L'extraversion fait partie des cinq grands traits psychologiques de base et les personnes occupant des postes de direction en sont souvent généreusement dotées. C'est ce qui fait qu'un bon patron déborde d'énergie, d'émotions positives, d'envie d'être stimulé (en tout bien, tout honneur) et s'épanouit au contact d'autrui.
Mais Jasmine Hu, professeure associée de gestion et de ressources humaines à l'université d'État de l'Ohio, et ses collègues viennent de montrer que trop d'extraversion pouvait se révéler dommageable chez les leaders.
Plus précisément, les scientifiques ont examiné deux de ses ingrédients: le caractère chaleureux (lui-même mélange d'amabilité, d'enthousiasme et d'ouverture d'esprit) et l'assertivité (soit peu ou prou le dynamisme et l'envie de dominer sans écraser). Des éléments particulièrement retors, car s'ils sont excessifs, ils peuvent transformer un chef sémillant en gros relou fatiguant tout le monde avec sa bonne humeur et avec qui personne n'a finalement envie de travailler.
Le zèle, arme à double tranchant
Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de recherche a mené deux expériences. La première a rassemblé 260 étudiant·es en administration des affaires assigné·es de manière aléatoire à 78 équipes autogérées. Au sein de ces équipes, les étudiant·es ont dû travailler sur divers projets pendant tout un semestre. Des questionnaires remplis en début de session avaient jaugé leur assertivité, leur chaleur et leur motivation pro-sociale –mesurée par des énoncés du type «Il m'est important d'aider les autres par mon travail».
Les scientifiques ont ensuite demandé aux sujets d'évaluer le leadership que chaque membre de leur équipe manifestait spontanément dans leurs activités collectives, de dire à quel point ils l'appréciaient et s'ils avaient ou non envie de s'adresser à cette personne pour résoudre des problèmes liés à leurs projets.
Une seconde expérience, aux déroulé et consignes identiques, a été menée dans un contexte professionnel réel, auprès d'employé·es d'une grande entreprise de distribution chinoise.
Les deux expériences ont généré des résultats comparables: l'extraversion était très présente chez les leaders spontané·es les plus apprécié·es et qui inspiraient le plus de confiance à leurs pairs, mais jusqu'à un certain point seulement.
L'atout de choc? Le fait que vos excès de zèle paraissent mus par l'altruisme et l'envie de faire réussir l'équipe. Plus vous semblerez pro-social, plus on vous pardonnera d'être un peu trop expansif.