En septembre, le président Donald Trump a signé un ordre exécutif donnant aux États le pouvoir de refuser d'accueillir des réfugié·es. Ce pouvoir de veto sans précédent dans l'histoire américaine permet aux gouverneur·es d'interdire l'installation de réfugié·es. Jusqu'ici, aucun État n'a annoncé d'interdiction: au contraire, le gouverneur de l'Utah, Gary Herbert, un Républicain qui soutient Trump sur la majorité des sujets, lui a écrit une lettre pour demander que davantage de réfugié·es puissent venir dans l'État.
«Nous avons beaucoup de compassion pour les individus et les groupes qui ont été forcés de quitter leurs foyers et nous aimons pouvoir les accueillir, a écrit Herbert. Les réfugiés qui s'installent en Utah sont bien intégrés et acceptés dans nos communautés. Ils deviennent des employés productifs et des citoyens responsables. Ils contribuent dans nos écoles, nos églises et autres organisations civiques...»
«Il nous manque juste les réfugiés»
Cette attitude pro-réfugié·es, inhabituelle pour un État américain conservateur, s'explique en grande partie par l'influence de la religion mormone en Utah. Les mormons s'y sont installés au milieu du XIXe siècle après avoir été persécutés pour leurs convictions religieuses, et sont donc plus sensibles au sort des personnes réfugiées. De plus, la plupart des jeunes mormons sont missionnaires à l'étranger pendant deux ans et sont donc habitués à interagir avec des personnes de cultures différentes.
Mais malgré la bonne volonté du gouvernement de l'Utah, le nombre de réfugié·es accueilli·es est en chute libre. Trump l'a fixé à 18.000 pour l'année 2020, beaucoup moins que le plafond de 110.000 fixé en 2016 par l'administration Obama. En Utah, le chiffre est passé de 1.245 en 2016 à 421 en 2018.
L'État finance des formations professionnelles pour les nouveaux et nouvelles arrivant·es, mais à la suite des restrictions imposées par Trump, une pénurie de main-d'œuvre est survenue et les programmes d'aide à la formation ont dû licencier du personnel.
Le directeur de l'agence d'aide aux réfugié·es de l'Utah affirme: «Nous avons la capacité –les bénévoles, les emplois, les dons, le logement. Nous ne manquons pas de ressources. Il nous manque juste les réfugiés.»