«Nous ne faisons pas de tournée pour cet album», a annoncé le 21 novembre Chris Martin, le leader de Coldplay. À l'instar d'autres artistes, le groupe a développé une conscience écologique qui le pousse à réduire le bilan carbone de ses shows.
En 2010, une étude avait estimé que les concerts organisés au Royaume-Uni généraient annuellement 405.000 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre, majoritairement dues au transport du public. Les musicien·nes voyagent également sur des centaines voire des milliers de kilomètres, souvent en groupe.
Pour sa gigantesque tournée de 2016-2017, qui comprenait 122 concerts, Coldplay avait par exemple parcouru la planète avec trente-deux camions et 109 personnes.
Pour pallier ce problème, une équipe de recherche de l'université de Manchester élabore actuellement un projet visant à conseiller et aider les artistes à se produire à travers le monde sans contribuer au changement climatique.
Les scientifiques tentent d'examiner toutes les sources énergivores des représentations pour encourager les musicien·nes à passer aux énergies renouvelables ou à limiter leurs déplacements et le nombre de dates prévues lors de tournées.
Public mis à contribution
«Le défi consiste désormais à faire non seulement des sacrifices personnels, mais également à insister sur le changement nécessaire de ce système, a déclaré Robert Del Naja, alias 3D, membre de Massive Attack. Le business comme nous l'avons connu est révolu.»
Massive Attack, très engagé écologiquement, s'est rapproché du centre Tyndall pour la recherche sur le changement climatique afin de trouver comment diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Le groupe s'est engagé à fournir les données de quatre années de tournée pour enrichir les recherches scientifiques.
Le public pourrait directement être mis à contribution pour mener à bien ces changements, en étant notamment incité à privilégier le covoiturage. Le prix des billets risque également d'augmenter. Sur place, la vente de marchandises, le son et l'éclairage, à l'origine d'importantes dépenses énergétiques, seront sans doute revus à la baisse.
Un autre problème épineux est celui des festivals. D'après un rapport du think tank Powerful Thinking, les rassemblements musicaux britanniques nécessitent tous les ans plus de 5 millions de litres de carburant et génèrent 23.500 tonnes de déchets, dont dix millions de bouteilles en plastique.
Cette prise de conscience est d'autant plus nécessaire qu'elle intervient dans un contexte d'urgence climatique. Le 26 novembre, l'ONU a alerté sur l'effort important en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre auquel les États doivent se soumettre pour contenir le réchauffement climatique à +1,5°C. Ils doivent désormais abaisser de 7,6% leur rejets carbonés chaque année entre 2020 et 2030 pour atteindre cet objectif.