailleraient dans les mines de ces régions particulièrement déshéritées. Avec des pelles et des pics, ils creusent sans protection dans des tunnels mal aérés, qui menacent de s'effondrer, pour environ 2 dollars (1,80 euro) par jour selon les familles congolaises à l'origine du procès.

Parmi elles, certaines ont perdu leurs enfants dans des effondrements de tunnels, d'autres ont désormais des enfants paralysés ou grièvement blessés. Par conséquent, les familles demandent une condamnation et des dommages-intérêts.

Selon l'accusation, Apple, Google, Dell, Microsoft et Tesla étaient au courant de la provenance de leur cobalt et seraient donc complices du travail forcé de ces enfants. Par ailleurs, plusieurs documents mis en avant par les avocats des familles montrent que ces entreprises ont la capacité de superviser et de réglementer leurs chaînes d'approvisionnement et d'éviter ainsi de cautionner et financer de telles exactions.

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