Les récentes polémiques à propos les règles en terme de publicités politiques sur les réseaux sociaux ne sont pas arrivées par hasard. Cela fait quelque temps que ces plateformes, Facebook en particulier, sont des champs de batailles politiques.
C’est devenu particulièrement évident lors de l’élection de Donald Trump en 2016, après une campagne dont les pubs Facebook étaient l’une des pierres angulaires. C’est pourquoi le magazine Vaccine a publié une étude menée par des chercheurs et chercheuses des universités George Washington, Johns Hopkins et du Maryland, sur les publicités Facebook pro et anti-vaccins aux États-Unis.
Il s’avère que les antivax apparaissent bien plus organisés et efficaces que leurs adversaires. Parmi toutes les pubs antivax, 54% proviennent de seulement deux groupes: le World Mercury Project et Stop Mandatory Vaccination.
World Mercury Project est une organisation fondée par un ancien activiste environnemental, Robert F. Kennedy Jr. et Stop Mandatory Vaccination est très majoritairement l’oeuvre d’un Californien nommé Larry Cook. Il n’a aucune qualification médicale mais est un militant acharné de la cause anti-vaccins, en partie pour son propre profit.
Le camp scientifique plus éclaté
À l’inverse, le camp pro-vaccins, si il produit un nombre peu ou prou équivalent de pubs, est éclaté en nombreuses petites entitées. Souvent des départements de santé locaux. Leurs campagnes mettent en avant un vaccin en particulier dans plus de 95% des cas, et sont la plupart du temps circonscrites à un petit territoire (77,8% ne concernent qu’un seul État).
Les campagnes financées par les antivax sont plus larges et d’après les chercheurs et chercheuses, «plus homogènes thématiquement». Leurs stratégies et éléments de langage sont bien rodés et percutants. Les thèmes de «choix parental», de corruption du gouvernement et des laboratoires pharmaceutiques et les témoignages larmoyants sont sans cesse mis en avant.
L’étude s’est aussi rendue compte que le durcissement des règles de Facebook au sujet des vaccins n’ont pas eu l’effet escompté. Le réseau considère le sujet comme «politique» et oblige donc à être transparent sur ses financements.
Or, les organisation de santé qui mènent des campagnes de prévention se considèrent rarement comme politique. Souvent, c’est aussi la première fois qu’elles achètent des pubs sur le réseau social. Tout cela fait qu'elles courent le risque de voir leurs posts supprimés par Facebook.
Larry Cook et World Mercury Project sont à l’inverse rodés aux arcanes du réseau social, et savent contourner les règles pour mettre en danger la santé publique en toute sérénité.