Égalités / Société

En coloc, les filles ne font pas (toujours) plus le ménage que les garçons

Temps de lecture : 14 min

Le partage des tâches domestiques n'est pas toujours égalitaire. Mais le genre des colocataires n'est pas le seul facteur à peser dans la balance.

La vaisselle sale: une corvée que quelques colocataires évitent avec soin, quitte à laisser les autres la faire à leur place. | Greg Rakozy via Unsplash
La vaisselle sale: une corvée que quelques colocataires évitent avec soin, quitte à laisser les autres la faire à leur place. | Greg Rakozy via Unsplash

Il y a quelques années, Zélie*, 30 ans, recruteuse dans l'industrie, est partie vivre à Marseille en colocation avec son copain, alors étudiant en médecine, et deux autres médecins. «Quand je suis arrivée deux mois après eux, il n'y avait pas de gazinière ni de machine à laver. Ça faisait deux mois qu'ils se faisaient des livraisons pour bouffer.» Un manque d'investissement qui se traduisait aussi ailleurs dans le logement de manière poussiéreuse: la jeune femme s'est pendant un temps retrouvée à faire le ménage, comme les courses, pour quatre.

Si les colocataires s'entendaient bien, ce déséquilibre domestique (et le fait que les remarques «cash» de Zélie soient prises comme des critiques) a mis un terme au vivre-ensemble. Six mois plus tard, lorsqu'il a fallu chercher deux nouveaux colocs afin de partager les 100 m² de cet appartement et son loyer à 1100 euros, Zélie et son copain ont souhaité «rétablir la parité»: «Pour moi, trois mecs et une fille, c'est pas possible.»

Hortense*, 27 ans, juriste, a également très mal vécu une colocation avec deux garçons de 2017 à 2019. Les règles de répartition des tâches avaient pourtant été mises à plat: elle se chargerait du ménage hebdomadaire «des communs dans la maison», tandis qu'un de ses colocs s'attacherait à l'entretien du jardin, au rangement de la cave et à la gestion d'internet. L'autre s'occuperait également du jardin mais aussi des factures, du courrier et des poubelles (et notamment du tri). C'est au bout de dix mois, lorsque le premier coloc s'est replié dans sa kitchenette et a cessé de nettoyer la cuisine commune après son utilisation, qu'Hortense a réalisé que le troisième larron était «tout simplement très sale».

«J'avais l'impression que c'était un ado et que j'étais sa mère, à toujours passer derrière lui.»
Émilie, 23 ans, à propos de son ex-coloc

«Je me suis retrouvée à ranger et nettoyer la cuisine après Yvan* une fois par jour pendant plus d'une heure même si je n'avais pas besoin de cuisiner: il y avait des odeurs de nourriture coupée laissée sur la table, la poubelle débordant, parfois des mouches en été, de la moisissure dans les plats, la vaisselle sale à mettre au lave-vaisselle, les courses non rangées avec le sac qui trônait au milieu de la pièce, décrit-elle. J'avais parfois honte d'inviter des amis car, entre le matin où je laissais les pièces communes fraîchement nettoyées et mon retour le soir, je savais que ça serait un bazar complet.»

Quand Émilie*, game designer de 23 ans, a, elle, rejoint en août sa coloc actuelle, elle a dû cohabiter avec un dénommé Arthur qui l'a «rapidement énervée»: «À part le jour de son départ, je ne l'ai jamais vu faire le ménage dans les parties communes. Il oubliait toujours plein de petits détails comme une cuillère sur la table, de rentrer sa chaise qui était dans le passage, de fermer le lave-vaisselle ou un placard, même d'éteindre les plaques ou le four! Il a aussi rangé une poêle sale dans un placard une fois. J'avais l'impression que c'était un ado et que j'étais sa mère, à toujours passer derrière lui parce qu'il était incapable de penser à quelque chose jusqu'au bout.»

Aurélie*, project manager de 37 ans, s'est, entre ses 20 et 24 ans, retrouvée à vivre avec deux amis «très soucieux de maintenir un ordre relatif» qui «n'ont jamais laissé une vieille pizza moisir ou une poubelle au soleil pendant trois jours». Et si elle n'a jamais eu non plus à «ramasser du linge sale», elle faisait toutefois le ménage «plus souvent et plus à fond» qu'eux.

«La différence était vraiment sur ma propre tolérance à la saleté. Ça ne les dérangeait pas de laisser deux assiettes sales dans l'évier lors d'une vaisselle, ou de ne nettoyer la salle de bain qu'une fois de temps en temps, de laisser les poils de barbe coupée dans le lavabo… Inconsciemment, ils se reposaient sur moi; ils partaient du principe que la saleté me dérangeait plus qu'eux. Et, inconsciemment, j'avais totalement intériorisé que c'était mon rôle et ce qu'on attendait de moi, admet Aurélie. Ils ont les mêmes attentes que nous en termes de propreté et d'ordre, ils sont juste habitués à avoir quelqu'un qui s'en soucie à leur place.» Autant d'exemples qui montrent qu'il n'y a pas qu'au sein du couple hétérosexuel que le partage des tâches domestiques est inégalitaire et qu'un fossé genré se fait parfois jour, malgré la bonne volonté des un·es et des autres.

Temps et maturité disponibles

Pourtant, ce n'est pas une fatalité. Après avoir multiplié depuis janvier 2016 les binômes mixtes dans sa coloc marseillaise, Zélie dit avoir côtoyé des femmes moins propres et ordonnées que leurs comparses masculins, et des hommes s'astreignant spontanément aux tâches ménagères et ne laissant rien traîner derrière eux. Même constat du côté d'Émilie: «J'ai été dans une autre coloc et il y avait des mecs propres et des nanas sales. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas que les mecs qui pouvaient être crades.»

Robin, journaliste de 28 ans, a par exemple eu cinq colocs filles et a «toujours été celui qui a fait le gros du ménage, qui a initié les grands mouvements, comme le ménage de printemps». Benoît, chercheur au CNRS de 26 ans, a lui vécu dans plusieurs colocations, la première de ses 18 à ses 22 ans avec deux amis, la deuxième entre ses 24 et 26 ans avec deux autres étudiantes: «Je m'étais dit “Deux filles, ça sera plus propre et plus organisé qu'avec mes potes”. C'était vrai au début. On avait un planning, chacun notre tour et tout roulait bien. Très vite, les deux filles avaient souvent la flemme de faire leur part. Je rentrais tard, la vaisselle était dans l'évier, la table sale et les deux allongées sur le canapé devant la téléréalité, comme deux ados. J'ai découvert une autre saleté omniprésente si on ne fait pas attention: les cheveux longs.»

Preuve que ce mode de vie collectif ne transforme pas systématiquement les femmes en Cendrillon de la maisonnée. «Les ménages en colocation où ce sont les femmes qui font tout, et plus particulièrement la salle de bain, existent», pointe l'ethnologue Madeleine Pastinelli, notamment autrice de l'ouvrage Seul et avec l'autre: la vie en colocation dans un quartier populaire de Québec (Presses de l'Université Laval, 2003). Mais «d'autres facteurs plus importants que le genre» viennent jouer sur le rapport à l'hygiène et à l'ordre et donc, à terme, sur la répartition des tâches ménagères.

«J'avais pris l'habitude de ne pas en faire beaucoup chez mes parents, c'est une habitude qui revient très vite.»
Émilie, 23 ans

D'après Cédric*, 28 ans, avocat dans une ONG, ce serait indirectement une question d'âge. À 23 ans, il était le seul garçon de sa coloc parisienne. Mais «la charge mentale reposait sur les personnes les plus disponibles», à savoir lui: puisque ses colocataires travaillaient tandis qu'il était étudiant, il avait davantage de temps à consacrer à l'entretien de l'appartement.

L'âge peut aussi avoir l'effet inverse, surtout si l'on a été habitué·e à ne pas trop mettre la main à la pâte au sein du foyer parental. Dans sa première colocation, en 2013-2014, Hortense, alors «la plus jeune de la bande» de sept colocataires –deux filles et cinq garçons–, confesse s'«être laissée porter»: «Je n'étais pas à l'initiative mais souvent prête à aider lorsque l'un d'entre eux, les garçons en particulier, se mettait à tout ranger dans la cuisine, nettoyer le frigo…»

Pour Émilie, l'attitude du non-regretté Arthur «est peut-être une question de priorités dans la vie et de maturité; ça ressemblait beaucoup à de l'inattention». «Quand j'étais plus jeune, je me souciais aussi très peu de rangement et de nettoyage. Je pense que je n'avais pris l'habitude de ne pas en faire beaucoup chez mes parents parce qu'ils ont tout fait à ma place pendant très longtemps, et c'est une habitude qui revient très vite.» Après la cohabitation avec les filles (et leurs cheveux longs dans la bonde de la douche), Benoît est, lui, parti «dans une coloc que de mecs» dans laquelle ses colocataires, un pharmacien et un ingénieur, avaient 34 et 35 ans. Il a alors «eu l'impression de passer de colocs d'ados-étudiants à celle d'adultes responsables et fonctionnels».

Normes relâchées, conflit évité

La chercheuse Madeleine Pastinelli, qui a travaillé sur les espaces et la sociabilité, a trouvé une explication commune à ces variations de comportement qui ne dépendent pas seulement de l'âge ni du temps disponible ou des critères individuels de propreté: «Le rapport au chez-soi, la manière d'habiter n'est pas la même quand on vit en colocation, en couple ou seul, ce qui suppose un rapport à l'hygiène, à l'ordre et à l'entretien différent.»

En effet, ce logement partagé n'est en général pas perçu comme un mode de vie durable. «Pour l'écrasante majorité des gens, la colocation est vécue comme temporaire; il y a toujours l'idée qu'elle correspond à un temps de transition dans sa vie», explique la chercheuse. Par exemple, entre le domicile parental et la vie d'adulte indépendant. Résultat: le logis n'est pas investi de la même manière. «On s'approprie moins l'espace et on n'y projette pas son identité de la même façon en associant le décor à soi. On est par exemple beaucoup moins susceptible d'investir dans des rideaux sur-mesure qu'en couple: on va plutôt accrocher un foulard avec des punaises, bricoler avec les moyens du bord.» Ou bien aller à la laverie automatique plutôt que d'avoir une machine à laver.

«En colocation, on s'approprie moins l'espace et on n'y projette pas son identité de la même façon.»
Madeleine Pastinelli, chercheuse à l'Université Laval

Cette différence d'ameublement a pour corollaire une moindre sensibilité à la saleté: «Les seuils de tolérance des individus varient et deviennent plus lâches en colocation.» On retrouvera souvent des discours: «Ce n'est pas propre, mon coloc ne nettoie pas, moi non plus, mais je m'en fous un peu.» Comme le formule Émilie, «même moi je me laisse aller quand j'en ai marre de nettoyer derrière les gens». Il y a moins de risque de prendre sur soi en faisant plus que sa part qu'en couple, et pas seulement parce que si l'un des colocataires ne lève pas le petit doigt, ses tâches se répartissent et se diluent sur un plus grand nombre de cohabitants.

Le sujet se fait d'autant moins conflictuel que la situation est vécue comme de courte durée. «On ne passe pas sa vie avec l'autre», appuie l'ethnologue. «Je vais être plus gênée avec mes colocs qu'avec mon mec, abonde Zélie. J'ai souvent peur de blesser, qu'ils ou elles se sentent agressé·es comme on a moins de vécu. Je mets plus de rondeurs avec mes colocs et j'y vais beaucoup plus en force dans mon couple. Pour moi, c'est beaucoup plus facile de dire à mon mec ce que je pense, de lui reprocher qu'il ne passe jamais la poussière à fond sur l'ordi ou la lampe et s'occupe pas des moutons sous le lit; il sait comment je suis et que je lui parle hyper cash parce que ça me prend aux tripes.»

La responsabilité partagée

Si le relâchement des normes de propreté ne vient pas, au final, peser sur les seules femmes de la maisonnée –parce qu'elles auraient, comme Aurélie, intégré malgré elles et par leur éducation que les tâches ménagères leur revenaient–, c'est parce qu'un autre facteur vient jouer. «Celles et ceux qui sont plus sensibles à l'hygiène sont celles et ceux qui se sentent chez elles ou chez eux, affirme Madeleine Pastinelli. Au sens propre, s'approprier, c'est rendre propre, enlever les traces d'autrui.»

C'est là que l'historique de la colocation joue: «Souvent, quelqu'un s'est installé dans un appartement, y vivait avec quelqu'un d'autre, l'un part, un autre prend la place. Qui était là avant, qui a signé le bail, qui paie le loyer auprès du propriétaire, qui est responsable de la colocation, à qui appartiennent les meubles des pièces communes, est assez déterminant», ajoute la chercheuse spécialiste des nouvelles formes de sociabilité.

«On est moins enclin, quand on est en visite chez quelqu'un, à faire le ménage. Ainsi, si les hommes dans une colocation sont propriétaires de la plupart des meubles, du mobilier du salon comme de la vaisselle, la femme qui arrive fera moins le ménage. La personne qui va s'installer chez d'autres qui étaient là avant ne se sentira pas de légitimité à dire que c'est sale.» C'est ce qu'a observé Zélie, qui s'est d'abord installée dans la coloc de son copain et d'un ami à lui: «Mon mec, j'ai toujours habité dans ses apparts. Sa coloc à lui et son pote, ses parents étaient proprios. Ça joue dans le soin porté à l'appart. Dans notre coloc maintenant, c'est lui qui a choisi l'appartement, il y a une responsabilité de sa part», raconte-t-elle. Une caractéristique qui doit amplifier son implication ménagère, laquelle fait partie de ce qui plaît à Zélie chez lui.

«Ça te permet de savoir ce que tu veux et ne veux pas dans ta vie de tous les jours.»
Benoît, 26 ans, à propos de la vie en coloc

C'est ce sens du chez soi qui, combiné à l'éducation genrée et aux réflexes acquis, fait que la plupart des colocations dans lesquelles les femmes se retrouvent à assumer la majorité des tâches domestiques sont celles où les cohabitant·e·s sont en plus grand nombre. «C'est le principe de la responsabilité partagée: tout le monde a l'impression que ce n'est pas son problème, personne ne se sent vraiment chez soi, c'est un contexte dans lequel on est moins susceptible de s'approprier l'espace et où l'on reporte la responsabilité sur les autres, décrit Madeleine Pastinelli. Et lorsque personne ne fait rien, une jeune femme peut se retrouver à dire “La salle de bain est absolument dégoutante, le reste, je peux passer outre mais pas ça”» et donc à prendre les choses en main. «J'ai l'impression que les femmes prennent plus sur elles pour leur bien-être, même si ça finit par aussi servir les autres», glisse Émilie.

Même si ce mode de vie collectif atténue les exigences ménagères, le nombre d'individus et l'histoire du logement vont alors, en agissant sur le rapport au domicile et l'investissement des colocataires, faire ressurgir les réflexes ancrés des femmes à qui l'on a appris depuis toutes jeunes à mettre la table, la débarrasser, faire la vaisselle et autres gestes d'entretien du quotidien. Avec une mère espagnole et un père sicilien, Aurélie a «grandi dans un monde extrêmement patriarcal et assumé»: «J'ai été formatée très tôt à aider, et j'assumais avec ma mère et mes deux sœurs l'entretien de la maison, y compris le repassage et la cuisine. Jusqu'à mon école de commerce, je détestais les vacances scolaires car nous étions obligées d'astiquer toute la journée.» Pas étonnant que son conditionnement genré ait resurgi et qu'elle en ait fait plus que ses deux colocataires, qui, «dans leur habitat naturel [chez leur mère, ndlr], ne faisaient jamais rien».

Vie de coloc et vie de couple

Outre de moins systématiquement faire apparaître un déséquilibre domestique genré, la colocation est formatrice. Zélie se souvient d'un de ses colocs, «hyper sympa» mais «l'archétype du fils à maman»: «On aurait dit qu'il avait toujours eu une femme de ménage derrière lui. Un jour, il a eu la gastro. Ça s'est vu qu'il n'avait jamais lavé les chiottes de sa vie. Deux semaines après, je lève la cuvette, il y avait encore des traces.» Elle les lui a bien sûr montrées et il a appris par la même occasion ce que signifiait vraiment nettoyer les toilettes.

Ce mode de vie peut en sus aider à prendre conscience que l'on n'a pas tous et toutes les mêmes façons d'habiter son domicile, et de davantage tenir compte du ressenti ainsi que des manières de faire d'autrui. «Ça te permet de savoir ce que tu veux et ne veux pas dans ta vie de tous les jours avant de vivre en couple par exemple, évoque Benoît. Vivre seul te permet aussi de faire tes armes et d'apprendre à ne pas te reposer sur les autres. La colocation et la vie seule combinées m'ont permis de m'organiser, de me gérer et d'être celui que je suis aujourd'hui.» Bien sûr, ce n'est pas systématique. «De mes expériences de colocation, soit le mec était réglo de base, soit on entendait parler d'une chambre dans un état lamentable quand il partait ou se faisait virer», nuance Émilie.

«Mes colocs m'ont aidée à être plus mesurée, et je les ai forcés à en faire un peu plus.»
Aurélie, 37 ans

La coloc reste toutefois un mode de vie qui peut s'avérer bénéfique ultérieurement sur la répartition conjugale des tâches, ne serait-ce que parce qu'elle apprend à prêter attention aux signaux d'alerte. «Mon passage par la coloc m'a aidée à trouver un équilibre par rapport à mes attentes des autres. C'est vraiment dans ma tête un modèle de vases communicants: mes colocs m'ont aidée à être plus mesurée dans mes attentes, je les ai forcés inconsciemment à en faire un peu plus», explique Aurélie, qui a d'ailleurs épousé un de ses colocataires. «D'avoir vécu avec mon mari en coloc avant d'être en couple a simplifié la répartition plus tard –it sets expectations

Pour autant, tempère la chercheuse Madeleine Pastinelli, ce n'est pas parce que l'on passe par la case coloc que le travail ménager sera forcément équitable et non genré au sein du domicile conjugal.

Certes, on s'y sent chez soi, on s'y projette et l'on devrait en toute logique s'approprier l'habitat en le rendant propre et ordonné, qui plus est quand on a été témoin de manières de vivre variées (comme de faire la vaisselle juste après le repas ou d'attendre le prochain repas et de s'y mettre pendant que le plat cuit). Mais ce n'est pas aussi simple, et pas seulement parce que l'on souhaite que la vie conjugale dure dans le temps long. La preuve: «Dans la plupart des colocations, la nourriture est à part, on ne va pas se permettre de prendre un truc de l'autre, sinon, on s'endette et il faut le remplacer, explicite la sociologue. Alors qu'en couple, si l'un prend le dernier morceau de chocolat, il n'y aura pas les mêmes attentes.»

Par rapport à la coloc, «il y a beaucoup plus de choses mises en commun». Ce n'est pas pour rien que celle-ci est parfois décrite comme «un endroit où rester», où l'on dort et dépose ses affaires mais pas où l'on vit ensemble en premier lieu. Pour Aurélie, «en couple, la difficulté ne vient pas que de la répartition des tâches ménagères mais également du reste des tâches de la gestion d'une famille: les rendez-vous médicaux pour les filles, organiser les anniversaires, les réunions parents-profs, etc.»

Le partage des tâches domestiques était d'autant «plus simple» en coloc qu'en couple qu'«il n'y a pas d'affect». «Quitter une coloc, c'est plus facile émotionnellement parlant», affirme aussi Benoît. En cause, «la nature du lien», rappelle la chercheuse, elle-même étroitement liée «à la volonté de séduire et à la place de la performance de genre dans la séduction», où le féminin est souvent associé au care, au soin des autres. Signe que ce n'est pas tant la cohabitation au quotidien avec un homme que la vie amoureuse ou familiale qui renferme un potentiel piège domestique genré.

* Les prénoms ont été changés

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