Politique

Jean-Luc Mélenchon n'est pas antisémite, mais...

Temps de lecture : 13 min

Dans ce «mais» vient une tragédie.

Après la défaite de Jeremy Corbyn aux législatives britanniques, Jean-Luc Mélenchon a publié un post sur son blog. | Ludovic Marin / AFP
Après la défaite de Jeremy Corbyn aux législatives britanniques, Jean-Luc Mélenchon a publié un post sur son blog. | Ludovic Marin / AFP

Si l'on croit encore que «l'increvable exigence d'égalité», le mot est de Régis Debray dans la dernière livraison de l'Obs, est l'urgence de notre temps, alors il nous faut violemment réprouver Monsieur Jérémy Corbyn, qui par bêtise politique, lâcheté, incompétence, a offert l'Angleterre au pire capitalisme, que ni la décence, ni la diplomatie, ni les normes européennes ne sauront désormais empêcher.

Il faut détester l'insuffisant Monsieur Corbyn, parce qu'il était le garant de l'increvable exigence et qu'il l'a trahie, abimée. Il faut qualifier Monsieur Corbyn: un malfaisant politique, qui a laissé croire que le renouveau de la gauche, l'increvable exigence qui sous-tendait son programme, pouvait être associée à une passion infâme. Il faut vouer aux gémonies l'horrible Monsieur Corbyn, qui a compromis le socialisme avec la haine des juifs, et a rendu alors la victoire socialiste odieuse aux scrupuleux. Et pour cela notamment, que le nom de Monsieur Corbyn s'efface de l'histoire des gauches; il est gravé dans la honte, et seule la working class, maintenant, va en payer le prix.

Faut-il aussi souhaiter que s'efface le nom de Jean-Luc Mélenchon? La question n'est pas simple et ô combien douloureuse, tant ce tribun cérébral et tripal a incarné la défense du peuple et pris possession de nos imaginaires et de nos affects. Mais elle se pose pourtant, au nom même de l'increvable exigence, si Mélenchon continue par ses méchantes humeurs à la discréditer. S'il persiste à devenir un Corbyn de chez nous, qui rend impossible ce qu'il nous faut aimer.

De colère en aigreurs

C'est infiniment triste et pourtant devant nous, de colères en aigreurs, en scandales, Mélenchon y conduit. C'est infiniment triste quand on connaît Mélenchon comme moi, quand on sait quels désirs habitent cet homme, quel sens de l'histoire, quelle aversion de l'injustice, quelles blessures nées du mépris qu'on reçoit; c'est infiniment triste quand à l'occasion d'un discours, d'une intelligence retrouvée, Mélenchon échappe à la malédiction qu'il s'inflige. Mais aussitôt il replonge, de colère, de grincement, et contribue à l'idiotie du monde, lui qui a tant lu.

Mélenchon, on le connaît, c'est infiniment triste, mais la seule tristesse est la fin possible de la gauche. Peut-être, anglais, me lamenterais-je sur Jeremy le sincère, j'aurais tort aussi bien.

Corbyn défait, Mélenchon en a écrit un texte. Il est à son image, intriguant, inspirant, absolu, paradoxal et systémique; il est aussi à sa grimace, méchant et pervers, haineux, hasardeux. Deux choses, deux Mélenchon à la fois.

Intrigante, la thèse de Mélenchon sur un Corbyn qui n'est pas tombé parce que radical économiquement, mais pour avoir montré des faiblesses face à l'ennemi de classe, pour avoir hésité, dissimulé, tenté des synthèses avec les gauches modérées, sollicité des indulgences, espéré une «bonne réputation», pour n'avoir pas osé la véritable rupture avec le Labour d'antan, pour n'avoir pas su être l'homme d'un Brexit de gauche, pour n'avoir pas assumé la rupture absolue qui s'imposait. Intrigante et vivifiante cette thèse, à contre-courant des analyses centristes que l'on entend habituellement, qui, sous couvert de bon sens, prétendent interdire un autre ordre des choses que le libéralisme. On peut entendre ce Mélenchon-là: on doit le discuter.

Mais dans les timidités qu'il impute à Corbyn, Mélenchon ajoute celle-ci. Le leader du Labour aurait eu tort de s'excuser sur le dossier de l'antisémitisme, accusé qu'il était d'avoir laissé ce poison polluer le Labour. Mélenchon écrit ceci: «Au lieu de riposter, il a composé. Il a dû subir sans secours la grossière accusation d'antisémitisme à travers le grand rabbin d'Angleterre et les divers réseaux d'influence du Likoud (parti d'extrême droite de Netanyahu en Israël). Au lieu de riposter, il a passé son temps à s'excuser et à donner des gages.»

Et Mélenchon conclut son texte en actant ses refus, pour faire comprendre aux siens qu'il ne sera pas Corbyn. «Retraite à point, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF: c'est non. Et non c'est non.» Et voilà donc, en conclusion de l'analyse, le Conseil représentatif des institutions juives de France érigé en adversaire majeur, au même titre que les politiques de M. Macron, de Mmes Merkel ou Von der Leyen, au même titre que le capitalisme et ses ruses sans fin.

Les juifs comme cible politique

Une association juive en France doit être combattue comme on combat les exploiteurs et leurs gouvernements? Jean-Luc Mélenchon s'égare dans une disproportion. Il prend le risque de faire des juifs une cible politique, si une gauche de faible vertu doit se chercher des excuses. Jean-Luc Mélenchon tangente des libelles des siècles précédents, sur les puissances juives qui tiendraient notre monde: puisque le CRIF est puissant et hostile comme l'Union européenne et le capitalisme vert; puisqu'un grand-rabbin en Angleterre et des agitateurs du Likoud israélien ont eu raison du camarade Corbyn. Jean-Luc Mélenchon s'égare enfin d'un mensonge, ou bien s'aveugle-t-il, puisqu'au passage il nie une vilenie.

L'antisémitisme qui a saisi le Labour Party sous Jeremy Corbyn n'est pas l'invention de l'extrême droite israélienne ou d'un rabbin mal intentionné. L'antisémitisme est une passion politique portée par des cercles d'extrême gauche attirés au Labour requinqué de Corbyn et protégés par son pouvoir, qui ont amené avec eux une manière odieuse d'être pro-Palestinien: ces nouveaux militants ont pourchassé de leur vindicte des camarades, des élus, soupçonnés de sionisme, accusés en réunion, dénigrés jusqu'à leur démission parfois.

Des juifs, sous Corbyn, ont été chassés de fait du Labour qui était toute leur vie. Deux députées de Liverpool, la ville rouge, ont fui le parti, l'une après l'autre: l'ambitieuse Luciana Berger, qui liait son engagement à gauche à l'injonction religieuse du «Tikkun Olam», la réparation du monde, qui pressait les entreprises à assumer leurs obligations sociales et dont le grand-oncle Manny Shinwell avait été le ministre travailliste de la nationalisation du charbon. Et Dame Louise Ellmann, dont un des derniers combats fut la défense de l'hôpital de Liverpool, qui prit en octobre «the truly agonizing décision» de quitter le labour après 55 ans de militantisme, écoeurée d'être devenue la cible de nouveaux membres obsédés par le Moyen-Orient.

En un parti normal, Corbyn aurait dû disparaître. Il est resté et le Labour avec lui s'est perdu.

Une vie militante toute entière à gauche, mon bon Jean-Luc, une vie comme la tienne balayée par ce que Corbyn a laissé faire, lui qui dans sa passion palestinienne pouvait se commettre avec des enragés, un négationniste même, ou un prêtre antijuif qu'il défendait pour avoir eu le courage «de se dresser contre le sionisme». En 2013, Corbyn, devant une petite assemblée, avait épicé un discours anti-impérialiste parfaitement honorable d'une pique odieuse contre les «sionistes britanniques»: «Les sionistes britanniques ont clairement deux problèmes. Premièrement, ils ne veulent pas étudier l'histoire et deuxièmement, bien qu'ayant vécu dans ce pays depuis très longtemps, probablement toute leur vie, ils ne comprennent pas non plus l'ironie anglaise.» C'était un mot simplement antisémite pour qui sait lire, accusant par métaphore les juifs liés à Israël d'être étrangers en leurs pays. La vidéo ressurgit en 2018. En un parti normal, Corbyn aurait dû disparaitre. Il est resté et le Labour avec lui s'est perdu.

Penses-tu, Jean-Luc Mélenchon, que je manque d'humour français?

Mélenchon, je le connais, je le sais, n'est pas antisémite et, quand il pense, est l'opposé du rustre qu'il semble devenir. Mais quand il parle du CRIF, il résonne comme Corbyn et ses mots sont codés: «génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF», écrit-il? La génuflexion ravive l'argument des dominations juives: «Les juifs ne sont grands que parce que nous sommes à genoux» écrivait dans une profession de foi restée célèbre l'artiste montmartrois Adolphe Willette, «candidat antisémite» aux élections à Paris en 1889.

L'arrogance rappelle la plus malheureuse des phrases de De Gaulle, sur un peuple juif «sûr de lui-même et dominateur», qu'il fustigea pour punir Israël d'avoir attaqué les pays arabes qui le menaçaient, en dépit de ses conseils de prudence, au printemps 1967. L'accusation de communautarisme est un discrédit républicain, puisque le CRIF sortirait des préoccupations universelles pour le seul intérêt d'un groupe étranger aux causes communes. Ce mot, communautariste, sert chez d'autres haineux à isoler les musulmans. Il a ici, sur une institution juive, la même fonction. C'est une tragédie, quand bien même cette institution, le CRIF, trop souvent, déshonore ce qui devrait l'animer.

Car il faut être juste au moment où l'on perd Mélenchon. S'il quitte la raison, on l'a accompagné.

L'évolution d'une institution

Le CRIF appartient à l'histoire de France. Il est né dans un temps que Mélenchon révère: la Résistance, qui vit se rapprocher dans la survie et la lutte des réseaux juifs auparavant opposés, religieux et bourgeois, israélites de souche et prolétariat immigré, sionistes et communistes… Le CRIF porta longtemps la pluralité du judaïsme français, et exprima comme des notables peuvent le faire ses préoccupations diverses.

L'institution CRIF penche désormais à droite. C'est une plaie de l'époque, d'autant que la droite, désormais, n'est plus Raymond Aron, mais bien souvent l'imbécilité vociférante que l'on sait aux États-Unis, en Angleterre, en Hongrie, en Italie ou en Israël: Netanyahu n'étant que la déclinaison israélienne de l'illibéralisme populiste qui ravage l'Occident… Le CRIF penche vers une droite idiote, ce n'est pas toute son histoire.

Il fut aussi, quand la planète espérait, un hôte qui chaque année, à son dîner, invitait avec la République les ambassadeurs d'Israël et des pays arabes, y compris la révolutionnaire Leila Shahid, représentante de la Palestine qui alors construisait avec Israël une paix depuis ravagée. Un jour peut-être, ce temps reviendra? Le CRIF est plus poreux aux méchantes atmosphères qu'il ne les provoque. Ainsi sont les institutions. Le CRIF est aussi un acteur vigilant contre l'antisémitisme et le négationnisme, qu'il documente, c'est sa fonction, et qui ne sont pas une vue de l'esprit.

Une blessure profonde

Le CRIF est utile et décevant à la fois. Il n'est pas sans défaut dans le choix de ses cibles. Mélenchon en est une et ce fut une erreur, longtemps pensé-je une infamie, et, sans aucun doute, pour Mélenchon une blessure profonde. Le sujet est ce que cette blessure fait de lui.

En mars 2018, une vieille dame juive, Mireille Knoll, ayant été tuée chez elle dans des conditions atroces, une marche blanche s'organisa en hommage républicain. Contre le souhait exprimé du fils de la victime d'accueillir chacun au deuil de sa maman, Francis Kalifat, président du CRIF, s'autorisa à récuser la présence à cette marche de Jean-Luc Mélenchon, indigne selon lui de pleurer une juive assassinée, puisque son «Parti de gauche» soutenait, en soutien aux Palestiniens, le boycott d'Israël. Ce n'était pas la première fois que Kalifat excluait Mélenchon du possible et le traitait comme on traite usuellement la seule extrême-droite. Mélenchon alla rendre hommage à Madamde Knoll. Il fut menacé par une extrême droite juive et protégé en même temps par des manifestants, en dépit parfois de leurs désaccords. Il garda de l'épisode le souvenir d'une violente injustice. Cet homme n'oublie jamais.

Après combien d'avanies, un homme devient-il ce que disent ses ennemis?

Après combien d'avanies, un homme devient-il ce que disent ses ennemis? Jean-Luc Mélenchon n'est pas antisémite, je l'ai écrit, je le réaffirme, mais. Dans ce «mais» vient une tragédie. Jean-Luc Mélenchon n'est pas antisémite, mais le mal qu'on lui fait, tribun autocentré, devient chez lui une fureur politique qui domine et égare sa raison. Monsieur Kalifat est un indigne porte-parole des juifs de ce pays. Mais son association n'est qu'un groupuscule médiatique, qu'un possible Président pourrait mépriser. Jean-Luc Mélenchon, dans sa vexation et dans ses populismes, s'ingénie, par défi, par aveuglement, par orgueil, par égocentrisme à lui donner raison: nul ne peut s'en réjouir.

On ne fait pas attention aux langages d'un homme mais un jour, cumulés, ils font sens contre lui. En 2014, Israël, bombardé, mena une guerre à Gaza, cruelle, brutale, et cette guerre fit écho chez nous jusque dans des affrontements de rue et des cris antisémites. À l'université d'été de son parti, Jean-Luc Mélenchon défendit Gaza et les Palestiniens victimes de la force d'un État: il était justifié.

Puis il élargit son propos et sa vindicte en des termes étranges. «La République, c'est le contraire des communautés agressives qui font la leçon au reste du Pays», avait dit Mélenchon, après avoir blâmé les juifs français qui soutenaient Israël ou avaient émigré dans ce pays où ils étaient soldats, «ceux de nos compatriotes qui ont cru bien inspiré d'aller manifester devant l'ambassade d'un pays étranger ou d'aller servir sous ses couleurs les armes à la main». Mélenchon avait expliqué aussi qu'il pouvait fustiger Israël, puisque «nous ne croyons pas aux peuples supérieurs aux autres». Je passe ici les soubassements d'un verbe vieux de cinq ans.

Mélenchon connaît trop bien l'histoire et les mots pour ne pas savoir ce qu'il remuait. Mais dans ce Mélenchon, on entendait Corbyn, un archétype: l'homme de gauche, ami des peuples, de tous les peuples, sauf un, le peuple Israëlien, et qui exclut de la Nation celui qui défend un pays détesté. Nombre de juifs, à raison, s'y sentent visés.

L'honneur des gauches

Mélenchon est Corbyn et j'appréhende la suite. Car l'un et l'autre, en même temps, portent une part de l'honneur des gauches. Ils sont venus après tant de trahisons, concessions, abjurations des social-démocraties, converties aux marchés, à l'ordre, l'autorité, les jactances, les répressions.

Il y eut les mensonges de Blair, la mort d'un écolo français, les gauchismes réprimés, le progressisme des avocats d'affaire, l'interdiction même de la révolte, avant que viennent Corbyn ou Mélenchon, leurs simples refus, leurs programmes radicaux, leur populisme et ce qu'il a charrié. L'increvable exigence d'égalité fut mal accompagnée. Tout serait simple si avant Corbyn et Blair les gauches avaient été dignes, et si contre eux n'était mobilisée que la bonne foi. Ce n'est pas le cas.

Remontée à la surface pendant la campagne électorale, l'islamophobie de Johnson n'a pas empêché son triomphe, quand l'antisémitisme a perdu Corbyn.

Un vieux journal juif, qui jadis défendait en yiddish le socialisme à New York, le Forward, qui désormais est diffusé en ligne et en anglais, a publié sur le cas Corbyn la plus juste des analyses. Elle tient en deux points.

Sur l'antisémitisme, Corbyn a été détestable. Mais ses contempteurs ne le sont pas moins, et son rival Boris Johnson, parlant des musulmans, a usé de violences verbales insoutenables, qui elles n'ont pas suscité la réprobation des consciences. En 2005, après un attentat à Londres, Johnson écrivait ceci dans The Spectator: «Pour un non-musulman lisant le Coran, l'islamophobie –la peur de l'islam– semble une réaction naturelle, et de fait, exactement ce qu'inspire ce texte. À en juger simplement par ce qui est écrit, sans parler ce ce qu'on prêche dans les mosquées, c'est la plus vicieusement sectaire de toutes les religions.» Il ajoutait, au passage, que les musulmans britanniques devaient priver leur loyauté, et admettre que l'islam était le problème. Remontée à la surface pendant la campagne électorale, l'islamophobie de Johnson n'a pas empêché son triomphe, quand l'antisémitisme a perdu Corbyn.

Deux poids deux mesures

Rien n'est plus pervers que le «deux poids deux mesures», quand il devient palpable. Corbyn comme Mélenchon illustrent un monde dissocié et des gauches ennemies, des empathies antagonistes, où s'opposent protecteurs des juifs et défenseurs des musulmans. Corbyn et Mélenchon sont au rendez-vous des musulmans qu'on stigmatise, du tiers-monde brutalisé, des sociétés que le libéralisme fracture. Ils savent prendre leurs risques, par conscience ou pour suivre leurs foules.

Il n'était pas indifférent que Mélenchon le laïque, en dépit des lazzis et des reproches, aille marcher à Paris en défense des musulmans après qu'une mosquée ait été victime d'une fusillade en France, quand cette manifestation était labellisée sur les réseaux sociaux #manifdelahonte pour l'islamisme qu'y voyaient ses détracteurs. Il n'était pas indifférent que pour une cause humaniste, Mélenchon assume des voisinages incongrus.

On veut aujourd'hui lier la présence de Mélenchon à la manifestation musulmane à sa vindicte contre le CRIF, ses amis islamistes l'ayant radicalisé contre les juifs. On se trompe. Mélenchon était avec les musulmans de la même manière qu'il voulut manifester pour Madame Knoll. Serait-il encore capable de ce double geste, ou la saleté des mots que lui soufflent ses diables va-t-elle tout emporter? Serait-il encore capable, Mélenchon, de dénoncer l'antisémitisme d'un intellectuel islamiste, comme il le fit, à ma sollicitation, dans le Nouvel Observateur, en 2003, contre des propos «antisionistes» infâmes de Tariq Ramadan? Ou bien, camp contre camp, à chacun ses salauds, refuserait-il désormais de se commettre?

Il pourrait rester à Mélenchon, ce qui nous vient des gauches d'avant, de Mitterrand qui fut son vieux maître: président de la France et de toutes les France, doux aux juifs et accueillant aux jeunes marcheurs maghrébins en quête d'égalité, qui était pour Israël et pour la Palestine aussi bien, sans jamais négliger les raisons des uns, les souffrances des autres. Cet humaniste patient et modeste seul pourrait nous sauver. Mais le temps de Mitterrand est révolu et chacun s'est replié sur ses facilités, son public, sa petite âme blessés, ses diatribes commodes, sa bile confortable. On a accrédité, en Angleterre, l'idée atroce que le socialisme pouvait s'accompagner de la blessure des juifs et l'on a admis, en Angleterre, que les juifs pouvaient souhaiter la victoire d'un menteur islamophobe.

En France, nous ne sommes pas différents. Si Mélenchon s'obstine dans ses pauvres vindictes, se complaît dans les applaudissements des plus idiots, serviles, bornés des siens, il se sera perdu et aura perdu sa cause, nous y allons tout droit, et il faudra autrement, stoïquement, l'oublier et faire vivre sans lui l'increvable exigence. Il restera de Mélenchon le goût trop connu, amer, injuste, inévitable des destins gâchés, de nos défaites, de nos deuils.

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