La seule fois où j’ai mis les pieds en Israël, j’ai failli devenir fou. Il y avait des juifs partout, des juifs chez le boulanger, des juifs dans l’autobus, des juifs à la plage, des juifs en costume cravate, des juifs attablés à la terrasse des cafés, des juifs sans kippa et des juifs avec papillotes, des juifs comme s'il en pleuvait, des juifs de toutes origines et de toutes conditions, des juifs en si grand nombre que lorsque je me contemplais dans la glace, je me tirais la langue, dégoûté de m’apercevoir que j’étais juste un juif parmi tant d’autres.
C’est ainsi, Israël est une nation juive avec une composante arabe. Israël est le pays des juifs. Israël est à la fois une espérance, une idée, un souvenir et un avenir, une promesse et un cauchemar, un sanglot et un sourire, une résurrection et un enterrement, une entité géographique grande comme un timbre poste, un territoire exigu où malgré la rudesse du climat, l’adversité alentour, l’hostilité environnante -un état de guerre perpétuel- toutes sortes de juifs venus des quatre coins de la planète sont parvenus à établir une démocratie prospère capable de rivaliser économiquement avec nombre de puissances occidentales.
On comprend que cela puisse gêner. Après tout, les juifs dans leur ensemble ne nous avaient pas habitués à pareil spectacle. Eux qui hier encore vivaient dans des ghettos insalubres, eux qui croupissaient sous le joug de la misère et de la famine, eux qui servaient de bouc émissaire à des nations enragées, eux qui se laissaient conduire à l'abattoir pour mieux disparaître dans des conduits de cheminée, voilà qu’aujourd’hui ils prétendent à jouir de l’existence sans avoir à se soucier des humeurs toujours versatiles des uns et des autres.
Quelle insolence! Quelle audace! Quel outrage! Quelle arrogance! Comment osent-ils réclamer d’être traités comme n’importe quels autres habitants d'une quelconque nation? Ces juifs-là ne sont-ils donc pas juifs? N’ont-ils pas vocation à endurer souffrances sur souffrances tout en remerciant leurs seigneurs de leur laisser la vie sauve? Ne sont-ils pas la lie de l’humanité, l’incarnation du mal absolu, un peuple déicide, obstiné au point de rester fidèle à la mémoire de leurs pères, dussent-ils en mourir? Que croient-ils donc, ces juifs réunis en terre promise? Que leur éloignement géographique les autorise à vivre comme s’ils formaient une nation ordinaire, une parmi tant d’autres, une avec ses réussites et ses échecs, ses qualités et ses défauts, ses outrances et ses écueils?
Et puis quoi encore? Que veulent-ils donc ces juifs-là, qu’on les exonère de leurs méfaits, eux qui contrairement à nous, bafouent jour après jour le droit international et se moquent des remontrances qu’on ne cesse de leur adresser? Qu’on ferme les yeux sur leurs crimes de guerre, ces abominations répétées qui de toute éternité, durant nos histoires millénaires, n’ont jamais eu cours dans nos contrées paisibles? Qu’ils continuent sans vergogne à opprimer un peuple sans défense, attitude méprisable qui ne s’est jamais produite depuis la naissance de la civilisation et dont à l’heure actuelle, nulle part ailleurs sur la terre, un autre peuple reproduit la même attitude?
Bien sûr qu’il faut être antisioniste. C’est un devoir moral, une exigence éthique, le seul combat qui mérite d’être mené, jour après jour, dans un acharnement de tous les instants. Quand un peuple assassine par fournées entières des enfants; quand il viole sans vergogne des femmes et des jeunes filles, parfois même des nouveaux-nés; quand il tue sans scrupule, à l’aveugle, de malheureux innocents en les obligeant à creuser des fosses communes avant de les abattre d’une balle dans la tête; quand il fracasse contre les murs de leurs maisons le crâne d’adolescents dont le seul crime est d’avoir un dieu différent, il est du devoir de chacun de dire à cette nation tout le dégoût qu’elle nous inspire. (Au couillon de service qui aurait séché ses cours de linguistique, ce que tu viens de lire, se nomme de l’ironie.)
Quoi! Serait-ce parce qu’ils se trouvent être juif qu’il nous faudrait nous taire? Serait-ce parce qu’on les a laissé se faire exterminer dans la plus parfaite indifférence qu’aujourd’hui nous serions sommés de fermer les yeux face à leurs agissements délétères? Est-ce parce que nous avons des siècles durant cherché par tous les moyens à nous débarrasser d’eux, comme des punaises malfaisantes, que nous devrions nous résoudre à les laisser agir à leur guise alors qu’ils manquent à tous leurs devoirs et menacent la paix dans le monde?
Jamais. C’est une question d’honneur.
Et si demain ou un jour prochain ils venaient à rendre leurs colonies, qu’ils ne s’imaginent pas pour autant être tirés d’affaire: on sera toujours là pour venir les houspiller.
Qu'on se le dise, pour les juifs, ici ou ailleurs, le glas sonnera toujours.
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