En 2016, avant l'élection de Donald Trump, le cabinet de conseil McKinsey a été embauché par le gouvernement américain pour opérer une «transformation organisationnelle» de l'ICE, l'agence fédérale chargée de la détention et de l'expulsion des migrantes et migrants présents illégalement sur le territoire américain.
Le cabinet a continué son travail sous l'administration Trump et fait des propositions pour aider l'agence de contrôle des frontières américaines à détenir et à expulser les personnes migrantes de la façon la plus économique et rapide possible, dans le contexte d'une politique anti-immigration particulièrement répressive.
Une enquête du New York Times a révélé que les propositions des experts de McKinsey en matière d'économies étaient tellement draconiennes qu'elles avaient choqué des agents de l'ICE impliqués dans ces discussions. Les consultant·es ont en effet proposé de réduire le budget dédié à la nourriture, aux soins médicaux et à la supervision des personnes détenues, selon plusieurs interviews et des milliers de pages de documents obtenus à la suite d'un procès.
L'équipe de McKinsey a aussi cherché à accélérer le processus d'expulsion et leurs conseils ont inquiété des fonctionnaires de l'ICE qui craignaient que cette approche n'interfère avec le processus légal de demande d'asile. Dans plusieurs interviews, les fonctionnaires ont expliqué que les consultant.es de McKinsey ne semblaient pas réfléchir à l'impact humain de leurs recommandations.
En 2018, le manager de McKinsey avait assuré à ses employés que le cabinet ne conseillerait jamais le gouvernement américain en matière de mise en oeuvre de sa politique d'immigration car c'était contraire à leurs valeurs, mais les recherches du New York Times et du site ProPublica montrent au contraire l'implication du cabinet dans ces questions. Sous pression, le cabinet de conseil a cessé de travailler avec l'ICE à l'été 2018, mais a reçu plus de 20 millions de dollars pour ses conseils en matière de détention et d'expulsion.