Se pavaner au volant d'un SUV dans les rues de Bruxelles coûtera bientôt cher aux Belges. La région bruxelloise souhaite que la taxe de mise en circulation d'une nouvelle voiture dissuade l'achat de véhicules polluants et non adaptés à la circulation en ville. Autrement dit, les responsables politiques bruxellois·es ont décidé de décourager l'achat de Sport Utility Vehicles, ces 4x4 urbains qui séduisent de plus en plus les automobilistes en Europe.
Actuellement, près de quatre voitures sur dix achetées en Belgique sont des SUV. Cette tendance est encouragée par les constructeurs, en parfaite contradiction avec les efforts demandés pour réduire les émissions de CO2 et diminuer la consommation de carburant.
Le gouvernement de la région bruxelloise a déclaré en octobre 2019, vouloir «dissuader l'achat de véhicules non adaptés aux déplacements dans un environnement urbain». Pour ce faire, il prévoit de «revoir le régime de taxe de mise en circulation (TMC) en intégrant une plus grande progressivité en fonction de la performance environnementale des véhicules (poids, puissance réelle et type de carburant utilisé)».
Soutenue par un rapport de l'agence internationale de l'énergie (IEA), l'initiative vise également à ce que les effets positifs liés au lent essor des voitures électriques ne soient pas balayés par une augmentation du nombre de SUV.
Les bénéfices des voitures électriques minés par les SUV
Fatih Birol, directeur de l'IEA, reproche aux constructeurs automobiles de jouer un double-jeu: «Certes, des constructeurs automobiles mettent beaucoup d'argent dans les voitures électriques, mais les mêmes mettent aussi sur le marché de plus en plus de modèles de SUV, argue-t-il. Dans les faits, la star de l'industrie automobile, ce n'est pas la voiture électrique, c'est le SUV: en 2010, 18% des ventes de voitures dans le monde concernaient des SUV; en 2018, c'était plus de 40%.»
Toutefois, Bruxelles ne veut pas seulement taxer les véhicules les plus polluants. La région-capitale souhaite dans le même temps rééquilibrer l'utilisation de l'espace public. Ces 4x4 rebaptisés occupent plus de place que des voitures classiques et sont plus dangereux pour les personnes qui se déplacent à pied ainsi que pour les cyclistes en cas de collision.
En France, on réfléchit également à une façon d'inciter les automobilistes à ne pas se laisser tenter par un SUV flambant neuf. Le malus auto et la taxe selon le poids du véhicule sont des leviers qui peuvent permettre d'infléchir le comportement des personnes qui s'apprêtent à acheter une voiture, comme ce fut le cas pour le diesel il y a plusieurs années.